Brésil : l’importance des coopératives chez les petits producteurs d’orange

c56e371bb39e7f2be1a6325f5037fdb52912b4d1.jpg
ésil, le 18 février 2014 (Photo : Yasuyoshi Chiba)

[31/03/2014 10:02:34] Rio Real (Brésil) (AFP) Avec des gestes vifs et précis, l’homme incise le tronc fin pour y glisser un greffon d?oranger. “Le citronnier porte le pied d?orange car il résiste mieux au manque d?eau”, explique Antonio de Almeida, technicien de la coopérative Coopealnor.

“Les arbres d?origine viennent d?un centre de recherche. Donc, on fournit aux petits producteurs du matériel génétiquement parfait”, ajoute-t-il, pour expliquer le rôle croissant des coopératives dans la professionnalisation du secteur.

Avec ses champs couverts d?arbres ronds et luisants, la région de Rio Real, à 250 kilomètres au nord de Salvador, domine la production d?oranges de l?état de Bahia, deuxième fournisseur brésilien d?agrumes.

Une bonne partie provient de l?agriculture familiale, soutenue par les coopératives.

“J?étais allergique au produit chimique que je pulvérisais. C?est l?association qui m?a donné l?idée de passer au biologique, en utilisant par exemple de la décoction de manioc comme herbicide”, raconte Nelson Borges da Cruz, qui exploite quatre hectares d?orangers associés à du manioc, du maïs et des haricots.

Coopealnor l?a également aidé à trouver des débouchés pour ses fruits biologiques. Il les écoule à 650 réais la tonne (200 euros) au lieu de 550 réais actuellement pour des agrumes conventionnels.

– Favoriser la vente directe –

Dans la propriété voisine, plus étendue, une carriole à cheval ramasse les sacs que les cueilleurs ont remplis de fruits. Quatre hommes écartent ensuite les oranges trop vertes, petites ou tachées.

b62f0fdcae81f60b446dc641cbdf5a871c9f6516.jpg
à Rio Real, au Brésil, le 18 février 2014 (Photo : Yasuyoshi Chiba)

“On sépare les beaux fruits, qui vont sur le marché, et ceux qui seront transformés en jus”, explique le chargeur Cesar dos Santos en vidant, du haut de son échelle, un panier de 50 kilogrammes dans la remorque d?un camion.

“Les usines de jus sont un débouché important mais elles achètent la tonne à 280 réais contre 550 réais sur les marchés (86 euros au lieu de 168), expose Antonio de Almeida. Nous orientons donc les petits agriculteurs vers plus de vente directe.”

Lui a parié cette année sur l?orange caracara. “La pulpe est rouge et sucrée, dit-il, l??il gourmand. Si ça fonctionne bien sur ma parcelle, j?inciterai les collègues à en produire aussi, pour la vendre au pas de leur porte.”

– Le défi: acquérir les moyens de transformation –

L?autre défi de la coopérative consiste à apporter de la valeur ajoutée aux agrumes. Avec l?aide de l?EBDA, une structure régionale d?appui à la petite agriculture, Coopealnor dispose depuis peu d?une machine de calibrage des fruits.

4ce00060a1873feda0ed467b4fc4d6c763768141.jpg
érative, une machine lave et trie des oranges récoltées à Rio Real, au Brésil, le 18 février 2014 (Photo : Yasuyoshi Chiba)

“Le producteur entasse ses fruits dans la fosse et, en fin de parcours, ils sont lavés, calibrés et cirés pour une meilleure conservation”, décrit fièrement Antonio de Almeida devant le long assemblage de tapis roulants et de sas métalliques.

L?installation a coûté un million de réais (300.000 euros) à la coopérative. Les producteurs paient désormais 20 réais pour calibrer une tonne d?oranges, 40% de moins que le prix du marché.

“Cette machine c?était un rêve et on a réussi, on a notre propre petite industrie!”, s?enthousiasme l?agriculteur Nelson Borges da Cruz. “Il nous manque encore une machine pour transformer le fruit en pulpe pour être vraiment autonomes.”

Car l?orange ne se stocke pas. Faute de capacité de transformation, les petits producteurs sont soumis aux fluctuations des cours mondiaux. “C?est un marché oligopolistique : quelques grands embouteilleurs européens et américains déterminent les prix” du jus, s?inquiète Mazinho Souza, élu de la commune.

Pour lui, cette machine de calibrage est une étape importante. “Jusqu?ici les producteurs étaient réticents aux gros investissements. En 20 ans, des dirigeants du groupement ont volé dans la caisse à deux reprises”, déplore-t-il.

Le Brésil, premier producteur mondial d?orange, compte 4,3 millions d?exploitations d?agriculture familiale, selon le ministère de l?Agriculture.