Chypre : les banques appelées à agir face aux prêts

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à Nicosie (Photo : Yiannis Kourtoglou)

[27/01/2014 14:22:48] Nicosie (AFP) Le gouverneur de la Banque centrale de Chypre a estimé lundi que le plus important défi auquel les banques de l’île étaient confrontées dans leurs efforts pour se remettre d’une brutale crise financière en mars 2013, était le recouvrement de prêts non remboursés.

“La gestion des arriérés et la restructuration des prêts est l’un des plus gros défis pour le secteur bancaire de Chypre dans son

chemin vers le retour à la solidité financière,” a délcaré le gouverneur Panicos Demetriades, à un forum de banquiers.

Un représentant de la commission européenne a souligné que le taux de prêts non remboursés depuis 90 jours et plus était “très élevé”, approchant les 50%.

En contrepartie d’un prêt de 10 milliards d’euros consenti par la troïka des bailleurs de fonds internationaux, l’île a mis en liquidation son deuxième plus grose banque, Laiki, et imposé un recapitalisation de la principale, Bank of Cyprus, par une ponction sur les comptes au-delà de 100.000 euros.

Cette saisie de dépôts bancaires, sans précédent dans la zone euro, a obligé le gouvernement à fermer les banques pendant près de deux semaines en mars dernier et à contrôler les flux de capitaux après leur réouverture pour éviter une fuite massive.

Ces mesures de contrôle, les seules de ce genre dans la zone euro, sont graduellement assouplies, mais il reste interdit par exemple de retirer plus de 300 euros par jour.

Les prêts non performants des entreprises et ménages chypriotes seront à l’agenda lorsque la troïka (Banque centrale européenne, Commission européenne, Fonds monétaire international) débutera mercredi sa troisième évaluation de l’économie chypriotes.

Le guverneur de la Banque centrale a souligné que, comme l’Islande, dont le système financier s’est effondré en 2008, et l’Irelande, elle aussi bénéficiaire d’un plan de sauvetage, Chypre avait accumulé énormément de dettes dans le secteur privé avant la crise, résultat de décennies d’excès.

“La dette dans le secteur privé a dépassé 500% (du PIB) en Islande, 300% en Irlande. En comparaison, l’endettement du secteur privé atteint 300% à Chypre” a estimé M. Demetriades.

“Quand la crise a débuté, les prêts non performants ont grimpé en flèche”, a-t-il expliqué, ajoutant que le problème pouvait être “résolu” par une restructuration des prêts au cas par cas, une gestion efficace des arriérés et un renforcement du cadre légal, notamment pour faciliter la saisie de bien pour les clients non coopératifs.

Il a appelé à un “changement d’état d’esprit”, et notamment à ne plus prêter “en fonction de biens présentés comme garanties”, mais en faisant de “la capacité de rembourser le principal critère pour octroyer un prêt”.

La Banque centrale a indiqué qu’elle menerait une évaluation de l’efficacité, des capacités opérationelles et de la gestion des arriérés par les établissements bancaires au premier semestre 2014.