Tunisie – Economie : Possible sortie de crise, mais le nouveau gouvernement doit s’installer!

Fragilisée par une mauvaise gestion de sa politique économique, qui dure depuis trois ans, après avoir auparavant atteint les limites de son modèle économique, la Tunisie peut encore être sauvée car elle a fait preuve d’une grande résilience face à nombre de crises.

jomaa-larayedh-01.jpgFigurant parmi les points forts du pays, explique un économiste éminent, «une grande expérience dans la gestion des situations économiques ou financières difficiles comme cela a été le cas en 1986 avec la mise en place du Programme d’ajustement structurel “PAS“. En 1999 avec la crise du Golfe, ou encore plus récemment en 2007-2008 au moment où la Tunisie a dû affronter, à l’instar des autres pays, la crise financière internationale en mettant en place une stratégie qui a permis de se prémunir contre les retombées de cette crise».

L’Administration, pourtant infiltrée dans ses plus hautes sphères par un nombre impressionnant de «compétences» incompétentes ou pire compétentes et partisanes -chiffrées à ce jour à 2.733 à l’échelle nationale y compris dans les délégations spéciales des communes, tient toujours. En atteste le fonctionnement des services de base tels l’eau, l’électricité et les communications avec des compétences confirmées en matière de programmation et de conduite de réformes, notamment dans les domaines économiques et financiers.

Le niveau d’endettement serait «encore acceptable car il n’a pas dépassé les 47% du PIB en 2013 malgré l’augmentation enregistrée ces dernières années, ce qui laisse encore au gouvernement certaines marges de manœuvres et des réserves de changes dépassant encore les trois mois d’importation, ce qui a toujours été jugé suffisant par les institutions financières internationales pour un pays ouvert comme la Tunisie qui peut se prévaloir d’une bonne connaissance du marché financier international. Etant de façon permanente en contact avec ce marché depuis 1994, y ayant réussi toutes ses sorties et honoré tous ses engagements financiers sans jamais solliciter, du moins sur le plan officiel, ni annulation de dettes ni rééchelonnements».

Solliciter des prêts ne doit pas se transformer en un acte de mendicité ou d’arrogance…

L’une des anecdotes que l’on raconte à propos d’un membre du gouvernement partant est que l’un des ministres aurait presque quémandé auprès d’un prétendu pays frère un prêt ou un don, car il y avait la fête de l’aïd et il ne fallait pas qu’il revienne les mains vides… Un autre se serait tellement montré arrogant auprès des hauts responsables du FMI que ces derniers auraient décidé de ne plus traiter avec lui…

Qu’il s’agisse de faits prouvés ou suggérés, c’est l’image de la Tunisie qui en prend un coup, car de cette image dépend en grande partie le respect qu’on lui doit en tant que pays souverain. Les relations internationales sont rationnelles et n’ont pas d’état d’âme, et comme l’a décrété Adam Smith, philosophe et économiste écossais du 18ème siècle: «Chaque individu … ne pense qu’à son propre gain; en cela, comme dans beaucoup d’autres cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions… Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d’une manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société que s’il avait réellement pour but d’y travailler». Il s’agit d’intérêts mutuels si ce n’est servant plus les plus forts que de rapports subjectifs illustrés par les amitiés surfaites ou les animosités gratuites…

Heureusement que la Tunisie, quoique l’on puisse penser de son héritage postcolonial et de son potentiel humain, est dotée de compétences patriotes lesquelles ne se complaisent pas dans le rôle de victimes, même si parmi elles il y en a qui le sont mais proposent des solutions.

Ainsi, pour notre éminent économiste, le programme pour le futur se réfère à deux principaux éléments.

La volonté politique de redresser la situation économique et financière du pays, soit une tâche essentielle du gouvernement, parallèlement à l’organisation des élections. La situation actuelle du pays devrait avancer en même temps et sur les deux plans. Les préalables existent, à savoir les ressources humaines et les compétences qu’il faut mettre à contribution tout en étant à l’écoute de la population, des organisations nationales et des différents opérateurs. Les nouveaux dirigeants devraient veiller à les remettre au travail et à insérer leurs préoccupations dans une démarche à moyen et long termes.

Une deuxième condition est nécessaire, d’après lui, à savoir: «le soutien de la communauté internationale qui suit de près l’expérience de la Tunisie en matière de démocratisation de la vie politique et de développement économique et social, soutien que nous percevons comme un élément essentiel aux efforts que le pays doit accomplir en comptant sur ses propres capacités».

Ainsi, le programme de relance devrait s’adosser à la mise en place du nouveau code des investissements qui introduit plusieurs nouveautés dans le sens de la simplification des procédures et le renforcement des avantages consentis aux investisseurs qui remplaceront et au-delà la mesure prise de taxer les entreprises totalement exportatrices. D’autant plus que cette mesure n’aura pas un impact sur la charge fiscale des entreprises concernées, elles-mêmes, étant amenées aujourd’hui à payer la fiscalité dans leurs pays d’origine.

La poursuite de la réforme du secteur bancaire est aussi importante dans le sens du renforcement de ses assises financières et du développement de ses prestations, particulièrement en direction de la petite et moyenne entreprise. «Les opérations d’audit pour les banques publiques s’étaient inscrites dans cette orientation avec pour programme le budget de 400 MDT en tant que première tranche pour la recapitalisation de ces banques. Mieux encore, c’est grâce au démarrage de la réalisation de grands projets d’infrastructure, à l’instar du port en eau profonde de l’Enfidha et la finalisation de l’aménagement de nouvelles zones industrielles qu’une relance des investissements à l’international se fera réellement. L’élaboration et la mise en place de stratégies sectorielles dans l’industrie et les services et particulièrement le tourisme avec des mesures à court, moyen et long termes tout en veillant à ce que ces mesures s’intègrent dans une approche globale serait tout aussi utile pour que le pays redémarre du bon pieds».

La lueur d’espoir que pourraient susciter pareilles propositions pour une reprise en main économique du pays ne pourrait se transformer en véritables réalisations que sous condition que le nouveau gouvernement s’installe à La Kasbah, ce qui tarde de plus en plus à arriver.

On prétend que jeudi 23 janvier est la journée où aura lieu le dernier conseil des ministres du gouvernement Laarayedh. C’est pour quand le premier conseil des ministres Jomaâ?.