Ouvrière chez PSA, “Gigi” écrit le combat perdu des anciens d’Aulnay

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Aulnay-sous-Bois, le 25 octobre 2013 (Photo : François Becker)

[18/01/2014 10:22:43] Aulnay-sous-Bois (AFP) Du “choc”, lors de l’annonce de la fermeture, aux quatre mois de grève intense, Ghislaine Tormos, ouvrière chez PSA Aulnay pendant 11 ans, raconte dans un livre paru jeudi le combat perdu pour sauver les emplois de l’emblématique usine automobile.

“Dès que le bateau tangue, nous sommes les premiers à être jetés par-dessus bord. A écouter les experts: notre travail coûte trop cher”, écrit cette pétillante brune de 50 ans dans “Le salaire de la vie” (Ed. Don Quichotte), rédigé en quatre mois avec la journaliste de France Télévisions Francine Raymond.

Entrée chez PSA Peugeot Citroën à Aulnay-Sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en 2002 après des années de petits boulots, cette mère de trois enfants, veuve, devient “la seule femme du ferrage”, l’atelier d’assemblage de pièces de tôle, et se fait progressivement une place dans cet univers d’homme.

En juillet 2012, quand la fermeture est annoncée, cette déléguée du personnel, membre du SIA (Syndicat indépendant de l’automobile), entre en résistance.

“J’ai eu envie de me battre pour garder mon usine, pour garder mon boulot. J’en veux à mon patron d’avoir mis ça en moi. J’étais quelqu’un de confiant, d’optimiste et maintenant j’ai de la méfiance, de l’animosité”, déclare à l’AFP cette irréductible de la grève qui a duré de mi-janvier à mai 2013.

Au fil des 200 pages, “Gigi”, comme tous la surnomment, raconte ce combat des salariés, d’abord pour éviter la fermeture de l’usine, puis négocier un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) “digne”.

Les réveils à 05H00, la dureté du travail à la chaîne, les muscles qui faiblissent, la peur de s’endormir au volant, les 1.500 euros qui tombent à la fin du mois, “le choc” de l’annonce de la fermeture, les actions coups de poing, les bisbilles syndicales… Tout est dépeint avec une précision d’orfèvre.

“Je voulais simplement qu’on apprenne à connaître les ouvriers, ceux qui ont donné leur temps et leur vie pour construire cette usine. On n’est pas que des petits personnages playmobil devant des robots”, ajoute-t-elle.

L’usine de 170 ha à Aulnay sera fermée dans moins de six mois. Sur les 3.000 salariés que comptait le site à l’annonce de la fermeture, la quasi-totalité a été reclassée ou est en cours de reclassement, selon l’entreprise. La moitié d’entre eux a choisi de quitter le groupe.

(“Le salaire de la vie” – Ghislaine Tormos avec Francine Raymond – Éditions Don Quichotte – 15 euros)