Tunisie – Politique : Le gouvernement Jomaa et le «triangle magique»

mehdi-jomaa-2014.jpgTous les observateurs s’accordent à dire que la machine économique en Tunisie est en panne. La situation est inédite. Les travaux académiques sont à leur balbutiement sur la question de l’analyse des effets du «Printemps arabe». Nous n’avons pas encore suffisamment de recul et toute option de politique économique doit être arrêtée avec pondération et mesure.

Pour assurer un redémarrage de l’économie dans ce contexte, il convient d’observer les règles du «triangle magique» basées sur le respect de 3 conditions: sociales, gouvernance et économiques.

Ces règles sont si évidentes qu’elles relèvent presque du lieu commun même si elles restent pour la plupart basées sur des questions sans réponse pour le moment. Le futur gouvernement Jomaa s’attachera sans aucun doute à fournir ces réponses. Ce sont ces réponses que le Tunisien de la rue attend.

Le premier coin de ce triangle vise à faire revenir la confiance. Il concerne les garanties nécessaires qu’il convient de donner pour préserver les acquis de la révolution: liberté et dignité. Il s’agit de garantir l’expression libre et l’action sans entrave dans les limites permises par la loi.

La loi doit être appliquée à tous. Le droit doit être respecté de tous et la justice agir de manière impartiale et en toute indépendance. Toute la société mais aussi les hommes d’affaires ont besoin de ces garanties pour la bonne marche de l’économie.

Il s’agit aussi de valoriser le travail et d’introduire des mécanismes qui permettent de reconnaître le mérite de ceux qui travaillent pour le bien collectif. Ces mécanismes devraient faire leur apparition dans l’administration publique pour stopper la chute de la productivité du travail dans les services publics.

Introduire et communiquer sur la notion du sacrifice comme un devoir national. Les années qui viennent seront des années de vache maigre. Le citoyen et les politiques doivent s’en convaincre. On ne peut plus continuer à consommer ce que l’on n’a pas produit.

Le deuxième coin de ce triangle vise à définir une gouvernance claire. Quelles seront les prérogatives du gouvernement Jomaa? Quelles seront ses marges de manœuvre? Que peut-il faire et que peut-il ne pas faire? Comment éviter les interférences partisanes? Comment réorganiser un pouvoir aujourd’hui complètement dilué et sans autorité sur le pays et sans crédibilité à l’intérieur et à l’extérieur du pays?

Le troisième et dernier coin de ce triangle concerne les choix économiques à arrêter. Quelle politique économique choisir? Comment convaincre les Tunisiens de l’importance d’une politique budgétaire restrictive? L’austérité en matière de dépense publique est une urgence. Il s’agit d’une pilule amère mais qu’il faudra administrer tout de même. Ne faut-il pas s’appuyer sur le secteur privé qui commence lui-même à douter de ses capacités? Un partenariat public-privé (PPP) serait une piste parmi tant d’autres à imaginer, car la situation est totalement inédite.