Tunisie – Médias : L’intérêt pour la presse budgétaire prend de l’ampleur

transparence-budget-320.jpgL’intérêt pour la transparence budgétaire est devenu, ces dernières années, un enjeu stratégique. Les organisations de la société civile (OSC) et les médias s’emploient, à la faveur de sessions de formation, à développer leurs capacités à comprendre l’outil budgétaire, à en analyser le contenu et à y détecter les injustices et les abus. L’objectif est de faire pression sur les gouvernants pour les amener à rendre compte aux populations et contribuer à plus d’équité dans la répartition et la mise à exécution des budgets.

Il s’agit de toute évidence d’un dossier d’une actualité brûlante pour la Tunisie postrévolutionnaire.

Dans cette perspective, l’organisation non gouvernementale américaine «International Budget Partenership» vient de financer trois sessions d’initiation au travail budgétaire en faveur d’une quinzaine de journalistes régionaux opérant pour la plupart dans des radios régionales.
L’objectif de cette initiative à l’actif du Centre des femmes arabes pour la formation et la recherche (CAWTAR) était d’initier ces journalistes à la terminologie rébarbative de l’outil budgétaire, de les aider à maîtriser les mécanismes requis pour analyser les différentes composantes du budget (budget économique, loi de finances…), à déminer un budget, à repérer contradictions et pièges, et à dégager le degré de responsabilité de l’administration centrale et des autorités d’exécution régionales dans l’identification des besoins des régions et dans le suivi de la mise en oeuvre des budgets alloués.

Au terme de cet atelier, d’une durée de 9 jours répartis en trois sessions, de trois jours chacune, les journalistes auront compris lors de la première session ce qu’est un budget (recettes, dépenses, besoins, contraintes, arbitrages, responsabilités des autorités à exécution …), connu les différentes administrations et étapes par lesquelles passe l’élaboration d’un budget, saisi les enjeux de la budgétisation (inégalités régionales, degré d’exécution du budget de développement, structure du budget général de l’Etat, gaspillage, mécanismes clés du budget, fondamentaux… ).

Au terme de la seconde, ils auront maîtrisé les mécanismes d’analyse devant leur permettre d’étudier les divers documents budgétaires et de réaliser des analyses simples à l’aide des données budgétaires disponibles …

Au terme de la troisième, les participants auront compris les abc du travail budgétaire, maîtrisé les mécanismes et données clés à même de les aider à analyser et à dégager anomalies, irrégularités, avantages… et compris les enjeux du budget dans la réalisation de la justice sociale et de l’équité entre communautés et régions. Ils doivent être en mesure de comparer la politique budgétaire menée dans leurs pays avec celles adoptées dans d’autres pays comparateurs. L’objectif est de s’inspirer des «best pratices» budgétaires dans le monde (facilité d’accès à l’information, droit à l’information, minutie des informations fournies…).

Cette prise de conscience de la société civile et des médias est motivée par le fait que le budget public était tenu jusque-là comme un secret d’Etat dans la plupart des pays du monde et était considéré comme un sujet qui ne concerne que le gouvernement et ses fonctionnaires.

Aujourd’hui, les choses ont changé. Le sujet de la transparence budgétaire a pris de l’ampleur à la faveur des débats sur le droit au développement et de l’accès des médias à l’information budgétaire. Désormais, le budget public est de plus en plus perçu comme «l’argent public», notre argent.

Moralité : les gouvernants auront dorénavant la vie dure.