écembre 2012 du siège de ThyssenKrupp à Essen en Allemagne (Photo : Patrik Stollarz) |
[30/11/2013 11:43:41] Francfort (AFP) Le conglomérat industriel allemand ThyssenKrupp a réussi à tourner une page de son aventure dans l’acier américain en vendant son usine de l’Alabama (sud), mais son processus de diversification est loin d’être fini.
Après de longues négociations, cette usine située à Calvert et qui dispose d’une capacité de production d’acier de 5,3 millions de tonnes, sera cédée à ArcelorMittal et Nippon Steel & Sumimoto pour 1,55 milliard d’euros (1,14 milliard d’euros).
Les deux acheteurs se sont aussi engagés à acquérir chaque année deux millions de tonnes de brame d’acier produites par l’usine brésilienne de ThyssenKrupp, et ce jusqu’en 2019. Cela assure à cette usine, dont ThyssenKrupp a aussi cherché à se défaire sans succès, l’assurance de tourner au moins à 40% de ses capacités de production annuelles.
“Nous avons trouvé une solution durable pour Steel Americas. Le contrat de livraison de brame est un premier pas vers le découplage des deux usines”, a commenté Heinrich Hiesinger, le patron de ThyssenKrupp cité dans le communiqué.
Le prix de la vente est toutefois bien moindre que l’investissement consenti, évalué par ThyssenKrupp à quelque 12 milliards d’euros, qui ont contribué à épuiser une grosse part de son capital.
D’ailleurs, le groupe, producteur d’acier mais aussi de sous-marins et d’ascenseurs, a décidé de procéder à une augmentation de capital pouvant aller jusqu’à 10%.
“Maintenant que la clarté a été faite concernant Steel Americas et que le groupe peut mieux évaluer certains risques légaux, ThyssenKrupp prévoit une augmentation de capital dont la date sera décidée en fonction des conditions de marchés”, écrit-il. Par risque légaux, ThyssenKrupp se réfère aux poursuites dont il fait l’objet dans plusieurs affaires de cartels.
Dernier épisode en date, il vient d’annoncer avoir trouvé un accord avec la compagnie ferroviaire Deutsche Bahn, pour mettre fin à une plainte dans l’affaire du cartel du rail, dans laquelle plusieurs aciéristes ont été reconnus coupables de s’être entendus pour gonfler le prix des rails et des aiguillages pendant plus de dix ans. Il devra lui verser plus de 150 millions d’euros.
Perte divisée par trois
Par ailleurs, ThyssenKrupp a annoncé qu’une partie de l’accord conclu avec le Finlandais Outokumpu, lors de la vente de sa filiale d’acier inoxydable Inoxum début 2012, était annulée, en raison d’exigences de la Commission européenne vis-à-vis d’Outokumpu.
Le conglomérat allemand va reprendre possession de son usine AST de Terni en Italie, de VDM ainsi que de plusieurs petites unités de service tandis qu’il va céder à des investisseurs institutionnels la participation de 29,9% de Outokumpu acquise dans le cadre de l’accord Inoxum. Un revers qui devrait lui faire perdre 305 millions d’euros.
Mais le groupe compte toujours se défaire d’AST et VDM et “prendra le temps nécessaire pour trouver une bonne solution”, explique-t-il, soulignant vouloir poursuivre sa transformation afin de sortir du gouffre financier dans lequel il est plongé depuis des années.
Lors de son exercice décalé 2012/2013, clos fin septembre, le groupe a encore essuyé près de 1,5 milliard d’euros de pertes et a décidé de ne pas distribuer de dividende à ses actionnaires pour la deuxième année de suite. C’est toutefois trois fois moins que l’année précédent où le groupe avait perdu 4,7 milliards d’euros.
Côté bénéfice opérationnel (Ebit ajusté), il a réalisé 599 millions d’euros, soit une hausse de 50%, selon des chiffres publiés en avance sur son calendrier.
Malgré la perte essuyée, “ThyssenKrupp a fait d’important progrès en direction de son objectif de devenir un groupe diversifié”, a commenté le groupe dans son communiqué, soulignant avoir dépassé ses objectifs en terme de chiffre d’affaires (avec des ventes de 38,6 milliards d’euros, en recul de 7% sur un an) tandis qu’il a réduit sa dette (à 5 milliards d’euros contre 5,8 milliards).
Pour l’exercice en cours, il attend une hausse de son Ebit à 1 milliard d’euros et une progression de ses ventes de l?ordre de 5%.