Repsol donnera un feu vert prudent à l’argent offert par l’Argentine

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ège du groupe pétrolier espagnol Repsol, à Madrid (Photo : Dominique Faget)

[27/11/2013 13:02:40] Madrid (AFP) Le groupe pétrolier espagnol Repsol devrait approuver mercredi l’indemnité de 5 milliards de dollars proposée par le gouvernement argentin, qui a nationalisé en 2012 sa filiale YPF, un épilogue vécu comme une victoire mais qui n’est pas exempt de risques.

Au menu de son conseil d’administration, qui se réunit dans l’après-midi: l’accord de principe noué lundi entre Repsol, YPF et les représentants des gouvernements espagnol, argentin et mexicain (la compagnie publique Pemex étant actionnaire de Repsol).

Un accord qui fixe une indemnisation de 5 milliards de dollars (3,7 milliards de euros) en obligations de l?État argentin pour compenser l’expropriation de 51% d’YPF, selon une source proche du dossier.

S’il est “assez improbable” que les seize membres du conseil de Repsol disent non à cette offre, selon les analystes de Bankinter, attention toutefois à ne pas accepter un cadeau empoisonné.

“La solvabilité de l’Argentine vis-à-vis de l’extérieur est en question (après avoir été en situation d’impayés en 2001-2002), en raison de la situation à nouveau délicate de son économie, qui évolue de manière inquiétante”, mettent en garde ces mêmes analystes.

Difficile d’oublier un petit détail: la dette souveraine argentine est classée comme spéculative par les trois grandes agences de notation (Fitch, Moody’s et Standard & Poors’), ce qui implique un risque que le pays ne rembourse pas ses créances.

Outre le fait que la somme est inférieure à celle initialement souhaitée par le groupe (10,5 milliards de dollars) et la valorisation de la part expropriée dans ses comptes (5,4 milliards d’euros fin juin), son libellé en obligations argentines “n’est pas non plus ce que les gérants de Repsol auraient souhaité”, remarque la maison de courtage Link Securities, même si le groupe a obtenu que la somme soit en dollars et non en pesos.

“Le marché craint que le paiement de ces obligations se fasse avec une décote supérieure à 70%”, écrit mercredi le quotidien El Mundo.

La priorité de Repsol sera donc d’obtenir “des garanties que ce bon (les obligations argentines proposées, ndlr) est payable, échangeable contre du liquide”, explique une source proche du dossier, “des garanties sur sa valeur, son paiement, quand et comment il sera payé”.

Voie de sortie honorable

Le marché, qui croyait le groupe espagnol condamné à ne recevoir aucune indemnisation, a vécu l’annonce d’un accord comme une victoire de Repsol, faisant bondir mardi, à la Bourse de Madrid, son titre de 4,28% à 19,24 euros. Mercredi l’action était en léger recul, cédant 0,31% à 19,18 euros 11H02 GMT, dans un marché en hausse de 0,34%.

Car, en bouclant cet accord, Repsol trouve une voie de sortie honorable et évite de longues années de procédures judiciaires.

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Argentine, le 3 mai 2012 (Photo : Daniel Garcia)

Le groupe espagnol avait déposé un recours devant l’organisme d’arbitrage international Cirdi, rattaché à la Banque Mondiale.

Mais “il y a des procès contre l’Argentine, au Cirdi, qui sont ouverts depuis plus d’une décennie”, rappelle mercredi le journal El Pais.

Et Repsol aurait aussi beaucoup perdu d’énergie dans ses plaintes déposées contre YPF pour “concurrence déloyale” et contre à tous ceux qui voulaient profiter de sa place laissée vacante, comme l’Américain Chevron et le Sino-Argentin Bridas.

Enfin, le bond en Bourse enregistré mardi par YPF (+11,4%) est aussi bénéfique pour Repsol, qui détient encore 12% du groupe argentin: cette part s’est revalorisée à environ un milliard d’euros en une seule journée.

Repsol, qui avait dû dire adieu, dans ce pays, au précieux gisement de Vaca Muerta, qualifié de “plus grande découverte de son histoire” avec contient l’équivalent de 22,8 milliards de barils de pétrole, a d’ores et déjà appris à vivre sans.

En présentant ses derniers résultats financiers, le 7 novembre, il a insisté sur ses “importants projets en Bolivie, en Russie, en Espagne et au Brésil” et ses découvertes en Libye, en Alaska, en Colombie et en Algérie. Entre janvier et septembre, sa production a grimpé de 8,2%.