Tunisie – Politique : Que se passe-t-il à Ennahdha? (2/2)

Divers indices donnent à penser que quelque chose est en train de bouger au sein d’Ennahdha. Dont en particulier, la nomination vendredi 25 octobre 2013 de Zied Laadhari, membre de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC), porte-parole d’Ennahdha et le retour fracassant de Hamadi Jebali sur le devant de la scène.

ennahdha-5154fr.jpgLe come back de Hamadi Jebali sur le devant de la scène politique surprend moins la scène politique que la manière dont le n°2 –ou n°1 bis- est en train de se mettre en scène: en tenant à l’égard des partis d’opposition –notamment ceux regroupés au sein du Front national du salut- un discours beaucoup plus musclé que celui qu’il tenait jusqu’ici.

Hamadi Jebali a-t-il mangé du cheval? Fort probablement pas. Il faut donc chercher ailleurs l’explication du durcissement de son attitude. Certains croient l’avoir trouvé: par son nouveau positionnement, le secrétaire général d’Ennahdha chercherait à gagner les faveurs d’au moins une partie de l’aile dure de ce parti pour bien se positionner dans la perspective de la course à la succession de Rached Ghannouchi. Car, et c’est là l’autre développement important pas encore visible qui se prépare: le président d’Ennahdha va tirer sa révérence.

Qu’Ennahdha réussisse à revenir au pouvoir –qu’elle s’est engagée à quitter au profit d’un gouvernement présidé par une personnalité indépendante- ou pas, à l’occasion des prochaines élections, elle ne serait plus alors dirigée par Rached Ghannouchi. Car le président du parti islamiste, membre de la Troïka au pouvoir depuis décembre 2011, serait déterminé à abandonner la présidence du parti islamiste.

D’après nos sources, Rached Ghannouchi avait déjà ce projet en tête avant son retour en Tunisie après la chute du régime Ben Ali. Mais l’accession de sa formation au pouvoir suite à l’élection du 23 octobre 2011 l’a toutefois contraint à en reporter la concrétisation jusqu’à après les prochaines élections qui devront doter la Tunisie d’institution stable. Le président d’Ennahdha ne veut pas partir avant, car il estime son rôle essentiel dans la transition que vit le pays et plus particulièrement pour garantir à son parti les meilleures chances de réussite aux prochaines élections qu’il n’aurait pas sans lui. Le leader islamiste est en effet convaincu, d’après nos sources, qu’Ennahdha ne pourra pas préserver son unité après son départ.

Rached Ghannouchi s’attend à ce qu’Ennahdha éclate au moins en deux formations: l’une défendant un islam orthodoxe, voire radical, et l’autre plus modérée. Et pour lui, l’éclatement ne serait pas une mauvaise chose, car il permettrait de clarifier l’offre politique dans le pays.

Le président d’Ennahdha serait intéressé par le poste de l’Union internationale des savants musulmans (UISM), actuellement occupé par Youssef Al Qaradhaoui. Le leader du parti islamise estime en effet que la diffusion de sa vision de l’Islam –qu’il estime particulière- requiert une tribune supranationale comme l’UISM. .