G20 : les Brics portent la voix des économies émergentes en crise

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ésidente brésilienne Dilma Rousseff et le président chinois Xi Jinping le 5 septembre 2013 au G20 à Saint-Petersbourg (Photo : Ricardo Stuckert )

[05/09/2013 10:17:50] Saint-Pétersbourg (AFP) Les pays des Brics veulent jeudi porter la voix des économies émergentes au sommet du G20 et de rappeler aux pays riches leur responsabilité dans la tempête financière qu’elles traversent actuellement.

Les chefs d’Etat du Brésil, de Russie, d’Inde, de Chine et d’Afrique du Sud doivent se retrouver à 10H00 GMT juste avant l’ouverture du sommet réunissant les puissances riches et émergentes du G20.

Ces cinq pays, qui représentent plus du quart des richesses et 40% de la population de la planète, vont tenter de s’afficher en chefs de file des économies émergentes, devenues pendant l’été une source d’inquiétude majeure.

“L’économie mondiale est dans une situation bien plus stable qu’il y a cinq ans”, à la création du G20, a observé jeudi la conseillère du Kremlin Ksénia Ioudaéva. La croissance se renforce dans la plupart des pays riches, l’Europe est sortie de récession, mais “il existe des risques liés à la fin des mesures de relance aux Etats-Unis”, a-t-elle averti.

Conséquence du projet de la banque centrale des Etats-Unis de réduire son soutien à l’économie, les monnaies émergentes piquent du nez.

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Une liasse de roupies indiennes (Photo : Indranil Mukherjee)

La roupie indienne a perdu environ le quart de sa valeur depuis le début de l’année, le réal brésilien 15%, la lire turque plus de 11%, poussant les autorités monétaires de ces pays à engager des sommes considérables sur les marchés pour défendre leur monnaie. Après avoir inondé le système financier, et notamment les pays émergents, de liquidités, la Réserve férale (Fed) se prépare à lever le pied sur son soutien à l’économie.

“Etre conscients des répercussions”

Les investisseurs, anticipant une hausse des taux aux Etats-Unis, y reviennent et les économies émergentes subissent des fuites massives de capitaux qui pèsent sur leurs devises nationales.

Les Etats-Unis “devraient être conscients des répercussions de leur politique et prendre leurs responsabilités en ce qui concerne la stabilité de l’économie mondiale”, a estimé jeudi le vice-ministre chinois des Finances Zhu Guangyao. Pour autant, a-t-il ajouté, les Brics “n’ont pas besoin de plan d’aide mais des réformes structurelles sont nécessaires”.

L’Afrique du Sud avait mis en garde lundi contre des décisions “basées sur les seuls intérêt nationaux (qui) peuvent avoir des conséquences graves sur les autres nations”.

Côté américain, la sous-secrétaire au Trésor Lael Brainard a rappelé que si la politique de la Fed devenait moins généreuse, cela serait “parce que l’économie américaine se renforce, ce qui est clairement positif pour l’économie mondiale”.

Selon les experts de la société de recherche IHS Global Insight, 44 milliards de dollars ont quitté les marchés émergents depuis trois mois, et le mouvement ne fait que commencer.

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ésident chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine le 5 septembre 2013 au G20 à Saint-Petersbourg (Photo : -)

Pour Jan Randolf, économiste chez IHS, le message des Brics est de “rappeler à l’occident et au FMI leurs responsabilités envers les pays en voie de développement”. “Non seulement les marchés émergents constituent le moteur de la croissance mondiale depuis la crise financière de 2007, mais les afflux de liquidités de l’ordre du millier de milliards de dollars par an qu’ils ont reçus ces dernières années étaient clairement liés à la réaction monétaire des pays occidentaux à leurs propres crises”, ajoute-t-il.

La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a appelé en juillet les pays émergents à se préparer à des soubresauts inévitables en rendant leurs économies moins dépendantes de ces flux financiers. Dans une note publiée en amont du G20, le FMI met en garde contre des “ajustements désordonnés” qui pourraient compliquer davantage la situation.

A Saint-Pétersbourg, les Brics ne devraient pas annoncer de mesures concrètes, selon la présidence russe, mais avancer sur les outils communs dont ils ont dessiné les grandes lignes lors de leur réunion en mars à Durban: une banque de développement pour financer les investissements et des réserves communes de devises de 100 milliards de dollars.

Ces dernières doivent permettre de contenir les effets “des fluctuations des marchés des changes”, a indiqué avant le sommet le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

Un fonds commun de devises doterait les pays d’émergents de leur propre FMI, d’autant que la réforme des quotas de l’organisation basée à Washington, censée leur donner plus de poids, semble au point mort.