Cuba : les cybercafés fleurissent sur l’île, mais restent chers

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é de la Havane, le 21 juin 2013

[28/06/2013 12:21:56] La Havane (AFP) “J’aimerais bien avoir internet à la maison, mais à Cuba, on ne peut pas”, regrette Nancy Garcia, une enseignante de 53 ans. Alors, elle se rend dans des salles publiques de navigation sur la toile, ouvertes récemment dans le pays communiste.

“J’ai l’argent pour un abonnement, mais ce n’est pas possible de l’avoir à la maison”, explique Nancy, qui a vécu 10 ans au Panama. Elle est venue jeudi lire son courrier dans la salle internet de l’emblématique gratte-ciel du Focsa, à deux pas du Malecon, le front de mer de La Havane.

Avec l’ouverture de 118 salles publiques de navigation internet dans tous les pays, des centaines de Cubains viennent désormais tous les jours passer quelques minutes à consulter leurs courriers électroniques et surfer sur les réseaux sociaux ou les sites de leur choix, sans censure apparente.

S’ils en ont les moyens.

“Je ne reste pas longtemps, pour ne pas jeter l’argent par la fenêtre”, explique Nancy, relayant un reproche unanime des nouveaux usagers de l’internet à Cuba: le coût de la connexion.

A 4,5 dollars l’heure, l’accès à la toile reste inaccessible pour la grande majorité des Cubains dont le salaire mensuel moyen atteint à peine 20 dollars.

“Il y aura toujours des gens qui pourront payer, mais il y en aura toujours davantage qui ne pourront pas”, philosophe Nancy. Auparavant, elle devait fréquenter les grands hôtels, où un accès public était possible, à 10 dollars de l’heure pour une connexion insupportablement plus lente.

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é de la Havane, le 21 juin 2013

“C’est incroyablement cher”, confirme à son côté Deisy Perez, actrice et patronne d’un restaurant privé voisin. Deisy est venue explorer les possibilités de commander du matériel audio et video pour son restaurant.

“Aujourd’hui, je fais une étude de marché, un autre jour je fais un peu de publicité pour le restaurant, mais il faut faire vite, c’est trop cher”, regrette-t-elle.

Les autorités assurent que leur objectif est d’amener internet à domicile. Mais, malgré l’entrée en service d’un câble de fibre optique tendu depuis le Venezuela qui se substitue à une coûteuse liaison satellite, le gouvernement cubain affirme devoir réserver l’accès en priorité à “l’usage social” d’internet, pour des raisons “financières et technologiques”.

Depuis 20 ans, les autorités maintiennent un accès à internet limité à un “usage social” : universités, administrations et services publics. Seules quelques professionnels, comme les médecins et les journalistes, peuvent disposer d’une ligne personnelle.

Mais les dissidents cubains dénoncent surtout une forme de censure exercée par un régime communiste qui contrôle l’ensemble du paysage médiatique national.

Au Focsa, la responsable de la salle Dilia Ortega est satisfaite : “Il y a une bonne affluence, plus que je ne pensais”, reconnaît-elle.

“Il y a parfois la queue et les clients sont satisfaits”, ajoute la responsable de cette salle qui compte neuf postes de travail, à un débit de 2 mégabits.

En 2011, selon les autorités, 2,6 millions de personnes – sur une population de 11,1 millions d’habitants – ont eu accès à internet, un des taux les plus faibles d’Amérique latine.

Depuis qu’il a succédé au pouvoir à son frère Fidel en 2006, le président Raul Castro a autorisé les Cubains à posséder un ordinateur portable et un téléphone mobile. Même si là encore les coûts restent prohibitifs pour la majorité de la population dans le pays communiste.

“On avance, on avance, tout cela va en s’améliorant, mais s’il y a de plus en plus de gens qui ont accès aux nouvelles technologies, il y encore beaucoup de Cubains qui ne savent même pas que cela existe”, juge Deisy Perez avant de retourner à son shopping en ligne.