La Tunisie va-t-elle perdre son projet Eco-Solaire au profit du Maroc?

energie-solaire-maroc.jpgLancé en 2010, à l’initiative de Ahmed Friaa, le projet de village éco-solaire Djerba-Zarzis tarde à voir le jour. Car Solartech Sud, la société porteuse de ce projet –créée par un groupe d’investisseurs privés (dont les groupes Mzabi et Sellami)- n’est pas encore arrivé à se faire décerner par les autorités le terrain de 150 ha sur lequel les installations de ce projet devraient être édifiées. Par contre, le concept imaginé par Ahmed Friaa va selon toute vraisemblance être concrétisé au Maroc. Car un groupe d’investisseurs marocains est en train de négocier avec Solartech Sud une franchise qui lui permettrait de concrétiser ce concept à Agadir, dans le sud du Maroc.

La situation qui y règne depuis le 14 janvier 2011 est en train de faire perdre à la Tunisie beaucoup d’opportunités économiques. Outre la centaine d’entreprises ayant mis la clef sous le paillasson en raison des difficultés provoquées ou aggravées par l’instabilité politique, économique et sociale, notre pays a vu une multitude de projets s’envoler vers d’autres cieux aujourd’hui moins rebutants pour l’investisseur. Même s’il n’est pas encore perdu pour la Tunisie, le projet de village éco-solaire fait partie du lot.

Lancé en Tunisie par Ahmed Friaa, ce concept verra le jour… au Maroc en premier. En effet, alors qu’elle peine toujours à obtenir des autorités tunisiennes le terrain de 150 ha nécessaire à la réalisation de son projet, Solartech Sud, la société porteuse de ce projet -créée en association avec des privés (notamment Moncef Sellami, patron de One Tech, et Moncef Mzabi, du groupe éponyme)- a été approchée par des investisseurs marocains. Ceux-ci lui ont proposé de réaliser une réplique de son projet au sud d’Agadir sur un terrain de 200 ha, extensibles à 4.000 ha, en utilisant l’étude de faisabilité déjà réalisée par Solartech Sud et dans le cadre d’une franchise que celle-ci accorderait à son partenaire marocain. Moyennant le paiement de royalties pendant un certain nombre d’années que les négociations en cours devront déterminer.

Que des investisseurs d’Agadir témoignent de l’intérêt pour le projet de Solartech Sud n’est guère étonnant. Pour deux raisons au moins.

D’abord, cette province du sud du Maroc, pleine d’ambition, est en plein boom économique. Plusieurs projets sont en train d’y être réalisés ou sont programmés dans différents domaines: transport urbain (projet de ligne de bus à haut niveau de service), tourisme (station touristique de Taghazout Bay projetée sur une superficie de 615 ha, sur 4,5 km de plage, et destinée à accueillir 8 unités hôtelières avec une capacité de 12.376 lits, moyennant un investissement de près de 5 milliards de dinars), l’industrie (une deuxième cimenterie y verrait le jour), et les énergies renouvelables.

En effet, il ne faut pas oublier que c’est à Souss-Massa-Draâ, une des seize régions administratives du Maroc, dont Agadir est le chef-lieu, que doit être érigé le projet-phare du plan solaire marocain: le complexe de Ouarzazate, d’une capacité de 500MW.

Bloquée dans son ascension par la chute du régime Ben Ali, Solartech Sud a dialogué avec les trois gouvernements que la Tunisie a connus depuis le 14 janvier 2011. L’actuel a écouté les promoteurs du projet de Village éco-solaire Djerba-Zarzis à plusieurs reprises et y a consacré récemment un conseil ministériel. Et devrait donc, de ce fait, dévoiler le plus rapidement possible s’il va permettre au projet de voir le jour ou décider, au contraire, de l’enterrer. Pour une raison ou pour un autre.