La Chine s’ouvre la voie parmi les partenaires des Etats-Unis en Amérique latine

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ésident chinois Xi Jinping (G) et son homologue mexicain Enrique Pena Nieto, le 4 juin 2013 à Mexico (Photo : Alfredo Estrella)

[07/06/2013 05:56:35] MEXICO (AFP) Le président chinois Xi Jinping a ouvert la voie à une hausse des investissements dans plusieurs pays partenaires des Etats-Unis lors de sa première visite en Amérique latine, avant une rencontre avec Barack Obama en Californie.

Le président chinois, qui a pris ses fonctions en mars, s’est rendu à Trinité-et-Tobago, au Costa Rica et enfin au Mexique pour cette tournée, avant de se rendre jeudi soir aux Etats-Unis.

“Pour la Chine, ce rapprochement avec l’Amérique latine est très important parce que nous sommes de grands importateurs de leurs produits et que maintenant la Chine fait ses prochains premiers pas comme investisseur”, a dit à l’AFP Manuel Valencia, de l’Université technologique de Monterrey, au nord du Mexique.

Lors d’un discours devant le Sénat mexicain, Xi a exalté les perspectives offertes par l’Amérique latine en assurant que cette vaste région entrait dans un nouvel “âge d’or”.

Au cours des dernières années, la Chine avait entamé une active politique commerciale et d’investissements, notamment pour s’assurer un approvisionnement en matières premières nécessaires à sa croissance rapide.

Mais la participation de l’Amérique latine au commerce chinois reste en effet modeste: elle représente 6% des exportations de la Chine et 7% de ses importations en 2011, selon la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).

Sous la présidence de Felipe Calderon (2006-2012), les relations entre la Chine et le Mexique avaient connu des tensions politiques, en particulier après la visite au Mexique du Dalai Lama en 2011. Du point de vue économique, l’ex-président mexicain privilégiait l’intégration économique avec ses voisins du nord dans le cadre de l’Alliance de libre-échange nord-américaine (Alena), en place depuis 1994 entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada.

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ésident chinois Xi Jinping (G) et son homologue mexicain Enrique Pena Nieto sur le site de Chichen itza, le 4 juin 2013 au Mexique (Photo : Elizabeth Ruiz)

On relevait ainsi un important écart du déficit de la balance commerciale mexicaine, le Mexique important en 2012 57 milliards de dollars pour n’y exporter que dix fois moins, 5,7 milliards de dollars.

“Association stratégique intégrale”

Lors de sa visite de trois jours au Mexique, Xi et l’actuel président mexicain Enrique Peña Nieto ont signé une série d’accords pour hisser leurs relations à un niveau d'”Association stratégique intégrale”.

Selon Enrique Dussel, de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), le géant asiatique est parvenu lors de ce voyage à “faire un acte de présence en Amérique latine, dans des pays très proche des Etats-Unis, suivant les pas d’Obama et réussissant un rapprochement significatif”. Début mai, le président Obama s’était rendu au Mexique, puis au Costa Rica.

Comme signe concret de sa volonté de rééquilibrer sa balance commerciale avec le Mexique, la Chine s’est engagée à autoriser l’entrée de la viande de porc, produit qui avait été l’objet de mesures protectionnistes.

Du côté mexicain, l’objectif était de reconstruire la confiance avec la grande puissance asiatique pour diversifier son commerce extérieur, concentré actuellement à 80% avec les Etats-Unis. Et sur le plan politique, le gouvernement de Peña Nieto a été clair: il appuie le principe cher à Pékin d'”une seule Chine” et donc la reconnaissance de sa souveraineté sur Taiwan et le Tibet.

Mais les analystes pensent que le resserrement des liens va encore prendre du temps et qu’on n’en est pas encore à l’élaboration d’un traité de libre commerce.

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ésident chinois Xi Jinping (G) et son homologue du Costa Rica Laura Chinchilla, le 3 juin 2013 à San Jose (Photo : Jeffrey Arguedas)

“Ce n’est pas une option avec la Chine, du moins dans l’immédiat. Si nous avons déjà une balance commerciale déficitaire, un tel traité approfondirait encore le déficit en raison de l’entrée de marchandises à un niveau préférentiel”, selon Adolfo Laborde, autre expert de l’Université technologique de Monterrey.

Au Costa Rica – le seul pays d’Amérique centrale à entretenir des liens diplomatiques avec Pékin – Xi a signé plusieurs accords de coopération sur l’infrastructure, l’énergie, l’éducation et le commerce, montrés comme un “exemple de coopération entre pays de tailles différentes”.

Lors de sa première étape en Amérique latine, le président chinois s’était réuni à Trinité-et-Tobago avec huit nations des Caraïbes qui reconnaissent la Chine et rejettent les revendications indépendantistes de Taiwan. Cette visite a été interprétée par les spécialistes comme une volonté de contrebalancer l’énorme influence des Etats-Unis dans cette région.