Mounir Mouakhar : “Tunis-Medindustrie 2013 répondra aux objectifs de développement du partenariat et de l’innovation”

Par : Tallel

mounir-mouakhar-320.jpgA quelques jours de la tenue du Salon Tunis-MEDINDUSTRIE 2013, organisé par la Chambre de commerce et d’industrie de Tunis, nous avons rencontré Mounir Moukhar, son président. Au-delà de cette manifestation économique, nous avons vu un homme déterminé, qui défend une image d’une Tunisie dynamique, qui travaille, crée et innove, et ce dans environnement politique difficile. Il se bat sur tous les fronts, apolitique qu’il est, pour véhiculer une certaine sérénité de la réalité tunisienne. Son message est simple : “véhiculons un message réaliste de cette Tunisie économique qui bouge“.

Entretien

Comme pour les deux précédentes éditions, Tunis-MEDINDUSTRIE 2013 se tient dans un contexte, certes apaisé mais toujours difficile. Comment les préparatifs en termes d’organisation ?

Mounir Mouakhar : La Chambre de commerce et d’industrie de Tunis organise cette 3ème édition de Tunis-MEDINDUSTRIE 2013 en collaboration avec pratiquement toutes les structures d’appui (UTICA, FIPA, APII, les Chambres de commerce tunisiennes…).

On a également obtenu le soutien de l’Agence foncière industrielle (AFI), car il faut bien le reconnaître, les circonstances actuelles nécessitent plus d’investissements industriels pour créer de l’emploi, développer l’innovation et nouer des partenariats.

Tout ceci pour dire que cette 3ème édition se déroule dans des conditions délicates, à cause de la transition politique que traverse le pays. Toutefois, nous, en tant que Chambre de commerce et d’industrie, le signal que nous voudrions donner, c’est qu’il y a une Tunisie qui travaille, qui essaie d’investir, de développer et de créer des partenariats, qui envisage l’avenir avec beaucoup plus de sérénité. Il faut que l’économie soit réactivée, et ce même si nous sommes conscients que l’économie est directement liée à la politique et inversement. Cela n’empêche que nous devons tous parier pour donner à la Tunisie un sursaut économique, même par petites touches. Ne dit-on pas d’ailleurs que ce sont les petites rivières qui font des fleuves !

Je dois rappeler que la première édition a été organisée en juin 2011, c’est-à-dire quelques mois après la révolution. Là également, la CCI de Tunis voulait donner un signal fort de cette Tunisie qui, malgré tout, travaille, sachant que le fait de reporter voire annuler une manifestation économique c’est une mauvaise image surtout vis-à-vis de nos partenaires étrangers. Donc, ça a été une première expérience réussie en 2011; nous l’avons confirmée en juin 2012 avec une participation importante d’entreprises à la fois tunisiennes et étrangères.

Maintenant pour cette 3ème édition, nous espérons qu’elle sera de la même hauteur et des ambitions que pour les deux précédentes, avec un soutien important des structures d’appui et du gouvernement. D’ailleurs, elle est placée sous le patronage du chef du gouvernement, Ali Larayedh, et par conséquent, elle sera inaugurée par lui-même. Nous espérons que cette édition permettra de créer les partenariats nécessaires.

Quels sont les différentes composantes du Salon ?

Comme pour l’année dernière, nous avons trois volets. Il y a le volet exposition, qui est très important; un volet Workshop avec différents partenaires et intervenants qui viendront présenter et parler de plusieurs aspects d’investissement et d’innovation; tandis que le 3ème volet est constitué des rencontres B to B qui permettront la mise en relation entre des donneurs d’ordre étrangers et des industriels tunisiens.

Nous espérons donc que ces 3 composantes seront à même de créer un mouvement de partenariats tel que cela a été fait au cours de la 2ème édition en 2012.

L’organisation d’un tel événement, surtout dans l’environnement politique actuel, nécessite une communication particulière. Qu’en est-il au juste ?

En fait, étant donné que nos partenaires ce sont les Chambres de commerce et d’industrie, nous ne communiquons pas seulement sur et autour du Salon. Donc notre communication s’est essentiellement centrée sur l’économique. C’est pour cette raison que nous avons tenu à associer toutes les Chambres de commerce tunisiennes à Tunis-MEDINDUSTRIE 2013.

Ainsi, au-delà de cet événement, nous avons organisé plusieurs réunions avec les présidents de toutes les Chambres de commerce avec qui on partage les mêmes préoccupations, à savoir comment continuer à dynamiser les secteurs économiques du pays (industrie, services, tourisme, artisanat, etc.), et ce dans un contexte politique qui est ce qu’il est aujourd’hui.

Nous avons aujourd’hui des débats politiques qui sont, à mon avis, un signe de vitalité; en même temps, nous avons une économie qui a fait ses preuves, qui résiste, et doit continuer à se développer. Puisque si l’économie ne se développe pas, nous risquons d’aboutir à une contreperformance qui aura des conséquences qu’on ne souhaite pas pour notre pays.

De ce point de vue, chacun doit essayer de faire de son mieux pour développer ses relations, étant donné que toutes les Chambres de commerce et d’industrie ont des relations avec d’autres Chambres à travers le monde.

D’ailleurs, l’un des messages à l’issue d’une réunion qu’on a tenue ici a consisté à dire que nous devons essayer de donner un message réaliste à l’économie tunisienne, parce que nous constatons parfois la sur-médiatisation de quelques faits divers ou politiques et qui donnent des proportions démesurées à l’image de la Tunisie, de son tourisme, etc. Nous nous devons de le faire, car il en va de l’avenir de tout le monde.

Dans ce cadre, le rôle de la presse est très primordial afin d’éviter de faire l’amalgame entre le politique et l’économique… Déjà que les étrangers ont du mal à venir visiter notre pays, pareil pour les touristes qui pensent que le pays est à feu et à sang, alors qu’il y a eu une nette amélioration de la sécurité, de l’économie.

A mon avis, il faut positionner le problème politique dans son contexte politique. Il ne faut pas que cela se traduise par des méfiances envers l’économie tunisienne, lesquelles méfiances ont des effets directs et indirects sur le business : absence d’investissements, chômage, dévaluation de la monnaie nationale, etc.

Alors que pensez-vous du dossier des hommes d’affaires empêchés de voyage…

Je puis vous répondre que, il n’y a pas si longtemps, MM. Moncef Marzouki, Ali Larayedh et Mustapha Ben Jaafar, respectivement présidents de la République, du gouvernement et de l’Assemblée nationale constituante, se sont engagés à résoudre le plus vite possible le problème des hommes d’affaires accusés de corruption. Et j’espère qu’ils le feront pour le bien de l’économie du pays ; que ceux qui ont commis des malversations envers la nation soient traduits en justice, et les autres soient libérés pour qu’ils puissent voyager et rencontrer leurs partenaires, développer leurs entreprises et donc maintenir voire créer de l’emploi. Il y a certains hommes d’affaires qui ont été accusés et qui ont perdu des milliers d’emplois. Je pense que pour reconstruire, réinvestir et créer des emplois, il faudra beaucoup de temps.

Le mot de la fin…

Les préparatifs se déroulent dans des très bonnes conditions. Je voudrais juste rappeler que Tunis-MEDINDUSTRIE 2013 est un Salon qui a été initié par le Comité de la Chambre de commerce et d’industrie il y a trois ans. Cette manifestation est appelée à se développer au cours des prochaines années, et ce quelle que soit l’évolution politique et économique du pays, puisque c’est un Salon qui répond à un véritable besoin de partenariat, qu’il soit tuniso-tunisien ou tuniso-étranger. Dans ce cas, j’invite toutes les entreprises tunisiennes et étrangères à venir participer et/ou visiter ce Salon, puisque beaucoup d’opportunités peuvent s’y développer.

Je lance également un message aux jeunes étudiants ou diplômés à venir voir les opportunités avec les industriels tunisiens. Dans ce cadre du reste qu’est prévu la mise en place d’un stand dédié aux Centres d’affaires pour encourager les jeunes et recueillir leurs propositions afin d’avoir une idée sur comment créer leurs propres entreprises ou affaires. On va avoir une animation radiophonique au niveau dudit stand pour les mettre dans une ambiance festive.

In fine, je dirais que je pense que Tunis-MEDINDUSTRIE, dans sa troisième édition, répondra aux objectifs qui lui sont assignés, en l’occurrence développer le partenariat, développer l’innovation, créer des nouveaux projets, tout ça afin de donner une image dynamique, économique et avant-gardiste de la Tunisie, pour le bien de son économie et de sa jeunesse.