CFE-CGC : la présidente élue devra panser les plaies de la crise interne

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ésidente de la CFE-CGC, le 17 avril 2013 à Saint-Malo (Photo : Frank Perry)

[17/04/2013 20:28:31] SAINT-MALO (Ille-et-Vilaine) (AFP) Carole Couvert, tout juste 40 ans, est devenue mercredi la première femme élue à la présidence de la CFE-CGC, à l’issue d’une élection qui s’est déroulée dans une ambiance houleuse et va l’obliger à panser les plaies d’une longue crise interne.

Mme Couvert, numéro deux sortante, ex-salariée de GDF/Suez était soutenue par 13 fédérations sur 16. Elle a obtenu 59,7% des voix des 460 délégués habilités à voter, réunis en Congrès à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).

François Hommeril, 51 ans, ingénieur géologue (ex-Pechiney), soutenu notamment par la puissante fédération de la métallurgie et la chimie, a recueilli 40,2%.

Mme Couvert se présentait avec Marie-Françoise Leflon, négociatrice emploi, pour le poste de secrétaire générale et Frank Zid (Air France) pour le poste de trésorier.

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ésident sortant de la CFE-CGC, le 17 avril 2013 à Saint-Malo (Photo : Frank Perry)

Elle est le neuvième leader de la CFE-CGC créée en 1944 et succède à Bernard Van Craeynest, qui a été aux commandes depuis 2005. Le syndicat des cadres revendique 143.000 adhérents.

Veste blanche, jupe courte, talons hauts, Mme Couvert a tenu tête tout l’après midi aux critiques de ses adversaires sous les applaudissements de délégués qui lançaient “Carole, Carole”.

“Quoi qu’il se passe, nous trouverons moyen de travailler ensemble au rassemblement” du syndicat “et non à sa scission”, a affirmé la nouvelle numéro un rappelant que le camp adverse avait opposé une “fin de non recevoir” à sa proposition de liste unitaire.

Toutefois parmi ses candidats pour le bureau confédéral (direction resserrée) qui sera élu jeudi, ne figure aucun militant des fédérations adverses.

Changer le nom du syndicat, “imprononçable”

La nouvelle dirigeante a énuméré ses propositions pour rénover la centrale. La plus innovante – qui a suscité des huées mais aussi des applaudissements – est de “changer le nom” de la confédération “imprononçable par les journalistes et les militants”, selon elle.

Mais s’est-elle empressée de préciser: il ne s’agit “pas de renier nos valeurs, ni de changer notre syndicat catégoriel” mais de “trouver un nom qui fédère les adhérents du privé et du public”. Elle n’a pas proposé de nouveau nom mais suggère d’y travailler.

Fidèle à son expérience du marketing, son programme, qui a pour thème “reprendre l’initiative”, comprend la mise en place de baromètres et d’enquêtes auprès des adhérents.

Carole Couvert entend développer aussi des actions en direction des jeunes (bourse de stages), le développement de la communication, la création d’un “fonds d’investissement éthique” éventuellement paritaire, et enfin l'”accompagnement des salariés de l’encadrement qui peuvent reprendre une entreprise. L’enjeu est de “réconcilier le syndicalisme et l’entreprise”, selon elle.

De son côté, M. Hommeril a lancé un vibrant appel au rassemblement: “Nous avons vécu des querelles, il faut tourner la page”, “il n’y a pas d’ennemis internes”, a-t-il dit.

Pourtant dès l’ouverture du congrès, une passe d’armes a opposé les deux camps sur les questions financières. Gabriel Artero, numéro un de la métallurgie, adversaire déclaré de Mme Couvert, a demandé des explications sur les surcoûts occasionnés par des campagnes d’audit menées par celle-ci. Ses remarques ont suscité les sifflets et les applaudissements des métallurgistes au fond de la salle.

Mme Couvert a riposté en justifiant ces campagnes par la nécessité de faire connaître la confédération des cadres. “Si c’était à refaire je recommencerais”, a-t-elle lancé, applaudie par une bonne partie de la salle.

Finalement, le rapport financier défendu par le camp Couvert a été adopté avec 63,7% des voix contre 36,3%. Le rapport d’activité, portant sur le bilan partagé par les deux camps, a été approuvé par 87,6% des voix.

Le président sortant Bernard Van Craeynest a passé le témoin en toute discrétion. Dans un bref et ultime discours de numéro un, il a affirmé qu’il allait “tourner une page dans (sa) vie personnelle après 30 ans de militantisme et plus de 7 ans passés à la tête de l’organisation”. Il a appelé son syndicat à “avoir foi en l’avenir”. “Nous devons faire entendre notre voix”, a-t-il dit, en insistant sur le caractère catégoriel de la CFE-CGC comme défenseur des cadres.

Il avait fini par renoncer en janvier à briguer un nouveau mandat, sous le coup de boutoir de la majorité des fédérations emmenées par Carole Couvert, qui lui reprochaient sa gouvernance.