Le ciel reste sombre pour les voyagistes français

[21/03/2013 17:34:54] PARIS (AFP) Pas d’embellie pour les voyagistes français: après un mauvais cru 2012, l’activité a dégringolé sur les premiers mois de la saison d’hiver et l’été s’annonce compliqué. En cause, la crise et les effets persistants du printemps arabe.

“On ne va pas tortiller, c’est mauvais! Le trafic baisse, le chiffre d’affaires baisse, les marges baissent… On est à l’image de beaucoup d’industries frappées par le recul de la consommation”, dit à l’AFP René-Marc Chikli, président de l’association des tour-opérateurs Ceto.

Les indicateurs des 70 membres du Ceto sont en berne sur tous les types de destinations, France, moyen courrier et long courrier, selon un bilan provisoire présenté jeudi à l’ouverture du Salon mondial du tourisme à Paris.

Du 1er novembre à fin février, les départs en voyages à forfaits (avion+séjour), qui constituent le coeur de métier des tour-opérateurs et assurent les meilleures marges, ont chuté de 14,5%, après avoir déjà reculé un an plus tôt. Seuls 763.255 clients sont partis.

Le chiffre d’affaires a plongé de 10,7% à 938 millions d’euros.

“L’hiver est mauvais pour la deuxième année de suite, à cause de la crise et des effets du printemps arabe qui continuent. Et l’impact est plus fort pour les grands (opérateurs) généralistes que pour les spécialistes”, commente M. Chikli.

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épliant pour un voyage, au salon international du tourisme à Paris, le 21 mars 2013 (Photo : Eric Piermont)

Parmi les causes du mal, l’Egypte, haut lieu de séjours hivernaux, reste désertée par les Français. En outre, les ventes vers la Tunisie, première destination des Français à l’étranger, reculent de 20%. Le succès du Maroc et de l’Europe du Sud (Espagne, Grèce, Italie, Croatie, Turquie…) ne suffit pas à compenser.

En long courrier, c’est la dégringolade sur la République dominicaine, l’Ile Maurice et les Antilles, qui sont normalement très prisées en hiver. Les chiffres d’affaires respectifs de ces trois destinations phares ont plongé de 27%, 13% et 17%, sans que la progression du Chili, du Mexique, de l’Inde, du Cambodge ou encore de la Birmanie, très à la mode, ne compensent.

Même sur la France, où beaucoup de vacanciers sont enclins à rester pour dépenser moins, les recettes ont baissé de 17,7% sur novembre-février et les départs de 16,8%. Selon les prévisions du cabinet Protourisme, avec la crise, trois millions de Français pourraient renoncer à partir en vacances en 2013.

En matière de réservations, l’avenir n’apparaît pas radieux pour les voyagistes: celles enregistrées en février sont en baisse de 6,8% sur un an, même si “l’Europe du Sud tire son épingle du jeu”.

Pour les tour-opérateurs, le défi de l’été est immense. “Si la destination Tunisie ne marche pas, ce sera très très dur”, dit M. Chikli.

“Ce n’est pas sur les ventes de billets d’avions seuls qu’on fait nos marges”, souligne-t-il, alors que les marges brutes des voyagistes du Ceto ont encore reculé en 2012, perdant un demi-point selon une étude de KPMG présentée jeudi.

L’activité dite de “vols secs” se développe pourtant de manière constante chez les voyagistes, ce qui leur permet de compenser un peu la déprime enregistrée en matière de voyages organisés.

Mais l’heure est surtout aux économies pour préserver les bilans financiers. Les tour-opérateurs ajustent massivement leurs offres pour limiter les dégâts. “On a réduit les stocks en capacités aériennes et hôtelières sur des destinations peu rentables”, souligne M. Chikli.

Au besoin, ils déploient des solutions plus radicales. Le suisse Kuoni a ainsi annoncé jeudi se séparer de ses activités françaises, après déjà d’autres cessions.

Pour Didier Arino, le directeur de Protourisme, “confrontés à un marché étroit et à des clients hyper exigeants qui ont de plus en plus de mal à passer par eux, les tour-opérateurs ont bien pris la mesure du changement d’environnement. Ils n’ont pas le choix, ils s’adaptent”