Japon : Areva s’attend à la relance de 6 autres réacteurs cette année

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évrier 2013, à la présentation des résultats 2012 du groupe (Photo : Eric Piermont)

[04/03/2013 11:28:42] PARIS (AFP) Le patron d’Areva Luc Oursel a dit lundi s’attendre au redémarrage de 6 réacteurs supplementairs d’ici la fin de l’année au Japon, et à la relance à terme des deux tiers du parc nucléaire de l’archipel.

“On pense qu’il pourrait y avoir une demi-douzaine de reacteurs qui redémarrent d’ici la fin de l’année 2013”, en plus des deux déjà relancés à Ohi (ou Oi) l’an dernier, a déclaré le président du groupe nucléaire français lors d’un point de presse, sans préciser de quels sites il pourrait s’agir.

“C’est l’estimation que l’on fait à partir de ce qu’on imagine être les standards de sûreté (qui seront définis en juillet, ndlr) et du niveau de préparation des électriciens” japonais, a-t-il précisé.

Cette prévision semble très optimiste. S’appuyant sur une enquête menée auprès des différentes compagnies d’électricité, l’agence de presse Kyodo avait rapporté dimanche qu’il était fort probable qu’aucun réacteur ne redémarre cette année.

Par ailleurs, c’est à terme la majeure partie du parc nucléaire japonais (composé de 50 réacteurs) qui devrait être réactivée, a-t-il avancé.

“Le redémarrage de l’ensemble des réacteurs prendra lui plusieurs années, et tous les réacteurs ne redémarreront pas. A titre personnel, je reste dans l’idée qu’il y aura à peu près deux tiers qui redémarreront et un tiers qui ne redémarrerait pas”, dont ceux tous situés à Fukushima, a-t-il expliqué.

Les compagnies japonaises aimeraient que des réacteurs redémarrent le plus vite possible, mais la nouvelle autorité nucléaire, mise en place en septembre dernier, a déjà prévenu que les processus de validation de la sûreté exigeraient des mois, sur la base de résultats à des tests de résistance et de normes plus sévères qui ne seront entérinées qu’en juillet.

Alors que son prédecesseur voulait éliminer le recours au nucléaire d’ici 2040, le nouveau Premier ministre de droite Shinzo Abe, arrivé au pouvoir fin décembre, a d’emblée indiqué que cette énergie était économiquement indispensable au Japon. Tout en prônant un développement des énergies renouvelables, il prône la réactivation de tous les réacteurs qui seront jugés sûrs, voire la construction de nouveaux si besoin.

M. Oursel, qui s’est rendu deux fois à Fukushima depuis la catastrophe de mars 2011, a en outre estimé que le retour de certains habitants dans une partie des zones évacuées autour de la centrale, qui pourrait intervenir dans “une affaire de mois”, pourrait “changer la perception” de cet accident dans l’opinion.

“Je reste confiant sur la possibilité que des populations puissent revenir habiter dans leurs maisons (…). Si tel est le cas, il est clair que la perception de cet accident majeur sera totalement différente, il y aura notamment une très forte différentiation par rapport à Tchernobyl”, où des zones sont condamnées “pour une durée infinie”, a-t-il estimé.

Enfin, Areva a annoncé que Transnuclear, sa coentreprise avec le sidérurgiste japonais Kobe Steel, avait livré les onze premiers emballages de combustibles nucléaires usés (des conteneurs métalliques de forme cylindrique), qui permettront de décharger la piscine centrale d’entreposage du combustible du site.

Cette piscine a été épargnée par le tsunami du 11 mars 2011 et fonctionne normalement, mais est quasiment pleine. Tepco doit libérer de la place pour y transvaser les barres venant d’abord de la piscine de stockage temporaire pleine du réacteur 4, qui soulève de fortes inquiétudes et qu’il veut vider en priorité, et celles des autres réacteurs.

Neuf emballages similaires étaient déjà à Fukushima au moment du tsunami de mars 2011, remplis de barres usées. Ils ont résisté à l’impact de la vague géante, a expliqué Tepco, ce qui d’après Areva illustre la sûreté de ce système de stockage du combustible.