Veolia, revenu dans le vert, met les bouchées doubles sur sa dette

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à Paris. (Photo : Eric Piermont)

[28/02/2013 16:03:24] PARIS (AFP) Veolia Environnement, revenu dans le vert en 2012, a nettement relevé jeudi son objectif de désendettemement cette année après avoir pris de l’avance sur ce point clé de sa restructuration en cours, une annonce bien reçue en Bourse mais en partie due à des opérations comptables.

Le numéro un mondial de l’eau et des déchets entend désormais ramener sa dette nette, devenue problématique ces dernières années, entre 8 et 9 milliards d’euros à la fin de l’année, contre un objectif de 12 milliards jusqu’à présent.

Cette cible a en effet été franchie dès la fin 2012, avec un endettement net réduit à 11,3 milliards d’euros à la faveur de deux grandes cessions dans les déchets aux Etats-Unis et dans l’eau au Royaume-Uni ainsi qu’une mise en équivalence comptable de la régie de l’eau à Berlin.

“Les résultats présentés aujourd’hui sont ceux d’une bonne trajectoire, et pas seulement d’une éclaircie”, a fait valoir le PDG Antoine Frérot lors d’une conférence de presse, en soulignant que la dette avait été résorbée de plus de cinq milliards en quatre ans.

“Nous sommes en avance sur notre plan de marche, nous avons désendetté le groupe plus rapidement que prévu, recentré nos opérations et réduit nos coûts”, a-t-il souligné.

L’an passé, Veolia est revenu dans le vert avec un bénéfice net nettement supérieur aux attentes de 394 millions d’euros, contre une perte de 490 millions en 2011 due à de lourdes dépréciations.

Dans les premiers échanges à la Bourse de Paris, le titre du groupe a bondi de plus de 6%, repassant la barre des 10 euros par action, avant de freiner au fur et à mesure de la séance (+1,05% à 9,61 euros vers 16H20)

Pour atteindre son nouvel objectif de dette, Veolia a relevé d’un milliard son objectif de cessions, ce qui devrait correspondre au montant réalisé en 2013 après les quelque 5 milliards bouclés en 2012 (Berlin inclus), selon M. Frérot.

Un autre coup de pouce pour la dette viendra de l’émission obligataire dite hybride de 1,5 milliard d’euros menée par Veolia en janvier, qui a l’avantage d’être comptablement considérée comme des fonds propres et non comme de la dette.

Cette opération a permis “de relâcher la pression des ratios des agences de notation”, a souligné le directeur financier Pierre-François Riolacci.

Un analyste parisien sous couvert de l’anonymat a néanmoins précisé qu’il réintégrait à titre personnel à 100% cette dette hydride comme la dette classique.

“Que pour une question de pub, M. Frérot arrive le matin pour présenter ses résultats aux journalistes en disant +on désendette de 1,5 milliard de plus parce qu’on a fait une hybride+, ça s’appelle de la communication”, a-t-il ironisé.

Le même analyste a néanmoins souligné que les chiffres de désendettement annoncé par le groupe étaient meilleurs qu’attendus et ce “sans la dette hybride”.

Côté opérationnel, la situation reste plus contrastée, même si le deuxième semestre a vu la situation s’améliorer selon Veolia. Le chiffre d’affaires a aussi dépassé les attentes, avec une hausse de 3% à 29,4 milliards d’euros, soit 300 millions de plus que ce prévoyaient les analystes.

En revanche, les bénéfices net et opérationnel hors éléments exceptionnels sont tous deux orientés à la baisse.

Les bénéfices opérationnels dans l’eau (41% du chiffre d’affaires) ont continué à fondre (-22,5%) malgré une petite hausse des ventes (+1,3%), à cause notamment de l’impact de la renégociation à la baisse de renouvellements de contrats en France.

Dans l’énergie, la coentreprise avec EDF Dalkia (26% des ventes) a elle aussi vu sa rentabilité diminuer (-22,5%), malgré une nette hausse du chiffre d’affaires (+7,4%) due au bond des prix de l’énergie.

La division déchets (31% du chiffre d’affaires) résiste un peu mieux (-14,6%) côté bénéfices avec un chiffre d’affaires dans le vert (+0,8%) malgré l’impact de la crise économique sur les volumes de déchets produits.

Comme en 2012, l’ex-Générale des Eaux ne fixe pas d’objectifs financiers précis pour 2013, “deuxième année de la transformation”, à l’exception d’un dividende 2013 égal à celui de 2012, à 0,70 euro et d’un flux de trésorerie positif.

Veolia, qui a relevé à 170 millions d’euros en 2013 l’impact positif de son plan d’économies, a également laissé entendre qu’il pourrait accroître cette cible début mai.

La stratégie menée par Antoine Frérot, qui a été l’objet de très forts remous avec son prédécesseur Henri Proglio, consiste notamment à se recentrer sur 40 pays fin 2013 (48 à fin 2012) contre 70 auparavant.

Parmi les priorités figurent les nouveaux besoins industriels (démantèlement nucléaire, déchets spéciaux, eau pour les gaz de schiste…) ainsi que l’Europe de l’Est, l’eau en Chine et les déchets au Royaume-Uni.