EADS prévoit une croissance modérée en 2013 après des résultats brillants

[27/02/2013 16:11:28] BERLIN (AFP) Le groupe EADS a annoncé mercredi des résultats supérieurs aux prévisions qui ont réjoui la bourse mais prévu une croissance modérée en 2013, en raison des difficultés du super-jumbo A380 d’Airbus qui ralentissent les livraisons.

Le groupe d’aéronautique et de défense est également resté prudent sur son futur long-courrier A350, attendu fin 2014, pour lequel il a passé des charges de 124 millions d’euros l’année dernière.

“Le programme A350 demeure très ambitieux. Toute modification du calendrier pourrait avoir un impact croissant sur les provisions”, a prévenu le directeur financier du groupe Harald Wilhelm lors de la présentation des résultats à Berlin.

Le résultat opérationnel avant éléments non récurrents s’est élevé à 3 milliards d’euros, une hausse spectaculaire de 68%. L’objectif pour 2013 est de 3,5 milliards.

“EADS ne devrait connaître qu’une croissance modérée” en 2013, notamment en raison du ralentissement des livraisons de l’A380 et sur base d’un taux de change de 1,35 dollars pour un euro, a déclaré le président exécutif du groupe, Tom Enders.

Airbus, la principale division d’EADS, est en train de réparer des éléments de structure des ailes du super-jumbo sur lesquels sont apparus des micro-fissures, et ne prévoit de livrer que 25 de ces appareils cette année, contre 30 l’année dernière. Les réparations l’ont obligé à passer des charges de 251 millions d’euros.

Ce résultat a été bien reçu à la bourse de Paris, où le titre EADS s’est envolé de plus de 6 % à la mi-journée, dépassant pour la première fois les 37 euros. Il est supérieur au consensus des analystes, qui tablait sur 2,87 milliards, “malgré les importantes charges liées aux programmes A380 et A350”, a relevé un analyste parisien.

Le bénéfice net a enregistré une progression de 19% de son bénéfice net (1,228 milliards contre 1,03 milliard en 2011).

Le chiffre d’affaires a quant à lui progressé de 15%, à 56,5 milliards, grâce à l’augmentation des livraisons d’Airbus et les fortes progressions de sa filiale Eurocopter, numéro un mondial des hélicoptères civils, et de la division espace Astrium, portées par les activités de service.

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ésentation des résultats le 27 février 2013 à Berlin (Photo : John Macdougall)

Le carnet de commandes du groupe a continué à progresser pour atteindre 566 milliards d’euros, soit sept ans d’activité, selon M. Wilhelm.

Et le directeur de la stratégie, Marwan Lahoud, n’a pas caché que les problèmes du Boeing 787 donnaient un coup de pouce à Airbus.

“Pour les avions comme le 787, quand ils affichent un retard, les compagnies aériennes (…) doivent chercher des solutions alternatives. C’est une aubaine, notamment pour l’A330”, a-t-il dit à l’AFP.

Cassidian, la division défense, est la seule a avoir vu son chiffre d’affaires reculer légèrement et son résultat opérationnel est en forte baisse (142 millions contre 331 en 2011) en raison de charges de restructuration.

La réduction des budgets de la défense a également touché Eurocopter, qui a passé une charge de 100 millions en raison de la réduction attendue des commandes d’hélicoptères de l’armée allemande.

EADS n’envisage pas pour autant renoncer à son activité défense, une hypothèse évoquée après l’échec en octobre de sa tentative de fusion avec le fabricant d’armes britannique BAE Systems.

“Cette compagnie restera un acteur de premier plan dans la défense”, a assuré Tom Enders. Avec ses hélicoptères et ses Airbus de transport militaire, les missiles, les chasseurs Eurofighter et les radars de Cassidian, le groupe a réalisé 12 milliards de chiffre d’affaires dans la défense.

“Ce n’est probablement pas une mauvaise période pour avoir une activité défense modeste”, a concédé M. Enders, en relevant que Boeing en ce moment préférait mettre l’accent sur son activité commerciale.

M. Enders n’a pas voulu esquisser la nouvelle stratégie du groupe avant d’en discuter avec le nouveau conseil d’administration, qui doit être confirmé par l’assemblée générale fin mars. Les actionnaires doivent entériner un changement de gouvernance décidé en décembre, qui doit le rendre plus indépendant des gouvernements européens qui l’ont créé en 2000.

Mais M. Lahoud, a d’ores et déjà exclu un retour de la tentative de fusion avec BAE Systems: “l’affaire est morte”, a-t-il assuré à l’AFP.