Petroplus attend avec angoisse d’hypothétiques repreneurs

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ée du site, le 5 novembre 2012 (Photo : Charly Triballeau)

[05/02/2013 05:36:41] ROUEN (AFP) Les 470 salariés de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne (Seine-Maritime) attendent avec angoisse de savoir si des offres de reprise crédibles sur leur raffinerie en difficulté vont être déposées mardi, alors que Matignon a estimé lundi soir “limitées” les chances de trouver un acheteur.

“C’est un dossier difficile sur lequel l’Etat s’est beaucoup mobilisé, mais les chances de succès sont limitées. Nous avons évoqué comment serait financé un plan social dans l’hypothèse où le tribunal ne jugerait aucune offre crédible”, ont indiqué à la presse les services de Matignon après une rencontre de deux heures trente entre l’intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC du site et les conseillers du Premier ministre.

Selon Yvon Scornet, porte-parole de l’Intersyndicale, les candidats à la reprise ont jusqu’à 17h00 mardi pour déposer une offre auprès de l’administrateur judiciaire qui le cas échant communiquera la ou les offres au tribunal de commerce de Rouen vraisemblablement mercredi matin.

S’il y a lieu le tribunal de commerce fixera une date d’audience d’ici deux à trois semaines pour examiner les éventuelles offres, selon M. Scornet.

A la sortie de Matignon le syndicaliste, a indiqué que “La plus grosse discussion a été sur le fait de dire: +demain (mardi, ndlr), ce sera peut-être une défaite+, donc on va passer à autre chose”.

“Pour eux, il n’y a pas de proposition qui émerge”, a-t-il regretté.

Toutefois, selon lui, le gouvernement a par ailleurs “annoncé qu’il discutait actuellement avec Shell”, exploitant historique du site, qui avait cédé la raffinerie à Petroplus en 2007.

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à Matignon, à Paris, le 4 février 2013 (Photo : Kenzo Tribouillard)

La piste la plus crédible aux yeux des salariés demeurait lundi celle de NetOil, basée à Dubaï et contrôlée par l’homme d’affaires libano-américain Roger Tamraz, et qui va “peut-être s’associer à d’autres”, selon M. Scornet.

Redémarrage possible mais coûteux

Le représentant en France de NetOil, Dominique Paret, a confirmé à l’AFP lundi après-midi que la société comptait toujours déposer une offre.

Mais vendredi des sources concordantes à Paris avaient estimé que celle-ci était loin du compte.

L’intersyndicale évoquait en outre lundi de “nouveaux venus” et de possibles “fusions” entre différentes propositions.

Une piste sud-libyenne a ainsi émergé, avec une société baptisée Murzuk et basée dans la ville du même nom, a indiqué M. Scornet qui se bat depuis plus d’un an pour le site de Petit-Couronne.

L’intersyndicale a en outre vivement critiqué dans un communiqué lundi après-midi le gouvernement lui reprochant d’avoir dissuadé une société iranienne de déposer une offre de reprise.

L’Iranien Tadbir Energy Development Group “s’est retiré” car “le gouvernement a tout fait pour écarter cette offre”, a dit M.Scornet.

La piste iranienne est compliquée par les sanctions pétrolières en vigueur contre le régime islamique, selon plusieurs sources à Paris.

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La raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, le 5 novembre 2012 (Photo : Charly Triballeau)

Quant à la piste irakienne, évoquée encore vendredi avec Jabs Gulf Energy Ltd, “je n’y crois pas trop”, a confié M. Scornet.

L’intersyndicale a appelé à un “grand rassemblement” mardi midi devant le site pétrolier.

L’hypothèse d’une nationalisation a également été évoquée ces derniers mois par l’Intersyndicale. Mais François Hollande, qui s’est rendu début janvier à Petit-Couronne, y a dit que l’Etat ferait son “devoir” mais ne pourrait être le repreneur.

Mi-décembre un contrat de six mois négocié avec Shell par l’ancien gouvernement lors de l’élection présidentielle a pris fin, entraînant la “mise sous cocon” de la raffinerie, dont le redémarrage reste possible mais coûteux.

Du fait de cet arrêt, “la mariée est moins belle”, avait fait remarquer vendredi M. Paret.

Un comité d’entreprise extraordinaire est prévu le 6 février après-midi.

Ouvert en 1929, le site de Petit-Couronne est menacé depuis plus d’un an: dans la foulée de l?effondrement de sa maison mère Petroplus, la raffinerie a déposé son bilan le 24 janvier 2012. Elle a été placée en liquidation judiciaire le 16 octobre, avec poursuite de l’activité pour deux mois.