Japon : le Premier ministre lance un plan économique et critique la Chine

[11/01/2013 08:22:42] TOKYO (AFP) Le Premier ministre conservateur japonais Shinzo Abe a lancé vendredi un plan de soutien économique massif afin de sortir le pays de l’ornière, profitant de la tribune pour critiquer vertement la Chine où les sociétés nippones pâtissent d’un conflit diplomatique.

M. Abe a détaillé des “mesures d’urgence” de 20.000 milliards de yens (175 milliards d’euros), censées en finir avec les maux qui grippent la machine économique depuis des années.

“Il est extrêmement important de mettre un terme à la déflation prolongée et à la cherté du yen”, a insisté le chef du gouvernement entré en fonction le 26 décembre après la victoire écrasante de son Parti Libéral-Démocrate (PLD) aux élections législatives anticipées dix jours auparavant.

Ce train de dispositions exceptionnelles est censé générer la création de 600.000 emplois et un surcroît de croissance de 2 points de pourcentage lors de la prochaine année budgétaire (mars 2013 à avril 2014).

“Le renforcement de la compétitivité industrielle et l’emploi sont les rouages indispensables pour revitaliser l’économie”, a souligné M. Abe lors d’une conférence de presse.

Le montant total comprend 10.300 milliards de yens (90 milliards d’euros) de dépenses étatiques ainsi que les contributions financières des collectivités locales et entreprises privées.

Il s’agit d’un des plus gros dispositifs de soutien avec ceux qui avaient été mis en oeuvre lors de la crise financière mondiale de 2008-2009, mais “il ne s’agit pas de saupoudrage”, a insisté le chef du gouvernement.

Quelque 3.800 milliards de yens (35 milliards d’euros) seront alloués par l’Etat à la reconstruction du nord-est ravagé par le séisme, le tsunami et l’accident nucléaire du 11 mars 2011, ainsi qu’à la remise en état des ponts, tunnels et autres infrastructures publiques vieillissantes.

Une somme de 3.100 milliards (près de 30 milliards d’euros) viendra appuyer l’activité des entreprises et leur expansion internationale, en les aidant à lutter contre des taux de change défavorables et à développer des produits et services nouveaux. Un accent particulier sera mis sur la recherche et le développement dans des domaines tels que l’énergie, l’agriculture, les matériaux et ressources rares, la santé.

M. Abe a en outre de nouveau martelé l’importance d’un “travail main dans la main avec la banque centrale du Japon (BoJ)” pour en finir avec la baisse continue des prix qui freine l’activité, l’investissement, la progression des salaires et la consommation.

Quitte à faire fi du statut d’indépendance de l’institution, il la pousse depuis des semaines à mettre les bouchées doubles en portant notamment à 2% sont objectif d’inflation, ce que le comité de politique monétaire doit effectivement étudier lors de sa prochaine réunion fin janvier.

Avec ce coup de levier financé par l’émission de nouveaux bons du Trésor, en dépit d’un endettement déjà monstrueux, le gouvernement espère réactiver les engrenages économiques, étrillant au passage le précédent exécutif de gauche accusé de n’avoir rien fait, sinon mettre le pays sens dessus-dessous.

M. Abe a aussi tancé la Chine qui, selon lui, maltraite les entreprises nippones.

“S’en prendre, à des fins politiques, aux compagnies japonaises et aux ressortissants nippons qui se trouvent en Chine où ils contribuent à l’économie (du pays), ce n’est pas correct de la part d’un Etat responsable”, a déclaré M. Abe.

Et d’ajouter: “non seulement cela affecte les relations bilatérales, mais en plus cela a un impact très négatif sur l’économie chinoise elle-même”.

Des manifestations violentes et destructions de biens nippons ont eu lieu en septembre dernier en Chine, après la nationalisation partielle par le Japon d’un petit archipel, les Senkaku, à 200 km au nord-est des côtes de Taïwan et 400 km à l’ouest de l’île d’Okinawa (sud du Japon). Ces îlots sont administrés par le Japon, mais la Chine les revendique sous le nom de Diaoyu.

Depuis, les relations sino-japonaises sont ultra-tendues, Pékin envoyant régulièrement ses bateaux et avions autour des territoires disputés au grand dam des forces armées et garde-côtes nippons dont les moyens vont aussi être renforcés dans le cadre du plan de relance.