La possible ouverture du marché des pièces auto préoccupe les constructeurs

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Des automobiles (Photo : Philippe Huguen)

[08/10/2012 17:24:18] PARIS (AFP) La proposition de l’Autorité de la concurrence d’ouvrir le marché des pièces automobiles pour faire baisser les prix, fâche les constructeurs qui redoutent un impact négatif de cette mesure sur la filière, notamment en termes d’emploi.

“Nous sommes conscients de rendre publique une vérité qui dérange mais nous le faisons après avoir passé au crible, et sans concession, le fonctionnement de la concurrence dans le secteur”, a déclaré lundi Bruno Lasserre, président de l’Autorité de la concurrence (ADLC).

L’Autorité préconise dans un avis la levée, sur quatre à cinq ans, du monopole sur les pièces détachées visibles (ailes, capots, pare-chocs, rétroviseurs, etc.), le principe de l’ouverture pouvant être fixé par la loi et l’échéancier prévu par décret.

Cette orientation, appelée “clause de réparation”, a déjà été adoptée en droit par onze pays de l’UE et, dans les faits, aux États-Unis et en Allemagne.

En France, en revanche, seuls les grands constructeurs comme Renault et PSA peuvent produire et vendre les pièces de rechange visibles pour protéger leur propriété du design de leurs véhicules.

Ils détiennent ainsi, selon l’Autorité de la concurrence, un “véritable monopole légal sur plus de 70% des ventes de pièces”.

Autre constat de l’Autorité: alors que les dépenses par véhicule sont en baisse constante depuis dix ans, notamment en raison d’une meilleure fiabilité des voitures, on assiste à une augmentation des prix de l’entretien et de la réparation, de l’ordre de 30% sur la même période.

Une proposition qui menacerait 2.200 emplois

“La France est quasiment le seul pays d’Europe dans lequel le prix des pièces détachées a augmenté depuis le début des années 2000”, relève Bruno Lasserre.

L’UFC-Que Choisir, qui avait dénoncé fin septembre le prix des réparations automobiles, a accueilli “avec une réelle et profonde satisfaction” l’avis de l’Autorité de la concurrence qui confirme “le caractère sclérosé de ces marchés”.

L’Autorité souligne ainsi que le monopole des constructeurs français “est plus qu’une exception en Europe, c’est un véritable privilège très chèrement payé par les consommateurs”, a indiqué l’association dans un communiqué.

A l’inverse, les organisations professionnelles de la filière automobile (CCFA, CSIAM et CNPA) ont elles dénoncé “l’incohérence et les erreurs d’analyse du rapport”.

Dans un communiqué commun, elles jugent que l’Autorité a sous-estimé “le vrai degré de concurrence sur le marché de l’après-vente” et qu’avec “un diagnostic de départ erroné, ses recommandations “sont donc totalement injustifiées”.

Elles considèrent, enfin, que si l’avis était suivi, il “conduirait à une destruction d’activité et des pertes d’emplois dans la filière industrielle, estimés à plus de 2.200 personnes”.

Un argument que réfutent les Sages de la rue de l’Echelle qui rappellent que les constructeurs “ne fabriquent pas la totalité des pièces, une grande partie d’entre elles étant confiée aux équipementiers de première monte (qui produisent les pièces destinées au véhicules neufs)”.

Selon eux, l’ouverture à la concurrence et la baisse des prix qui s’en suivra devraient, au contraire, entraîner une hausse de l’activité et de l’emploi.

“Près de 40% des automobilistes ne sont assurés qu’au tiers et laissent facilement leur portière cabossée”, souligne Etienne Pfister, rapporteur général adjoint à l’ADLC. “On peut penser qu’ils la remplaceront si le prix des pièces diminue”, ajoute-t-il.

Dans son avis, l’Autorité a également réclamé une clarification des clauses de garantie ou d’extension de garantie des constructeurs notamment sur la possibilité du consommateur de pouvoir faire réparer son véhicule dans une enseigne indépendante plutôt que chez un réparateur agréé.

Sur ce point, elle relève en effet que 60% des automobilistes pensent perdre le bénéfice de la garantie s’ils entretiennent leur voiture en dehors du réseau constructeur.