Tunisie – Ener-WESF 2012 : L’impératif de l’énergie verte

energies-renouvlables-0309.jpgDans les années à venir, l’énergie sera au développement économique ce que l’eau est à la vie, c’est-à-dire un intrant indispensable. L’enjeu prend un relief stratégique. Il faudra produire de l’énergie à faible coût pour rester dans la compétition. Le basculement vers l’énergie verte devient un impératif. La question de la sécurité énergétique pour un pays devient une question de sécurité nationale.

Tunis abritera, du 14 au 16 novembre prochain, la première édition du forum mondial des énergies durables Ener-WESF 2012 (Lire notre article). Ne nous y trompons pas, ce sera un «sommet économique» d’importance. L’énergie occupe, encore plus que par le passé, le rôle de veine nourricière de la croissance de demain.

L’initiative de ce rendez-vous mondial que nous devons à Atlas consult et Expo Services international, est placée sous la tutelle du ministère de l’Industrie et de la Technologie. Cette tutelle vaut double consécration, car l’énergie c’est la clé pour la compétitivité de l’industrie nationale autant qu’un test vérité pour l’acquisition des technologies dédiées à la production de l’énergie verte.

De toutes les contraintes, celle de l’énergie sera la plus coercitive car la plus difficile à desserrer. Il ne faut pas rater la marche énergétique si l’on ne veut pas tomber dans une fatalité de léthargie économique.

Après les révolutions industrielle et numérique, la révolution énergétique

Toutes les composantes de la société et les opérateurs de la vie économique prendront part à l’événement. Les gouvernements, les institutions multilatérales, les chercheurs autant que les consultants et naturellement les chefs d’entreprise seront de la partie. Elle se profile lentement mais elle arrive sûrement, la révolution énergétique.

Des instruments récents et des technologies nouvelles ont fait leur entrée sur la scène. On ne pourra plus produire de l’électricité dans quelques années avec du pétrole. Non point que c’est ringard mais les exigences du développement durable et les lois de la modernité économique l’ont déclassée et mise hors marché. Des technologies nouvelles sont apparues. Comme l’on peut s’y attendre, elles nous sont étrangères. Seule note favorable au tableau, l’expertise de nos ingénieurs et consultants.

Un nouveau paradigme énergétique

C’est peut-être l’existence de ce corps d’experts qui a fait que notre pays puisse abriter une manifestation d’une telle envergure. Tout le tissu économique fait focus sur les énergies durables, à présent. Le partenariat Université-industrie a généré des technologies propres dites «vertes» qui apportent une solution globale à la filière énergétique. Des process et des solutions sont packagés de sorte à organiser un marché mondial de l’énergie à partir du solaire ou de l’éolien. L’ennui est que les solutions nationales peuvent faire obstruction à une stratégie d’ensemble au niveau des regroupements régionaux et surtout du continent africain. L’Afrique possède là une monnaie d’échange précieuse.

Un agenda africain

Le Forum compte abriter, selon les organisateurs, un forum politique. Ce serait fabuleux si une initiative africaine pourrait émerger. Pour un sommet de cette importance, il serait utile de sortir avec un agenda africain. Il se trouve que la BAD (Banque africaine de développement) est très sensible à la question et un département entier est sur pied pour le suivi du dossier de l’énergie. C’est Héla Cheikhrouhou, ex-Citicorp et Banque mondiale qui veille sur cette structure.

Si le continent pouvait disposer de moyens adéquats pour acheter les technologies en question, il ferait un grand pas vers son affranchissement énergétique et peut-être même économique. Il est aisé d’imaginer le continent vendre son excédent d’énergie verte sur le marché international. Etant l’une des régions les mieux dotées par la nature, s’il entreprenait de produire de l’électricité à son propre compte pour la replacer sur le marché international, il disposerait d’une rente inépuisable. Elle lui permettrait d’avoir un affluent durable pour rattraper son retard en infrastructure et faire sa mise à niveau économique. A défaut, la dépendance énergétique perpétuera sa dépendance économique.

Si on réfléchit chacun pour soi, on essuiera le retour de bâton de notre atomicité. Que l’on réfléchisse un peu sur les torts que nous causent notre absence de concertation et le déficit d’intégration pour l’industrie, pour la monnaie autant que pour la santé et l’agriculture. Faut-il reproduire cela, une fois encore, pour l’énergie?