Budget : Ayrault ouvre la porte à une réduction de la prévision de croissance

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été du Parti socialiste, le 26 août 2012 à La Rochelle (Photo : Pierre Andrieu)

[27/08/2012 19:58:33] PARIS (AFP) Jean-Marc Ayrault a ouvert la porte lundi à une réduction de la prévision de croissance pour 2013, fixée à 1,2% mais jugée inatteignable par la plupart des économistes, ce qui impliquera un tour de vis budgétaire supplémentaire pour que la France tienne ses engagements financiers.

“Il faudra peut-être réduire un peu” l’hypothèse de croissance sur laquelle sera bâti le budget 2013, a reconnu le Premier ministre sur France 2.

Il n’a pas chiffré cette future révision à la baisse, mais il a promis un budget “honnête, sincère, réaliste et volontariste”, tout en regardant “la réalité en face” et admettant “une baisse de croissance partout, même” en Allemagne.

Dès sa prise de fonction, le chef du gouvernement avait ramené l’objectif de croissance à 0,3% pour cette année et 1,2% l’an prochain, contre 0,7% et 1,7% espérés par la précédente majorité de droite.

Mais depuis quelques semaines, tous les indicateurs tournent au rouge, de la production industrielle à la consommation des ménages. Les derniers chiffres du chômage, publiés lundi, font aussi état d’une explosion du nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité, qui a enregistré en juillet sa plus forte hausse depuis trois ans et frôle désormais les trois millions en métropole.

L’activité économique est donc au point mort: la France est entrée dans une phase de croissance zéro, avec trois trimestres consécutifs de stagnation depuis l’automne 2011.

Le Fonds monétaire international ne table plus que sur une progression de 0,8% de l’économie française en 2013 et la prévision moyenne des économistes s’établit à seulement 0,5%.

“Entre 0,8% et 1%”

Alors que le ministre de l’Economie Pierre Moscovici affirmait encore mi-août qu’une nouvelle révision à la baisse n’était “pas d’actualité”, Jean-Marc Ayrault avait commencé, la semaine dernière, à préparer les esprits à un changement de position.

“On s’adaptera en fonction de l’évolution”, avait déclaré mercredi le chef du gouvernement, avant de promettre, dans le Journal du dimanche, une hypothèse de croissance “raisonnable, réaliste et crédible”.

Le débat, au sein du gouvernement, porte maintenant sur l’envergure de la révision. “Ce ne sera pas 1,2%, tout le monde est d’accord pour dire que ce serait insincère, on va l’abaisser”, glissait-on, avant même l’aveu du Premier ministre, de source gouvernementale. Selon cette source, la nouvelle prévision, inscrite dans le projet de loi de finances qui sera dévoilé fin septembre, devrait être comprise “entre 0,8% et 1%”.

La place précise du curseur sera déterminante, puisque, selon Bercy, 0,1 point de croissance en moins signifie qu’il faut trouver un milliard d’euros supplémentaire pour tenir les engagements de réduction du déficit public.

Le gouvernement pourrait donc devoir chercher de deux à quatre millards d’euros supplémentaires pour rester dans les clous.

Il s’est en effet engagé à ramener le déficit l’an prochain à 3% du produit intérieur brut (PIB), contre 4,5% attendus cette année. Un effort de réduction des dépenses et de hausses d’impôts chiffré à 33 milliards d’euros par la Cour des comptes, sur la base d’une croissance de 1%. La dureté du plan d’austérité — un terme que récuse la majorité de gauche — dépendra donc en partie de ce choix.

Pour autant, une prévision encore trop optimiste et qui s’avérerait irréalisable contraindrait la France, si elle veut tenir coûte que coûte ses promesses européennes, à adopter un nouveau tour de vis au cours de l’année 2013.