Japan Airlines revient en Bourse trois ans après son dépôt de bilan

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éroport de Tokyo, le 3 août 2012 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[03/08/2012 06:09:59] TOKYO (Japon) (AFP) La compagnie aérienne Japan Airlines (JAL) va revenir en Bourse moins de trois ans après sa radiation du marché à la suite d’un dépôt de bilan, un spectaculaire retour en grâce qui pourrait lui permettre de lever l’équivalent d’au moins 5 milliards d’euros.

La Bourse de Tokyo a autorisé vendredi la compagnie à se réintroduire sur le marché le 19 septembre, sans préciser dans l’immédiat dans quelle section serait cotée l’action. Cette opération pourrait constituer la plus importante introduction en Bourse de l’année au Japon.

Le président de JAL, Yoshiharu Ueki, a exprimé sa “gratitude” à l’égard des banques qui avaient effacé une bonne part de leurs créances et des anciens actionnaires qui avaient perdu leur mise lors de la faillite de janvier 2010.

Exsangue à l’époque, l’ex-fleuron du secteur au Japon a survécu grâce au soutien financier des pouvoirs publics dans le cadre d’un redressement judiciaire.

La quasi-intégralité de son capital (près de 97%) appartient à l’heure actuel à l’Etic, un organisme semi-public de redressement des entreprises qui a accompagné la restructuration de JAL, le reste étant aux mains des dirigeants de la compagnie et de ses banques.

Le plan présenté vendredi prévoit que l’Etic va mettre sur le marché la totalité des 175 millions d’actions qu’il possède, au profit de la compagnie. JAL n’a fourni aucune indication sur le montant qu’elle espère lever à cette occasion, mais les médias évoquaient un montant compris entre 500 et 700 milliards de yens (5 à 7 milliards d’euros).

Le prix initial de l’action sera fixé le 10 septembre et le titre offert à l’achat du 11 au 14 septembre, a précisé la compagnie.

“Nous pourrons rendre à l’Etat les 350 milliards de yens investis par l’Etic grâce à cette émission d’action”, a souligné M. Ueki, assurant que des dividendes réguliers seraient versés aux actionnaires.

Le président a qualifié ce retour en Bourse de “nouveau départ” pour la compagnie après les turbulences subies ces dernières années.

Depuis sa faillite, la plus importante recensée au Japon hors secteur financier, JAL a drastiquement réduit la voilure pour diminuer ses dépenses.

Elle a supprimé les liaisons déficitaires, cédé des activités, fermé des représentations à l’étranger, abandonné les avions très gros porteurs et voraces en carburant et accentué le recours aux partenariats.

JAL a réduit d’un tiers son personnel, se séparant de quelque 16.000 salariés, via des départs en retraite anticipés, des démissions volontaires moyennant compensation et des reventes de filiales dans l’hôtellerie et les services logistiques. Elle a aussi licencié 170 personnes, n’étant pas parvenue à atteindre ses objectifs de départs volontaires.

La compagnie est désormais redevenue rentable. Outre ses réformes de structure, elle a profité ces derniers mois de la mise en service du nouveau Boeing 787 qui lui permet de faire des économies de kérosène et d’une propension des Japonais à voyager à l’étranger pour profiter de la flambée du yen.

Des prix du pétrole relativement élevés et les soubresauts de la conjoncture mondiale pourraient toutefois peser sur ses résultats annuels. Pour l’ensemble de son exercice budgétaire (avril 2012-mars 2013), elle table sur un profit net en baisse de 30% à 130 milliards de yens (1,3 milliard d’euros au taux de change actuel).

La nouvelle rentabilité brandie par la compagnie inquiète toutefois certains observateurs qui jugent artificielle la présentation des comptes du groupe (dont le passif a été purement et simplement effacé), et doutent de la réalité de la renaissance du porte-drapeau nippon.

Des analystes soulignent en outre que la période choisie pour ce retour en Bourse n’est pas la meilleure, alors que les marchés financiers sont malmenés par la crise d’endettement en Europe.