La crise du logement neuf s’aggrave en France, sans perspective d’embellie

photo_1338361154332-1-1.jpg
ésidence en construction à Lille, dans le nord de la France (Photo : Philippe Huguen)

[30/05/2012 06:59:59] PARIS (AFP) Mauvaise nouvelle pour le nouveau gouvernement: la crise du logement neuf s’aggrave avec une chute des ventes et un plongeon des mises en chantier, sans perspective d’amélioration à brève échéance au regard du nombre également en repli des permis de construire accordés.

Selon les chiffres publiés mercredi par le ministère du Logement, les ventes de logements neufs par les promoteurs ont chuté de 14,4% sur un an au premier trimestre 2012.

Les mises en chantier ont pour leur part plongé de 22,5% de février à avril, par comparaison aux trois mêmes mois de 2011. Le recul est moins sévère pour les permis de construire, dont le nombre accuse tout de même un repli de 2,0%.

“Le plongeon s’accentue. Plus aucun segment du marché n’y échappe. Après le secteur individuel, c’est le collectif qui est touché, aussi bien pour le privé que pour le social”, explique à l’AFP Michel Mouillart, professeur d’économie à l’Université Paris-Ouest et expert du secteur.

Les mises en chantier ont diminué de près de moitié entre décembre et avril. Devant l’ampleur du phénomène, l’universitaire révise à la baisse sa prévision pour 2012: il n’en attend plus que 320.000 à 340.000 (contre 345.000 à 350.000 précédemment). Un tel niveau serait le plus bas depuis 2004, hormis la catastrophique année 2009 (299.913).

“L’objectif de 500.000 logements neufs par an (ndlr, affiché par François Hollande durant la campagne présidentielle) est mal parti pour 2013 et les années suivantes à moins qu’il y ait des décisions rapides sur les stratégies à mettre en oeuvre en matière d’aide au logement”, estime M. Mouillart.

Le dispositif fiscal “Scellier”, destiné aux investisseurs achetant des logements neufs pour les louer, sera bien supprimé comme prévu “au plus tard” le 31 décembre 2012, a confirmé mardi la ministre du Logement, Cécile Duflot, au président de la Fédération française du bâtiment (FFB), Didier Ridoret.

Le prix au m2 toujours en hausse

En 2008, alors que les ventes des promoteurs s’étaient effondrées de 40% en raison de la crise mondiale, le gouvernement avait mis en place un taux de réduction d’impôt dit “Scellier”, soit 25% du prix d’achat étalé sur neuf ans. Les promoteurs admettent désormais qu’il avait été “calibré trop haut”.

La conjoncture et le “coup de rabot” sur le “Scellier”, avec un taux ramené à 13% cette année, ont incité de nombreux promoteurs à fortement ralentir le lancement de nouveaux programmes et le dépôt de permis de construire en raison de la chute des ventes.

“Même si nous n’avons pas de stock de logements à vendre, nous nous adoptons en ne lançant pas ou en réduisant la taille de certains programmes”, confie à l’AFP Mathias Bertojo, directeur général du promoteur Spirit.

Seulement 19.600 logements neufs ont été vendus par les promoteurs au premier trimestre 2012. Le taux officiel de baisse (14,4%) est toutefois moindre que celui de 25% avancé le 10 mai par la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).

“Seule une baisse des prix d’offre pourra, sur les marchés tendus, permettre désormais de réenclencher la marche en avant de la première accession” à la propriété, écrit Gilbert Emont, dans un livre à paraître en juin, “Logement: pronostic vital engagé” (Editions Economica).

Mais les prix continuent d’augmenter: au premier trimestre, le prix moyen au mètre carré des logements collectifs neufs affiche une hausse de 1,7% sur un an. Il s’est aussi accru de 2,9% dans le secteur individuel, selon le ministère.