Des eurobonds aux réformes structurelles, les idées sur la table de l’UE

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à Bruxelles (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[24/05/2012 14:43:00] BRUXELLES (AFP) Des réformes structurelles aux euro-obligations, de multiples pistes sont sur la table de l’Union européenne pour relancer la croissance et perfectionner la zone euro en vue du sommet décisif des 28 et 29 juin.

Les dirigeants des Vingt-Sept ont chargé mercredi soir le président de l’UE Herman Van Rompuy de présenter en juin un rapport définissant un calendrier et une méthode en vue d’un “approfondissement” de l’Union monétaire.

DOPER LES INVESTISSEMENTS EUROPEENS

C’est le sujet le plus avancé, qui devrait aboutir à un consensus fin juin sur divers instruments pour encourager les investissements:

– Le renforcement du capital de la Banque européenne d’investissement (BEI), bras financier de l’UE, qui peut notamment venir en aide aux PME. La Commission européenne propose de l’augmenter de dix milliards d’euros.

– Une meilleure “mobilisation” des fonds structurels, qui restent souvent en souffrance car ils ne peuvent être débloqués qu’en cas de cofinancement par les Etats. L’idée serait de limiter ce cofinancement et de les réorienter dans les domaines les plus porteurs.

– Des “project bonds”: il s’agit d’emprunts pour financer des grands chantiers, d’infrastructures ou dans les énergies nouvelles. Une phase pilote devrait être lancée pour un montant global espéré de 4,5 milliards d’euros.

Souvent cités comme des embryons d’euro-obligations, ils s’apparentent davantage à un montage financier visant à lever des fonds grâce à des garanties de la BEI et des partenariats public-privé.

LA TAXE SUR LES TRANSACTIONS FINANCIERES

La France défend cette taxe, et souhaite notamment utiliser ses recettes pour doper l’investissement. La Commission et d’autres pays, dont l’Allemagne, prônent aussi sa création, mais les avis divergent sur son utilisation (réduction des déficits, budget européen, aide au développement…). Bruxelles estime qu’elle rapporterait, au niveau de toute l’UE, plus de 50 milliards d’euros par an.

Le problème, c’est que certains pays n’en veulent pas, Royaume-Uni en tête. Paris plaide pour sa mise en place rapide par un groupe plus restreint, mais certains redoutent une fuite des capitaux.

LES EURO-OBLIGATIONS

Il s’agit du principal point de friction entre la France, qui prône leur instauration, et l’Allemagne, qui s’y oppose. Chacune compte des alliés: la Commission et l’Italie entre autres pour François Hollande, les Pays-Bas et la Finlande pour Angela Merkel. Selon Rome, une “majorité de pays” sont désormais favorables aux “eurobonds”.

Le principe, c’est d’émettre des emprunts communs, au niveau de la zone euro, pour mutualiser les risques et protéger les pays fragiles des attaques spéculatives. Cela permettrait aux Etats qui payent très cher pour emprunter, comme l’Italie ou l’Espagne, de bénéficier en partie des taux d’intérêt faibles versés par l’Allemagne ou la France.

Pour le président français, il s’agit de mutualiser la dette nouvelle.

Cela nécessiterait de réviser les traités de l’UE. Même s’ils sont retenus in fine au sommet de juin, ce sera dans une “perspective de long terme”, a prévenu Herman Van Rompuy.

LES REFORMES STRUCTURELLES

Angela Merkel et le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi en font le principal vecteur d’un retour de la croissance. Elles visent notamment à baisser le coût de la protection sociale ou à libéraliser le marché du travail, mais sont vues d’un mauvais oeil par les syndicats.

Bruxelles doit faire des recommandations à chaque Etat membre le 30 mai.

MARCHE INTERIEUR

Berlin et la Commission défendent un approfondissement du marché intérieur commun, notamment pour améliorer la mobilité de l’emploi.

REFORMES BANCAIRES

Paris et Rome prônent une ébauche de fédéralisme bancaire, avec une supervision “intégrée” et un “schéma commun de garanties des dépôts”.

François Hollande estime aussi que le fonds de secours de la zone euro, le Mécanisme européen de stabilité (MES), doit être autorisé à recapitaliser les banques fragiles “en lien avec la BCE”.