La croissance, “urgence” pour Hollande qui veut un compromis avec Berlin

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évrier 2011 sur un des terminaux du port de Marseille (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

[07/05/2012 13:26:13] PARIS (AFP) Croissance. Le mot fétiche de François Hollande revient depuis dimanche dans toutes les réactions étrangères à l’élection du nouveau président français, qui en fait une “urgence” pour l’Europe et veut trouver un compromis avec Berlin, inflexible sur la discipline budgétaire.

Le chef de l’Etat, qui prendra ses fonctions le 15 mai, est attendu par les dirigeants européens et les marchés sur sa promesse de “renégocier” le pacte de discipline budgétaire pour le “compléter” par une panoplie de mesures pour relancer une croissance atone sur le Vieux Continent.

Très offensif pendant la campagne, surtout vis-à-vis de la chancelière allemande Angela Merkel qui a inspiré le traité budgétaire signé début mars par 25 Etats de l’Union européenne, François Hollande n’a pas mis d’eau dans son vin une fois élu.

Il s’est immédiatement donné pour “mission” d’apporter “à la construction européenne une dimension de croissance, d’emploi, de prospérité”, avant de s’afficher en porte-parole des “peuples” qui, “dans toutes les capitales”, “veulent en terminer avec l’austérité”.

La nouvelle position de la France a reçu les soutiens de plusieurs pays, de la Belgique à l’Irlande en passant par l’Italie.

Pour autant, la partie s’annonce serrée. L’Allemagne a envoyé au nouveau président un double message: main tendue sur la croissance, fermeté sur l’austérité.

“Le pacte budgétaire n’est pas négociable”, a martelé lundi la chancelière conservatrice. “Il n’est pas possible de tout renégocier après chaque élection” car dans ces conditions “l’Europe ne fonctionne plus”, a-t-elle insisté.

François Hollande et Angela Merkel, qui composent le nouveau couple franco-allemand, se sont parlés dès dimanche soir et devraient se voir très rapidement après le 15 mai.

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çois Hollande en liesse le 6 mai 2012 à Tulle (Photo : Philippe Desmazes)

“A bras ouverts”

Le conseiller spécial du vainqueur de la présidentielle, Jean-Marc Ayrault, ne nie pas les “désaccords”. “Il y en a beaucoup en ce moment entre la France et l’Allemagne, en tous cas entre François Hollande et la politique de Mme Merkel”, a-t-il reconnu.

Mais pour lui, “relancer la croissance en Europe” est une “priorité” et même une “urgence”, car il serait impossible sans cela de réduire les déficits.

“Il faut que chacun fasse un pas vers l’autre”, a plaidé ce fin connaisseur de l’Allemagne, qui apparaît comme un possible Premier ministre. “Maintenant il va falloir travailler ensemble et il va falloir aussi que les Européens ne tardent pas à se réunir”, a insisté Jean-Marc Ayrault.

Angela Merkel a semblé acquiescer, en promettant d’accueillir son nouveau partenaire “à bras ouvert” pour travailler “bien et de façon intensive ensemble”.

La clé d’un possible compromis est probablement sémantique: François Hollande a expliqué pendant sa campagne que la “renégociation” du traité visait à le “compléter” avec un “volet croissance”. Or, Berlin, comme les institutions européennes, se montrent ouverts à la mise au point d’un “pacte de croissance”, pourvu qu’on ne touche pas au “pacte budgétaire”.

En outre, les propositions françaises reprennent des projets de Bruxelles et semblent avoir été choisies pour favoriser une solution consensuelle.

Il s’agit de financer des investissements européens, dans les infrastructures ou les énergies nouvelles, par plusieurs biais: emprunts européens, renforcement des capacités de la Banque européenne d’investissement, mobilisation des fonds structurels inutilisés et taxe européenne sur les transactions financières.

Finalement, le vrai bras de fer avec l’Allemagne risque d’intervenir si la crise de la dette repartait de plus belle, comme le laissent craindre l’issue incertaine des élections en Grèce et la fragilité de la situation en Espagne.

François Hollande a en effet dit que, face à la crise, il préconiserait une intervention plus directe de la Banque centrale européenne, voire la mutualisation des dettes de la zone euro via des euro-obligations. Deux sujets perçus, à Berlin, comme des casus belli.