Leoni Tunisie est vent debout devant les surenchères syndicales

leoni_tunisie-300x133.jpgLeoni, trust spécialisé dans le câblage automobile, qui a choisi de s’installer dans notre pays en 1977, à Sousse, employant à l’époque 30 ouvriers seulement pour atteindre aujourd’hui 14.000 agents d’exécution, éparpillés dans différents sites de production (Mateur, Boumhel, Sousse), est une multinationale allemande, disséminée dans 33 pays, affichant un chiffre d’affaires à hauteur de 3 milliards d’euros en 2010. Ce qui en dit long sur la bonne santé financière d’un groupe, objet de pressions, d’insinuations, de rumeurs, d’intox, de volontés de repositionnements politiques des uns et des autres et de surenchères syndicales, liées à la décision stratégique d’Ismaël Sahbani, ancien secrétaire général à la Place Mohammed Ali et actuel patron de l’Union des Travailleurs Tunisiens (UTT), emprisonné, sous l’ancien régime, pour abus de biens sociaux, de régler, nous dit-on, de vieux comptes avec ses camarades de l’UGTT, de se donner des leviers, de braconner sur les terres de sa rivale, de jouer un jeu de dupes pour «bordéliser» le climat social, d’arracher des pouvoirs publics la reconnaissance, d’obtenir le statut d’interlocuteur officiel, de peser dans les négociations sociales en cours, de réempoigner par les cheveux l’histoire qui va passer et d’être finalement partie prenante du nouveau contrat social en gestation. Au lendemain de la révolution du 14 janvier 2011.

Dans l’œil du cyclone et prenant acte de la montée des périls, associés à la fermeture, depuis une année, de 182 usines en relation avec la loi 72, à la perte de plus de 10.500 emplois et au déclin, disent les statistiques de la FIPA, de l’investissement étranger dans le pays à hauteur de 27,4% en 2011, la direction de Leoni Tunisie, dont certains membres n’ont pas hésité à accuser Ismaël Sahbani, secrétaire général de l’UTT et enfant de la région, de jeter de l’huile sur le feu, de tirer les ficelles d’un jeu dangereux et d’être à l’origine du climat délétère et exécrable au sein de l’usine, essaie de garder le cap au milieu des bourrasques, pousse la charrue du bon côté, appelle le syndicat de base de l’UTT à la retenue et à la responsabilité, évite les situations de blocage, fait les choses l’une après l’autre, fait un virage bord sur bord, dispose ses voiles, concède, esquive, argumente, réaffirme ses positions, entend tout peser, tout balancer, tout maîtriser au milieu de tant d’intérêts et de passions contradictoires, met en garde les uns et les autres contre les conséquences néfastes de la délocalisation de l’usine de Mateur, qui emploie 3.500 ouvriers, objet de grèves, de tentatives de déstabilisation et de sit-in, en Europe de l’est.

Après avoir clamé leur innocence et montré, à chaque crise sociale, patte blanche, les milieux syndicalistes, proches de l’UTT d’Ismaël Sahbani, qui n’ont bénéficié ni de la reconnaissance du gouvernement Essebsi ni celui de Hamadi Jebali, accusés par ailleurs d’intimidation et de violence à l’encontre des ouvriers de l’usine de Leoni Mateur pour les amener à épouser leurs mots d’ordre jusqu’au-boutistes, demeurent encore l’objet de toutes les défiances chez une bonne partie des acteurs économiques, de l’opinion publique tunisienne et de l’intelligentsia du pays, qui gardent des réflexes légitimistes envers l’UGTT, gardienne, à ses yeux, de pans entiers de la mémoire nationale, du combat des générations précédentes en faveur de la justice sociale et des libertés individuelles et collectives et facteur d’équilibre des pouvoirs depuis l’indépendance nationale.

En attendant de meilleurs éclaircies, les habitants de la localité de Mateur et de ses environs, soucieux de l’avenir de leurs emplois, otages de manœuvres, qui les dépassent, apprennent que l’économie, comme la vie, est un combat, au long duquel, il n’y a jamais de victoire pérenne.

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