«Le thème de la bonne gouvernance est difficile à cerner et à définir», déclare Kamel Nabli, gouverneur de la BCT

gouvernance-bct-020212.jpgInvité d’honneur de l’Académie des banques et finances (ABF), de la Bourse de Tunis et de l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF), qui ont organisé, jeudi 2 février 2012, à l’hôtel Sheraton, un colloque intitulé «Le système financier tunisien: un nouveau mode de gouvernance au service de la performance économique», Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, a d’emblée rappelé, dans son discours d’ouverture, les exigences de la révolution en matière de redevabilité et de transparence, les impératifs de la bonne gouvernance et de l’amélioration du cadre environnemental des marchés financiers, l’urgence des réformes audacieuses, les préalables au renforcement du climat des affaires, les obstacles qui freinent l’assainissement des crédits bancaires, le rôle du secteur financier dans le financement de l’économie nationale et les avancées des mises en application des dispositions réglementaires, liées aux standards internationaux et aux recommandations de Bâle I et II.

«Avant le triomphe de la révolution de la liberté et de la dignité, la croissance de l’économie était bloquée et plombée en raison de l’intrusion du politique dans les affaires, de l’arbitraire de certains acteurs de l’administration publique, du phénomène de la corruption, du trafic d’influence, de la permanence d’un secteur financier étriqué et inadapté, de l’absence de visibilité, de la faiblesse des mécanismes de responsabilisation au niveau bancaire et des pratiques commerciales déloyales en relation avec la puissance des lobbies d’influence et des réseaux de l’informel», déclare M. Nabli, pour qui la Tunisie aurait pu gagner, durant la dernière décennie, plus de 2 points de croissance et renforcer l’attractivité internationale du pays auprès du capital nomade avec des pouvoirs publics respectueux des deniers de la communauté nationale, de l’alternance politique et des attentes des citoyens.

Dans sa conclusion, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, qui considère l’avènement de la révolution du Jasmin comme une véritable opportunité pour la communauté des acteurs économiques du pays, a établi le lien indéfectible entre la bonne gouvernance politique et la performance macroéconomique, sérié les réformes structurelles en cours dans le secteur bancaire, mis en relief les perspectives d’évolution du potentiel de croissance du pays, présenté les nouvelles règles du crédit en relation avec les pratiques prudentielles et l’appréciation des risques, identifié les difficultés sous-jacentes à la mise en place des pratiques de bonne gouvernance et appelé au renforcement de l’indépendance de la Banque centrale de Tunisie vis-à-vis des pouvoirs publics. Car, dit-il, la politique monétaire, la lutte contre l’inflation et la stabilité des prix doivent être sanctuarisées, échappant ainsi aux tentations électoralistes des politiques, qui peuvent céder, dans certains contextes, aux sirènes de la planche à billets.

Pour M. Nabli, les Tunisiens ont droit à l’optimisme après deux décennies de népotisme et de clientélisme. A condition de s’assurer de la cohérence de la relation entre le processus démocratique en cours et les pratiques de bonne gouvernance dans le système financier dans son ensemble. De rattraper les standards internationaux dans le domaine de la gouvernance.