Tunisie – Télétravail : Et si les 25.000 emplois annoncés se réalisaient au niveau des régions?


teletravail-09012012-art.jpgLa problématique de l’emploi, et plus particulière de l’emploi au niveau des
régions, est un problème épineux auquel un début de solution doit être apporté
au plus tôt, le plein emploi ne pouvant être atteint à court terme. Sachant que
le gouvernement a annoncé le recrutement de 25.000 fonctionnaires pour l’année
2012, est-il possible de déplacer ces emplois vers les régions? Ceci permettra
de créer 25.000 emplois directs au niveau des régions, avec une moyenne de mille
emplois par gouvernorat, en plus des emplois indirects et avec tout ce que cela
implique comme investissement, création de richesse et incidence sur le
développement régional.

A ce jour, l’emploi au niveau des régions a été basé sur le secteur privé en
premier lieu ainsi que sur les collectivités publiques et locales en second
lieu, sachant que la contribution des collectivités publiques et locales a plus
revêtu la forme d’aide (7adhayer) que d’emplois pérennes comme il se devrait,
car seuls les emplois pérennes apportent une solution radicale à ce problème
chronique.

Quant à la contribution du secteur privé, elle sera de plus en difficile,
surtout à court terme, en raison du climat d’investissement actuel ainsi que des
nombreuses grèves et sit-in que vit le pays.

Ainsi, la seule solution qui reste, à court terme, est une contribution forte de
l’Etat pour le développement d’un emploi durable et pérenne au niveau des
régions.

Le développement de l’emploi régional à travers l’Etat pourra se faire de trois
manières:

· par le recours à la décentralisation,

· par l’installation de quelques ministères en dehors de Tunis,

· par le télétravail.

Le recours à la décentralisation

Le recours à la décentralisation permettra de rapprocher la prise de décision du
citoyen, voire de déléguer la prise de certaines décisions au niveau régional.
Si ceci doit être un objectif à terme, il est important de relever que
décentraliser l’administration n’est pas chose aisée et demandera du temps
-plusieurs années- pour étudier quelle sera la nouvelle subdivision du pays,
comment tout cela doit s’organiser et surtout pour pouvoir assurer une mise en
place réussie et pérenne.

L’installation de ministères en dehors de Tunis

Une deuxième solution envisageable pour le développement de l’emploi régional à
travers l’emploi étatique est l’installation de certains ministères au niveau
des régions et non à Tunis. Si cela peut être difficilement envisageable pour
les ministères existants, cela est facile à faire pour les ministères
nouvellement créés. D’ailleurs, pourquoi un ministère du Développement régional
serait-il installé à Tunis, loin des régions?

Cette solution relativement facile à mettre en œuvre permet aussi à l’Etat de
faire des économies, même à petite échelle, en ce sens que les coûts des
bâtiments sont de loin moins chers en région qu’à Tunis.

Le recours au télétravail

Recourir au télétravail consiste à permettre à des fonctionnaires de travailler
à distance, à partir des régions, pour le compte de l’administration centrale.
Ainsi, les fonctionnaires se rendraient à des centres de télétravail installés
dans les régions, voire à terme dans chaque délégation, afin d’effectuer le même
travail qu’ils auraient effectué s’il était dans les locaux même de l’employeur
soit au sein de l’administration centrale.

Plusieurs pays ont adopté le télétravail, à l’instar des Etats-Unis et de
certains pays d’Europe où le taux de télétravail est estimé à 18%.

Le recours au télétravail est sûrement la solution la plus simple et la plus
rapide à mettre en œuvre étant donné que la Tunisie est dotée d’une
infrastructure de télécommunication performante et que certaines régions
disposent déjà de cyberparcs ou ont un programme ambitieux, comme la région de
Gafsa par exemple.

Certains services des ministères travaillent d’une manière autonome, sans être
en relation directe et permanente ni avec le citoyen ni avec les autres
services. Quelle différence y a-t-il pour les fonctionnaires de ces services de
back office de travailler à partir du deuxième étage du ministère ou à 200 ou
400 kilomètres? Aucune. Ce même principe peut aussi être appliqué aux
entreprises publiques. Est-il nécessaire que le service de facturation de
Tunisie Télécom, de la STEG ou de la SONEDE soit à Tunis, Sousse ou Sfax? Est-il
nécessaire que les services de traitement des dossiers de la CNAM soit aussi à
Tunis, Sousse ou Sfax?

Si grâce au télétravail, certaines activités restent transparentes au citoyen
sans incidence négative, le télétravail peut apporter beaucoup à la Tunisie et
aux Tunisiens.

En plus de la contribution à la résorption du chômage au niveau des régions par
la création d’emplois directs et indirects, le télétravail présente de nombreux
avantages comme la contribution au développement régional à travers les
richesses créées, les investissements réalisés, une croissance plus juste et
plus harmonieuse, le bénéfice d’un environnement de travail de meilleure
qualité, la réduction du temps de transport, le gain de temps, l’amélioration du
pouvoir d’achat… En effet, le coût et la qualité de vie sont de loin meilleurs
au niveau des régions qu’à Tunis. Pour ceux qui ne possèdent pas leur logement,
ils pourront louer une villa au prix d’un appartement à Tunis, et l’accès à la
propriété sera grandement facilité.

Le télétravail permettra aussi de limiter l’exode, rural avec tout ce qu’il
comprend comme incidences négatives tout comme il limitera les déplacements
massifs en période de fêtes.

Le gouvernement a annoncé le recrutement de 25.000 fonctionnaires pour l’année
2012. Pourquoi donc ne pas procéder à ces recrutements au sein des régions,
justement par le recours au télétravail? Ceci ne permettra-t-il pas de créer
25.000 postes d’emplois directs au niveau des régions avec une moyenne de mille
emplois par gouvernorat? Et si on y ajoutait les emplois indirects, combien
obtiendra-t-on?