éfense en banlieue parisienne (Photo : Pierre Verdy) |
[05/01/2012 14:43:31] PARIS (AFP) Le décalage entre la richesse des patrons et des grandes entreprises françaises et la réalité boursière s’est accentuée depuis 5 ans avec une hausse de plus d’un tiers des rémunérations des dirigeants alors que le CAC 40 a chuté de 30% et les emplois précaires ont progressé.
Malgré une crise financière qui couve depuis 2008 et des discours catastrophique du monde économique, les sociétés françaises et surtout leurs patrons, se portent bien, selon une étude, présentée jeudi par l’agence de communication Euro RSCG C&0 qui a analysé les données financières des sociétés du CAC 40 entre 2006 et 2011.
Ces grandes entreprises, qui représentent le fleuron de l’économie française, ont ainsi créé de la richesse sur les dernières années: les marges opérationnelles ont augmenté de 13%, les résultats nets de 10% et la création de richesse proprement dite mesurée par le cashflow, a cru de 22%.
En revanche, l’indice phare de la Bourse parisienne, le CAC 40, a fléchi de 30%, les actionnaires ont perdu 18% de leur mise et plus d’un tiers des emplois dans les entreprises du CAC 40 est devenu “précaire”.
Cette création de richesse a permis aux entreprises de se désendetter afin d’être moins dépendantes des banques et a également profité aux dirigeants qui ont vu leur rémunération augmenter de 34% sur cette période. Cette hausse s’est réalisée malgré les nombreux contrôles et garde-fous récemment mis en place pour éviter des hausses de salaires disproportionnées par rapport à la réalité économique, soulignent les auteurs de l’étude.
L’employé et l’actionnaire ont été, en revanche, moins choyés. Les salaires ont progressé de 13% entre 2006 et 2011 et la précarité a augmenté.
L’étude note en effet que si les effectifs ont augmenté de 10%, essentiellement entre 2008 et 2010, c’est du avant tout à la multiplication des emplois précaires. “Plus d’un tiers des emplois du CAC 40 sont aujourd’hui dits +précaires+ (CDD et stages, temps partiels subis, emplois en dessous du niveau de qualification)”, soulignent les auteurs de l’étude.
Quant à l’actionnaire il a été encore davantage pénalisé et n’a rien récupéré de cette création de richesse. Au contraire, il a perdu 18% de sa mise en Bourse entre 2006 et 2011, dans le sillage de la chute de 30% des cours de Bourse. Pourtant les entreprises ont choisi d’augmenter de 31% la part du cashflow alloué à leurs actionnaires avec des dividendes qui ont été maintenus et des politiques de rachats d’actions.
L’entreprise dans son rayonnement international a été également pénalisé sur ces 5 dernières et n’a pas profité de cette création de valeur. Ainsi, les grandes opérations de croissance externe se sont nettement ralenties. Seules deux grandes entreprises ont mené des acquisitions importantes, fait remarquer Bénédicte Hautefort, spécialiste des relations investisseurs chez Euro RSCG C&O. Elle a cité le groupe pharmaceutique Sanofi qui a racheté l’américain Genzyme et GDF Suez qui a intégré le britannique International Power (IP).
L’étude montre également que l’impôt payé par ces grandes entreprises du CAC 40 a progressé de 21% signifiant, selon l’agence, que la délocalisation fiscale n’est pas une réalité.
Euro RSCG C&O souligne par ailleurs que les grandes entreprises paient au total moins d’impôt que les PME du fait d’activités majoritairement situées à l’international où se réalise l’essentiel de leur croissance.