Mines : Codelco et Anglo American durcissent leur position au Chli

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Une mine de cuivre au Chili (Photo : Martin Bernetti)

[02/01/2012 19:35:09] SANTIAGO (AFP) La lutte entre deux géants miniers, le numéro un mondial du cuivre chilien Codelco et l’anglo-sud-africain Anglo American, a franchi un palier supplémentaire lundi avec l’annonce de l’exercice par Codelco de son option d’achat d’une filiale d’Anglo, une option désormais contestée par Anglo.

Le groupe public Codelco, qui produit 11% du métal rouge mondial, a informé l’autorité boursière chilienne SVS qu’il exerçait, comme il l’avait indiqué en 2011, “son droit d’achat” de 49% des parts d’Anglo American Sur (AAS). Des documents en ce sens ont aussi été délivrés à Anglo American à Santiago.

AAS possède au Chili deux mines importantes, Los Bronces et El Sodado, une fonderie et deux projets d’exploration, soit une production de 260.000 tonnes de cuivre par an.

La démarche de Codelco lundi est la première étape de la concrétisation d’achat de parts d’AAS, une option qui revenait à Codelco tous les trois ans en janvier selon un contrat datant de 1978, lorsque l’Etat avait cédé les opérations d’AAS au privé.

Selon Codelco, le prix d’acquisition de 49% d’AAS “se situerait autour de 6 milliards de dollars”, financés grâce à un accord annoncé en octobre avec la maison de négoce japonaise Mitsui.

Mais la transaction, décrite à l’échelle chilienne comme “l’affaire du siècle” pour Codelco, sur fond de cours records du cuivre ces dernières années, est devenue l’objet d’un bras de fer entre les deux géants, après la cession surprise par Anglo American de 24,5% d’AAS – auparavant détenue à 100% – au Japonais Mitsubishi en novembre.

Cette cession, pour 5,39 milliards de dollars, avait amené une riposte immédiate de Codelco: le groupe chilien a accusé l’anglo-sud-africain de vouloir l’empêcher d’exercer ses droits et a obtenu de la justice le gel de nouvelles cessions d’AAS, le temps que soit examinée la transaction sur le fond.

Anglo, qui estime avoir agi en novembre dans le respect du contrat, avait dénoncé en retour un “abus de pouvoir” de Codelco, porté plainte pour manquement au contrat, réclamé des dommages et intérêts et demandé à la justice de “rendre inopérant” l’exercice par Codelco de son option d’achat sur AAS.

Lundi, le groupe anglo-sud-africain a persisté, dans sa réaction, affirmant dans un communiqué qu’il n’est “obligé de vendre aucune des actions d’AAS à Codelco”.

“Conformément à la législation chilienne, et étant donné que Codelco n’a pas honoré le contrat, Codelco ne dispose pas du droit d’exercer son option en lien avec Anglo American Sur, et en conséquence, une quelconque prétention à exercer cette option n’est assortie d’aucun effet”, indique le communiqué.

Codelco pour sa part a prévenu qu’il “exercera toutes les actions nécessaires pour défendre et faire valoir ses droits” sur les parts d’AAS et exiger le respect du contrat qu’Anglo American prétend aujourd’hui ignorer”.

Anglo s’est redit lundi “ouvert à travailler avec Codelco pour parvenir à un accord commercial dans l’intérêt des actionnaires des deux sociétés”.

Mais en l’absence d’accord, la multiplication de recours légaux augurait, selon des analystes cités dans la presse chilienne, d’une bataille légale de plusieurs années.

“En moyenne, cinq ans pour ce type d’affaires”, a estimé Jose Antonio Gaspar, professeur de droit commercial à l’Université Diego Portales, sur la radio Cooperativa.