Tunisie : «Nous avons dissipé le malentendu avec l’actionnaire-fondateur de Somocer», déclare Moez Zouari


moez-12122011.gifL’assemblée générale ordinaire du 30 novembre 2011 a permis de décrisper les
relations entre Lotfi Abdennadher et
Moez Zouari, le nouvel actionnaire de
référence de Somocer.

WMC: Vous étiez fin novembre à Tunis pour assister aux assemblées générale
ordinaire et extraordinaire de Somocer dont vous avez récemment acquis près de
27% du capital. Comment se sont-elles déroulées?

Moez Zouari: C’est l’assemblée générale ordinaire qui était la plus importante,
et elle s’est bien déroulée, à la fin. Je pense qu’il y a eu un énorme
malentendu. On considérait que nous sommes venus pour «piquer» l’entreprise à
son actionnaire-fondateur. Cette idée, à laquelle certains journalistes et
intermédiaires en Bourse ont malheureusement contribué, a créé une mauvaise
ambiance entre les deux parties.

Nous avons eu l’occasion, avant l’assemblée générale, de nous expliquer pendant
cinq minutes et nous avons dit que notre conduite est claire depuis le début,
que nous ne sommes pas venus pour nous emparer de l’entreprise, et nous ne
comptons pas lancer une OPA hostile. Nous sommes juste venus parce que nous nous
intéressons à l’activité de
Somocer.

En effet, cette industrie est en train de virer vers le Sud, car l’Europe ne
peut pas aujourd’hui la maintenir, -en raison notamment du coût de l’énergie et
de la main-d’œuvre- et est en train de s’en désengager pour s’orienter vers les
services, la haute technologie, etc.

Donc, l’industrie de la céramique sera un secteur porteur au cours des
prochaines années et, de ce fait, la Tunisie, très proche de l’Europe, a une
carte à jouer.

Nous avons également expliqué que nous avons une vision et un savoir-faire dont
nous pouvons faire profiter l’entreprise. L’actionnaire-fondateur a finalement
compris qu’il n’y a rien de méchant dans notre façon d’approcher l’entreprise et
que nous sommes venus avec une logique de construction et non de destruction.
Les choses se sont donc apaisées.

Je pense que le malentendu est levé; et que Lotfi Abdennadher a compris qu’il
n’y a rien de personnel entre lui et Moez Zouari.

Vous dites que vous voulez introduire des changements. Lesquels?

Je n’ai pas cessé de marteler que Somocer est un fleuron de l’industrie
tunisienne. L’entreprise est bien équipée pour jouer, au cours des dix
prochaines années, un rôle majeur au Maghreb, en Méditerranée et en Europe. Elle
a des atouts, mais qu’elle doit mettre en avant et surtout jouer la carte de la
transparence, au niveau du chiffre d’affaires, des ratios, de l’assainissement
de l’entreprise, des partenariats que l’entreprise va choisir.

Le fait de communiquer ces indicateurs à la Bourse et à ses clients d’une façon
régulière aidera l’entreprise à devenir une vraie valeur refuge dans laquelle
les gens qui veulent placer leur argent investiront. Et nous comptons jouer un
rôle très important à ce niveau-là.

Et en ce qui nous concerne, je pense que nous avons un réel savoir-faire au
niveau de la distribution en France et en Europe, puisque nous disposons de
notre propre réseau. Nous pouvons apporter un vrai plus pour faire croître le
chiffre d’affaires.

Vous êtes-vous entendus avec l’actionnaire fondateur sur une stratégie?

Les discussions ont commencé avec le management actuel en vue de travailler
d’une manière organisée, structurée et de définir nos objectifs à court et moyen
termes.

Ainsi que le démontre sa dernière communication financière, M. Lotfi Abdennadher
s’inscrit dans la même logique que nous. Il s’est engagé sur un résultat de 5
millions de dinars et une croissance du chiffre d’affaires qui sera au
rendez-vous malgré la crise en Tunisie. En communiquant de cette façon, nous
pouvons nouer de nouvelles relations avec la presse, les intermédiaires et nos
futurs clients sur des bases solides. Somocer a ainsi pris le bon virage qui
fera d’elle une vraie valeur sur le marché tunisien.

Qui a nommé le nouveau directeur général?

C’est M. Lotfi Abdennadher qui a nommé Lassaad Chaari (qui succède à Riadh Ben
Khalifa, ndlr). Il est issu du groupe et connaît donc très bien Somocer. Il
connaît ses forces et ses faiblesses et est capable de fédérer. Lors de
l’assemblée générale, j’ai vu que l’équipe est soudée autour de la marque, et,
comme une équipe de foot, joue pour le maillot.