Procès Kerviel en appel en juin, sur fond de crise et de traders fous

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érôme Kerviel et son avocat, Me Olivier Metzner, le 5 octobre 2010 au palais de justice de Paris (Photo : Joel Saget)

[03/10/2011 12:57:07] PARIS (AFP) Jérôme Kerviel, lourdement condamné en 2010 pour une perte record à la Société Générale, sera rejugé en appel du 4 au 28 juin prochain, un procès qui s’annonce emblématique des dérives persistantes d’un système tout juste ébranlé par une nouvelle affaire de “trader fou”.

Les dates du procès ont été annoncées lundi lors d’une audience de “fixation” devant la chambre 5-12 de la cour d’appel de Paris, en présence des avocats des parties, notamment Me Olivier Metzner pour l’ancien trader.

En première instance, le tribunal correctionnel avait jugé Jérôme Kerviel, 34 ans, seul responsable du cataclysme qui avait bien failli couler la Société Générale début 2008, en pleine crise financière mondiale.

Le jeune homme avait été condamné le 5 octobre 2010 à cinq ans de prison dont trois ferme et à des dommages et intérêts colossaux de 4,9 milliards d’euros, correspondant à la perte subie par la banque.

Au vu de son salaire de consultant informatique, il lui faudrait 177.000 ans pour rembourser un tel montant, somme aberrante qui avait suscité les commentaires les plus incrédules.

Le tribunal l’avait reconnu coupable d’abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans le système informatique de la banque.

Il ne lui avait trouvé aucune excuse, le traitant de menteur et de manipulateur, lui reprochant d’avoir joué avec l’argent de la banque comme au casino, pour des sommes ayant atteint parfois des dizaines de milliards.

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érôme Kerviel (C) arrive le 5 octobre 2010 au palais de justice de Paris (Photo : Martin Bureau)

Au cours du procès, Jérôme Kerviel et Me Metzner avaient soutenu, sans convaincre le tribunal, que la banque savait ce que faisait le jeune trader, voire l’encourageait à prendre des risques et fermait les yeux tant qu’il “gagnait”.

Jeune homme sans histoires aux allures de jeune premier, originaire d’une petite ville de Bretagne, Jérôme Kerviel admettait aussi avoir perdu le sens des réalités et pris des positions hors normes sur les marchés financiers.

A son procès, un professeur d’économie expliquait qu’un zéro de plus ou de moins ne représentait rien pour ces jeunes traders sous pression. Pour son avocat, Kerviel était “la créature” de la Société générale, pur produit des dérives de la finance mondiale.

Après l’affaire Kerviel, les banques, Société générale en tête, ont assuré que les contrôles avaient désormais été renforcés pour éviter une réédition d’un tel séisme.

Très présent dans les médias avant son premier procès, notamment avec la publication de son livre “L’engrenage, mémoires d’un trader”, Jérôme Kerviel a en revanche été extrêmement discret depuis sa condamnation.

Mais ces dernières semaines, sans qu’il n’y soit pour rien cette fois, son nom a de nouveau inondé les forums internet, blogs et tweets, du fait de la “fraude” dont a été victime la banque suisse UBS.

Un jeune courtier de 31 ans, Kweku Adoboli, vient d’être accusé d’avoir causé une perte de 2,3 milliards de dollars. Comme Jérôme Kerviel à Paris, il travaillait à Londres sur des produits financiers complexes et était affecté au même type de table de marché, traitant des produits dérivés.

Les médias et internautes ont donc constaté que le système bancaire suisse avait lui aussi son “Jérôme Kerviel”, un nom comme entré dans le langage commun de la finance du fait des sommes folles auxquelles il est associé. Ils en ont aussi conclu que les banques n’avaient peut-être pas changé tant que ça.

Les audiences du deuxième procès Kerviel se dérouleront les lundis et mercredis toute la journée, ainsi que les jeudis après-midi, dans les locaux de la prestigieuse première chambre de la cour d’appel de Paris.