Tunisie – Partis politiques : Ennahdha, convaincre par la parole, séduire par l’image

nahda-02062011-300.jpgUne femme voilée, une autre dévoilée et très in. Toutes les deux accompagnées de leurs condisciples, deux jeunes hommes, ont fait honneur à la présentation de la nouvelle identité visuelle du parti Ennahdha lors d’une conférence de presse organisée à cet effet jeudi 2 juin 2011. Assis sur la tribune «scène», des noms reconnus du parti, tels Hamadi Jebali et Abdelkrim Harouni. Tous étaient présents pour expliquer et exposer aux journalistes présents les raisons du changement et du passage d’Ennahdha d’une «couleur» à une autre…

D’emblée, le jeune homme chargé de présenter la nouvelle identité annonce la couleur: «Je parlerai dans les deux langues à l’instar des jeunes de mon âge». Serait-ce cynique ou inique que de dire que c’est une spontanéité étudiée? Les messages de tolérance, d’ouverture et de pluralisme fusent, empilés dans l’arbre dessiné par des mots sur le petit flyer distribué aux présents… Nous construisons… Nous innovons… Nous nous aimons… Nous semons… Nous nous surpassons… Nous pardonnons… Nous pourvoyons à nos besoins… Nous évoluons… Nous planifions… Nous créons… Nous coexistons… Nous communiquons… Nous nous hissons (nanhadh)…

Pouvons-nous reprocher à Ennahdha d’avoir des messages aussi percutants, des postures aussi étudiées et des images d’une telle beauté?

«Cette nouvelle identité visuelle est le produit du labeur créateur des jeunes Nahdhaouis. Son lancement correspond à une date significative pour notre parti qui fête cette année 30 ans d’existence. Nous passons d’un parti interdit, qui opérait dans le secret, à un parti autorisé qui opère dans la transparence. Il s’agit également pour nous de léguer le flambeau à ces jeunes qui nous ont libérés en se révoltant», indique Hammadi Jebali.

Ces jeunes auront bientôt leur organisation pour convaincre, cadrer et encadrer leurs compères, ces jeunes qui constitueront la force de frappe du parti contre «Arridda», soit les apostats…

«Nous voulons nous démarquer des autres, soit des 80 partis, la concurrence sera rude et ce n’est pas évident pour les futurs électeurs de faire la différence. Il fallait imposer une personnalité forte et propre à notre parti. Nous l’avons fait à travers le «teasing» pour susciter le «buzz» et ensuite par le «revealing», soit la révélation. C’est ce qui s’appelle du marketing politique ou plutôt «culturel», comme s’est plu à le dire M. Jebali, en précisant que le thème de la rencontre était plutôt culturel, priant les représentants des médias de s’y restreindre, ce qui n’a pas été le cas, bien entendu.

Tous les professionnels et experts dignes de ce nom connaissent l’importance d’une bonne communication dans la politique. Nous osons espérer que le fait d’avoir mis sur la tribune une jeune fille dévoilée relève vraiment du spontané et non de l’étudié pour rassurer les publics des différents milieux et différents niveaux quant aux dimensions d’ouverture, de respect de la différence et de modernité du parti.