Politique : Le Parti du travail tunisien, l’enfant naturel de l’UGTT, se lance dans une démonstration de force

ptt-1.jpgDans l’un des hôtels de la capitale, le Parti du Travail Tunisien (PTT), émanation politique de l’UGTT, avancent certains observateurs, a annoncé, samedi 14 mai 2011, dans une salle bondée de supporters, de sympathisants et de banderoles, à l’honneur du nouveau-né, son entrée sur la scène publique. Une véritable démonstration de force. Une leçon de mobilisation. Un morceau étourdissant de solidarité. Et un réel désir de séduire. De rassembler. De fédérer. De constituer la force d’appoint d’un bloc républicain et progressiste en gestation dans le pays. Capable, nous déclare un militant enthousiaste, de mordre à belles dents sur un large éventail de l’électorat du centre droit à l’extrême gauche.

Au fait, la conférence de presse s’est muée en un meeting, au grand dam des journalistes, éberlués, interloqués face à une formation politique qui a transformé, l’espace d’une matinée, les couloirs de l’hôtel El Mechtel en une ruche de ferveur. De rencontres. De retrouvailles. Et de réseautages. Car la majorité de l’assistance était constituée de syndicalistes aguerris, des membres de la société civile, des représentants des professions libérales, des militants associatifs, des agitateurs d’idées notoires et d’anciens activistes de gauche, qui affirment, maintenant, avoir abandonné, depuis longtemps, la notion de la dictature du prolétariat pour épouser celle de la collaboration entre les classes sociales. Le refus de l’Etat obèse. La primauté du mérite. La promotion d’une saine concurrence entre les différents acteurs de la vie économique. L’apologie du libéralisme vertueux, qui sous-entend, nous dit Maher Medhaffar, homme d’affaires et membre du bureau politique provisoire du Parti du Travail Tunisien(PTT) chargé de l’information et de l’édition, la lutte contre les ententes, les réseaux d’influence et les concentrations.

«Le peuple tunisien a besoin d’un modèle de société en rupture avec la globalisation sauvage, les choix néolibéraux et le règne d’une économie prédatrice. Afin de promouvoir une nouvelle politique d’aménagement du territoire, de réhabiliter le rôle de l’Etat, d’incruster la durabilité du développement, de favoriser l’économie du savoir, de revitaliser le goût du travail, d’instaurer une réelle décentralisation dans le pays et de développer un modèle alternatif de capitalisme maîtrisé par la puissance publique et fondé sur la culture de l’épargne», déclare, dans son discours de bienvenue, Abdeljalil Bedoui, Coordinateur et porte-parole du PTT, pour qui la démocratie sociale, la solidarité, la justice et les valeurs de l’effort, de la rigueur et de la citoyenneté sont au cœur de la plate-forme de son mouvement.

Figure de proue de la Place Mohammed Ali depuis des années et compagnon de route d’Ali Romdhane, représentant authentique du courant Achouriste au sein de l’UGTT, notre interlocuteur, pour qui toute révolution est un champ magnétique d’exigences sociales, a mis l’accent, tout au long de son intervention, sur la place des patrons dans le parti, dénoncé l’économie spéculative, souhaité la neutralisation de la contradiction «capital-travail», appelé à la révision de certaines orientations de la diplomatie traditionnelle du pays, exhorté l’élite tunisienne à préserver la religion des affres du combat politique et encouragé la jeunesse, dépositaire de toutes les énergies motivationnelles, dit-il, à s’investir encore davantage dans les affaires de la cité. Pour que la Tunisie fasse partie des “mondialisateurs“ et non pas des “mondialisés“.

A la fin de la conférence de presse, transformée à vrai dire en kermesse, la liesse était perceptible. On se flatte. On se courtise. L’assistance est au comble de la félicité. Tout cela affiche l’ambition de compter. Grâce à une stratégie, nous dit Ali Romdhane, qui voit très loin toutes les forces en puissance, qui s’appuie sur la réalité, dépouillée de ses apparences et affabulations, sur la connaissance du passé et les aspirations du peuple tunisien, inventeur de sa propre espérance, passeur, depuis le 14 janvier 2011, au monde moderne.