Des milliers d’Espagnols dans la rue, las du chômage et de la crise

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ômage et la corruption à Madrid le 17 mai 2011 (Photo : Dominique Faget)

[18/05/2011 10:26:27] MADRID (AFP) Ils sont las du chômage, “de la corruption des politiciens”, “de la crise”. Des milliers d’Espagnols se sont emparés des rues des grandes villes, et, à quelques jours des élections locales, s’invitent dans la campagne pour faire entendre leur voix de citoyens.

Jeunes, chômeurs, fonctionnaires, ils étaient plus d’un millier mardi soir à la Puerta del Sol, au coeur de Madrid, répondant à des appels lancés sur les réseaux sociaux pour réclamer des réformes politiques et sociales.

“Nous sommes las du chômage, de la corruption des politiques. C’est toujours pareil. Je suis sans travail et je ne vois pas comment je vais en avoir un bientôt”, confiait Jordi Perez, un chômeur de 25 ans. “Il faut qu’ils sachent comment nous nous sentons, ce sont toujours les mêmes qui gagnent”.

Par dizaines ou par centaines, ils s’étaient rassemblés dans toutes les grandes villes, Barcelone, Valence, Saragosse, Bilbao, Séville ou Grenade, dans l’intention de poursuivre leur mouvement jusqu’aux élections de dimanche.

A Madrid, des centaines d’entre eux ont passé la nuit à la Puerta del Sol, où l’occupation se poursuivait mercredi.

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ômage et la corruption à Madrid le 17 mai 2011 (Photo : Dominique Faget)

A l’appel du collectif Democracia Real Ya (Une vraie démocratie maintenant) ou de mouvements de jeunes, les manifestants portent des revendications très disparates, parfois confuses, dénoncent le système politique, la corruption ou réclament plus de justice sociale.

“Que les coupables paient pour la crise”, “ils appellent cela démocratie, mais cela ne l’est pas”, proclament slogans et pancartes.

Mais en toile de fond, dans un pays peu coutumier de la contestation, ils expriment une immense lassitude face aux retombées de la crise et au chômage, qui atteignait un taux record de 21,19% au premier trimestre. En février, 44,6% des moins de 25 ans étaient sans emploi.

Lidia Garcia, une consultante de 31 ans, a décidé de venir à la Puerta del Sol après avoir vu “tout ce qui se passait sur le réseau”.

“Je ne sais pas si tout cela servira à quelque chose, mais il faut au moins que les politiciens sachent que nous ne sommes pas idiots”, assurait la jeune femme.

“J’espère que les gens vont sortir de leur léthargie”, expliquait Teresa, une infirmière d’une cinquantaine d’années.

A côté d’elle, une amie fonctionnaire, Maria-José, dont le salaire a été réduit de 5% comme celui de tous les fonctionnaires en Espagne. “Le fait qu’ils aient baissé les salaires est moins important”, disait-elle. “Ce qui me préoccupe vraiment, c’est l’avenir de nos enfants et de nos jeunes”.

Les protestations de masse sont rares en Espagne et une seule journée de manifestations, en septembre 2010, avait été organisée contre la politique d’austérité menée par le gouvernement socialiste en réponse à la crise.

Ces mesures d’austérité devraient coûter très cher aux socialistes, annoncés par tous les sondages comme les grands perdants, face à la droite conservatrice du Parti Populaire (PP), aux élections régionales et municipales de dimanche.

Lidia Garcia se disait pourtant convaincue “qu’il faut aller voter”. “Pas forcément pour les grands partis, il y en a d’autres. Il faut arrêter de penser seulement au vote utile”.

D’autres au contraire se disaient trop déçus. “Pourquoi voter? Tous font la même chose. Ils promettent et ne font rien”, affirmait Jorge Santiago, employé de station-service de 29 ans.

Le mouvement, spontané, a surpris les politiques en pleine campagne électorale, inquiétant dans les rangs socialistes tandis que la droite espérait tirer quelques gains de la situation. “Je comprends que ces choses arrivent”, assurait mercredi le chef du PP, Mariano Rajoy, en qualifiant de “terrible” le nombre de jeunes “qui veulent travailler et ne peuvent pas”.