Tunisie : L’intelligence collective, fille de la Révolution de l’information

reseaux-sociaux-1.jpgESelon les experts des sciences de l’information et de la communication, «au bout du compte, tout le monde saura tout». La circulation de l’information se fera à une vitesse V, les sources de l’information vont en se multipliant, avec les réseaux sociaux, les technologies mobiles de transfert de l’image, du son et d’un grand volume de données, tout cela est en train de donner lieu à ce qu’on appelle une “intelligence collective“.

Mais qu’est-ce que l’intelligence collective?

Parfois nous voyons dans le ciel des milliers d’oiseaux, qui forment une espèce de nuage noir, et qui se déplacent dans une direction donnée. Malgré leur nombre très élevé, ces oiseaux se déplacent tous comme un ensemble cohérent, et dans une seule direction. Et savez-vous comment ces milliers d’oiseaux peuvent voyager et parcourir des milliers de kilomètres parfois, serrés les uns contre les autres… sans se perdre? Ils doivent bien communiquer… justement. Mais comment? Avec un si grand nombre? Et puis quel langage utilisent-ils? Nous savons que les oiseaux chantent, on ne les a jamais entendus parler…!

Eh bien, ces oiseaux ne parlent pas un langage aussi évolué et complexe que le nôtre. Mais, ils parviennent quand même à communiquer et à s’organiser en étant aussi nombreux, en émettant certains signaux. Chaque oiseau émet des signaux particuliers à ses voisins, pour leur suggérer une direction, selon le vent, l’humidité de l’air, etc. Chaque oiseau va émettre des signaux de ce genre à ses voisins, et la décision est prise au niveau de petits groupes d’oiseaux, avec un ajustement constant des petits groupes, les uns avec par rapport aux autres. Et c’est ainsi qu’au final, nous voyons le grand nuage noir se déplacer en toute cohérence, dans une seule direction.

C’est cela l’intelligence collective.

L’intelligence collective, c’est plus que la somme de plusieurs intelligences individuelles. Il se forme un effet de synergie du fait de l’interaction de plusieurs intelligences élémentaires. Et il se peut que, grâce à cela, nous soyons en train de vivre un tournant dans l’histoire de l’humanité entière.

Bouleversement radical de nos modes de vie, de pensée et d’action

Nous vivons d’ores et déjà un bouleversement de nos modes de vie et de communication suite à la très forte et rapide pénétration de ces technologies dans notre quotidien. 10 ans en arrière, qui croyait que le téléphone portable aurait ce succès? Et les ordinateurs, c’était des outils de travail, seulement. Aujourd’hui, il est rare de voir un jeune (et moins jeune aussi…) sans téléphone portable, et surtout quel que soit le niveau de vie de ce dernier. Dans les quartiers les plus chics, comme dans les campagnes les plus éloignées. J’ai déjà vu un berger qui flâne tranquillement avec son troupeau, dans une région où il n’y a ni électricité ni route, avec le bâton dans une main, et le portable dans l’autre main.

On est bien en droit de croire alors que les ordinateurs qui ne sont plus outils de travail, mais de loisirs, connaîtront le même sort d’ici 10 ans au maximum, que les téléphones portables. Chose qui est déjà bien réelle, avec le prix de ces bijoux de la technologie qui chutent aussi rapidement (le phénomène de mode fait qu’un produit nouveau, donc cher, ne le reste pas beaucoup, car une autre nouveauté apparaîtra rapidement, et va casser le prix du premier). Chute des prix mais aussi progrès technologique continu et pour le moins déroutant.

Demain des écrans tactiles partout, des claviers virtuels (c’est-à-dire qu’il suffit de projeter une certaine lumière sur n’importe quel espace, et n’importe où, pour que celui-ci devienne clavier) et j’en passe.

Nos modes de vie changent de façon radicale. Nos rapports les uns aux autres, nos modes de pensée et d’action ne peuvent, théoriquement, pas y échapper.

C’est cette possibilité de diffuser et interpréter l’information, de manière quasi-instantanée, mais surtout citoyenne, démocratique au sens premier du terme, qui change l’histoire. Tout le monde peut diffuser n’importe quelle information, et toucher un grand nombre de personnes. Voir tout le monde! Et cette personne peut être n’importe qui, ce n’est plus forcément le cadre bac plus 10 qui a un ordinateur dans son bureau, ça peut être le berger dont je parlais plus haut, comme le jeune lycéen de 13 ans. Tout le monde est acteur.

Tout le monde pense. Mais aujourd’hui tout le monde peut diffuser sa pensée. C’est la grande différence. Ce ne sont plus les médias de masse qui monopolisent l’information à diffuser. On passe à un autre modèle de gestion, ou de gouvernance, de l’information. On passe à un autre modèle du monde, celui de l’intelligence collective, celle de tous les citoyens, non pas d’un pays, mais du monde. Puisque sur Internet, la différence entre une nation et une autre c’est une touche de clavier. La seule barrière reste probablement la langue.

Mais justement, la particularité des réseaux sociaux (FB et autres) c’est qu’ils simplifient la langue, ou le langage utilisé, à tel point qu’il devient pratiquement accessible à tous. J’AIME, ou J’AIME PLUS. PARTAGER. ENVOYER A UN AMI. Etc. c’est un langage simplifié mais très efficace en même temps, et qui permet donc d’aller jusqu’au bout de la logique de l’intelligence collective, celle du grand nuage noir des milliers d’oiseaux.

Et si ces réseaux, FB en particulier, n’étaient pas là, probablement que toutes ces révolutions arabes que nous sommes en train de vivre ne seraient pas, ou ne seraient pas aussi soudaines, aussi mobilisatrices et rapides. Et si FB existait quelques années avant, peut-être que toute l’histoire aurait été différente. Non seulement celle de notre pays, mais aussi celle des nations arabes, et du monde en général.

A suivre…