Huis clos des rencontres de la Ligue 1 et 2 : Le football tunisien en sortira-t-il indemne?

La décision de faire jouer les rencontres des ligues 1 et 2 de football à huis
clos jusqu’à la fin de la saison aura, on s’en doute, des répercussions sur les
finances des clubs. Tant au niveau du versement des salaires qu’à celui des
primes des joueurs, ou au niveau des droits de télévision et du sponsoring. Le
monde du football s’interroge et s’inquiète.


L’annonce est tombée comme un couperet: la Fédération Tunisienne de Football (FTF),
au terme de la réunion du bureau fédéral, mardi 26 avril 2011, au siège de la
fédération, a décidé de faire jouer les rencontres des ligues 1 et 2 à huis clos
jusqu’à la fin de la saison. Dans la même foulée, la
FTF a décidé de
déprogrammer les rencontres pour le mercredi 27 avril 2011 en raison d’une grève
des arbitres.

Ces décisions sont consécutives aux troubles qui se sont produits dimanche 24
avril 2011, lors de la rencontre de football qui a opposé le Club Athlétique
Bizertin (CAB) au Club Sportif Sfaxien (CSS), à Bizerte. La rencontre a été
interrompue suite à l’envahissement du terrain par des supporters du club
bizertin.

On avait pourtant tant espéré que les choses allaient repartir du bon pied après
une interruption du Championnat de football depuis la Révolution du 14 janvier
2011. On se souvient, en effet, que les supporters de l’Etoile Sportive du Sahel
avaient salué, le 17 avril 2011, dans un standing ovation, le succès du Club
Sportif d’Hammam-Lif, sur leur club par 1 à 0, à Sousse même.

Mais très vite, les choses se sont «corsées» lors de la rencontre entre
l’Olympique de Béja (OB) et l’Avenir Sportive de La Marsa (ASM) lorsque le
public a envahi le terrain.

Ce qui s’est passé à Bizerte a dépassé, toutefois, tous les entendements. Les
«envahisseurs» se sont attaqués au staff technique et administratif du CSS… et
aux forces de l’ordre qui se sont réfugiés dans les vestiaires «refusant de
répondre à la violence».

Mais pas seulement: ils se sont attaqué aux équipements de production du signal
télévisé de notre consœur «Nessma Tv»; les dégâts sont estimés, à ce propos, à
1,2 million de dinars.

Le huis clos n’est pas du reste là pour arranger les choses pour les clubs de la
Ligue 1 et 2 qui ne manqueront pas de souffrir le martyr. En effet, s’il est
quasi certain que l’absence du public favorisera une plus grande sécurité dans
les stades, elle ne manquera pas d’approfondir le gouffre financier que vivent
la plupart des clubs tunisiens.

Va-t-on vers des «débrayages» ou des «sit-in»?


Il est à se demander, qu’en absence de recettes provenant du public, si les
clubs pourront respecter leurs engagements vis-à-vis des joueurs (salaires et
primes de production). Il est largement connu que les petits clubs en
souffriront beaucoup plus. Déjà l’option de faire jouer les rencontres avec les
seuls supporters des clubs avait contrarié des clubs qui ne font recettes que
lorsque le public de l’«adversaire» se déplace dans leur stade, et avait fait
grincer bien des dents.

Va-t-on vers des «débrayages» ou des sit-in des joueurs notamment? Des joueurs
las d’attendre la concrétisation des promesses des dirigeants de leurs clubs
seront-ils tentés de faire «la grève»? Cela s’est déjà vu.

Dans le même ordre d’idées: les clubs pourront-ils honorer les frais de
déplacement: logement et transport? Dur, dur!

Qu’en sera-t-il, par ailleurs, des droits de retransmission télévisés? La
télévision publique et
Nessma Tv
continueront-elles à verser ces droits en
l’absence de public? Et ce après ce qui s’est passé au stade de Bizerte lorsque
des houligans ont détruit les équipements de Nessma Tv.

Pour certains observateurs, il est à craindre que l’absence du public rende
«fades» les rencontres à transmettre «malgré leurs enjeux». Et que face à «un
détournement des annonceurs ne suivant pas le mouvement, les chaînes révisent
leur politique en la matière».

Quid du sponsoring? Les «mécènes» de certains clubs seront-ils tentés, à l’heure
où leurs affaires ne vont pas bien, de fermer le robinet?

Il ne s’agit pas d’une mince affaire: on estime que 7.000 familles vivraient du
sport et plus particulièrement du football: joueurs et membres des staffs
technique et administratif.

Commentaire d’un confrère qui fréquente le football tunisien depuis une
quarantaine d’années: «le football tunisien, qui a déjà déraillé, ne sortira pas
indemne de cet épisode de sa vie».