Tunisie-Sife : Une révolution c’est apprendre à pêcher à ceux qui n’ont pas de quoi manger

Neuf écoles et instituts ont participé cette année à la présentation des projets
entrepreneuriaux de
SIFE Tunisie, c’était mercredi 20 avril 2011 à l’INSAT. Au
début de l’année, ils étaient 13, mais révolution oblige, 4 parmi eux ont dû
sortir tôt de la course… Les projets proposés par les étudiants n’ont pu
échapper à la logique révolutionnaire et ont été axés sur les régions. Découvrir
autant de pauvreté dans les régions n’a pas manqué d’affliger nombre de ces
jeunes en voyant des populations démunies à tél point. Quand un homme a faim, il
vaut mieux lui apprendre à pêcher que de lui donner à manger, disait Confucius.
C’est ce que les étudiants SIFE ont voulu faire au travers de leurs différents
projets.

Les projets présentés par ces jeunes étudiants de SUPCOM, ESSTT, INSAT, ISI
Tunis, ISCAE, ISEAH et autres universités rappellent dans leurs concepts celui
du développement rural datant de l’époque bourguibienne.

Pour Khaoula Boussemma, coordinatrice de SIFE Tunisie, le plus important est que
les critères se rapportant aux dimensions sociales, environnementales et
entrepreneuriales soient respectés; pour ce qui est de la partie innovation, ça
sera la cerise sur le gâteau.

Revenir aux sources, puiser dans l’artisanat pour créer des projets, c’est ce
qu’ont fait la plupart de ces jeunes qui ont également puisé dans leur
portemonnaie pour se déplacer à l’intérieur du pays. Les ingénieurs de SUPCOM
ont mis en place un projet pour le recyclage des huiles usagers pour en faire du
“savon de Marseille“. De nouveaux concepts de présentation et de
commercialisation seront utilisés dont celui «d’amarrer» le savon à du liège
pour qu’il reste flottant et qu’il ne fonde pas. Ils œuvreront aussi à présenter
le savon sous différentes formes géométriques pour susciter l’intérêt des
acheteurs potentiels. Les bénéficiaires sont deux femmes au foyer de la région
de Zaghouan.

L’Institut national des Sciences appliquées et de technologies (INSAT) a puisé,
lui, dans le terroir pour monter un projet de coopérative destiné à des femmes
de la région de Sajnène. Tapisserie et produits traditionnels seront
commercialisés par ces femmes, encadrées, coachées et formées par les étudiants
de l’INSAT.

Autre institut, ESTT, autre lieu, Aïn Draham mais pas de projet différent, ce
sont cette fois-ci des femmes de la région de cette région qui bénéficieront du
savoir-faire des jeunes pour la création d’une coopérative pour la confection de
tapis et la vente en gros. Un autre projet, toujours en zone rurale, celui d’une
unité d’élevage de bovins dans la région de Kairouan en faveur d’un ensemble
d’agriculteurs de la région.

«Believe»…

Believe (crois) … Le nom en lui-même est original car il porte en lui toute
cette volonté de croire en quelque chose pour la réaliser. Et les étudiants de
l’Institut Supérieur de Comptabilité et d’Administration des Entreprises -SIFE
ISCAE- considèrent qu’ils pourront donner du travail à 5 chômeurs grâce à une
mini-entreprise appelée «Bellieve bio» et qui consiste en la création d’une
entreprise de collecte de déchets et de plastique provenant du campus
universitaire de La Manouba. Une fois recyclés en fumier, les déchets sont
vendus aux agriculteurs de la région. Le plastique sera vendu aux entreprises de
recyclage spécialisées.

Un autre projet Bellieve a trait à l’art de décorer. Il s’agit de former 5 mères
célibataires dans la peinture sur soie et le verre soufflé. La commercialisation
de ces produits permettra à ces femmes dont le nombre dépasse, dans notre pays,
les 1.500 par an à subvenir à leurs besoins et ceux de leurs enfants.

A Time Université, les étudiants SIFE préfèrent les poupées, celles qui pourront
permettre à un groupe d’handicapés d’améliorer leurs conditions de vie. Les
poupées confectionnées pourraient même être commercialisées dans d’autres pays
outre la Tunisie.

Dans cette seconde édition de Sife, les projets se suivent et se ressemblent
pour la plupart, sauf ceux se rapportant au recyclage de déchets et également à
la fabrication de biogaz. Est-ce l’effet révolution qui a fait que nos jeunes
pétrifiés, choqués par la situation de nos régions n’ont pensé qu’à des projets
utiles, facilement réalisables pour aider au plus vite des compatriotes dans le
besoin? Sans aucune ambition d’innover, de se distinguer?

Le challenge, dans ce genre d’entreprise, est de pouvoir transformer des idées
de projets en un véritable business pérenne et concret. Car créer un projet
utile sur le plan socio-économique et en même temps innovant sur le plan
technologique passerait pour un luxe pour des personnes qui ont oublié jusqu’au
goût du pain.