és dans le port de Marseille en raison du conflit social (Photo : Boris Horvat) |
[15/04/2011 16:01:51] PARIS (AFP) La signature vendredi d’une nouvelle convention collective régissant le travail dans les ports français va permettre l’entrée en vigueur de la totalité de la réforme de 2008, qui visait à relancer leur trafic, mais la reconquête de parts de marché en Europe sera longue.
De laborieuses négociations entre partenaires sociaux depuis trois ans ont été ponctuées par de nombreux mouvements de grève dans des établissements, qui ont aussi subi les contrecoups de la crise.
La réforme de 2008 a modifié la gouvernance des établissements, revu à la hausse les investissements et prévu une nouvelle organisation de la manutention, à l’origine de difficiles tractations.
D’ici quelques semaines, des personnels (grutiers, portiqueurs, etc.), jusqu’ici employés par les ports, vont rejoindre les dockers qui sont salariés du privé depuis 1992.
Cette unification de la manutention doit apporter de l’efficacité et les entreprises du secteur espèrent aujourd’hui pouvoir regagner en compétitivité.
“On devrait avoir une organisation infiniment plus efficace”, salue Xavier Galbrun, délégué général de l’Union des industries de la manutention dans les ports français (Unim).
Mais la relance des ports français prendra sans doute du temps.
En 2010, le trafic de marchandises est resté très inférieur aux niveaux d’avant crise avec un modeste rebond de 0,8% dans les grands ports (Dunkerque, Le Havre, Rouen, Nantes-Saint-Nazaire, Bordeaux, Marseille, La Rochelle) et à Calais.
Depuis trois ans, il y a eu un véritable “arrêt par la crise et les mouvements sociaux, qui n’aident pas au bon moral du système portuaire français”, juge Paul Tourret, directeur de l’Institut supérieur d’économie maritime de Nantes Saint-Nazaire.
Résultat de l’instabilité sociale, un certain nombre de chargements ont été détournés vers l’étranger.
“Des détournements de trafic vers les ports du nord – Anvers et Rotterdam – et du sud – Gênes et Barcelone – ont été assez dramatiques sur l’activité de nos adhérents”, déplore Patrick Bouchez, président-délégué général de la Fédération des entreprises de transport et logistique de France (TLF).
La premier port français, Marseille-Fos, a du coup reculé d’une place au classement européen et se situe désormais au cinquième rang, derrière Rotterdam, Anvers, Hambourg et Amsterdam, qui l’a devancé en 2010.
A Marseille, la direction du port estime qu’il faudra encore deux ans avant de retrouver le volume de 2008.
“2011 devrait être une année transition”, juge-t-on au grand port maritime du Havre, le deuxième port français. Le conflit à propos de la reconnaissance de la pénibilité de certains métiers, début 2011, y a entraîné une chute du trafic (-13%) au premier trimestre, plus prononcée encore (-18%) dans le domaine des conteneurs.
Le port espère que les opérateurs qui attendaient la fin du conflit pour investir vont s’engager pour aménager cinq postes à quai disponibles dans le nouveau port à conteneurs ouvert en 2007.
“On donne le système français à quelques entreprises qui ont consolidé le marché. Maintenant c’est à elles d’investir dans des grues, de rééquiper, d’aller chercher des clients…”, observe Paul Tourret.
Mais il faudra certainement “plusieurs années” avant un retour à la normale en France, car des chargeurs importants ont pris l’habitude de contourner l’Hexagone, selon TLF.
“On a en tête des précédents assez fâcheux: quand il y eu la grève très forte des dockers en 1992-93, on sait qu’un port comme Le Havre a mis sept ans à trouver des volumes de trafic comparables à avant la grève”, selon Patrick Bouchez.