Tunisie : Révolte des peuples arabes, le président Bill Clinton y avait pensé

« Je forme l’espoir de voir, prochainement, les peuples arabes descendre dans la
rue et se révolter non pas uniquement pour revendiquer l’édification d’un état
palestinien indépendant mais également -et surtout- pour réclamer, haut et fort,
un enseignement arabe de qualité, la liberté de presse, la démocratie et la
légitimité de leurs gouvernances. Un monde arabe, qui ne peut se préoccuper que
d’une seule problématique (ici la cause palestinienne) n’est pas, in fine, un
cadre approprié pour l’éducation de vos enfants».

C’est en ces termes que l’ancien président américain Bill Clinton avait conclu
la lettre qu’il avait adressé, au terme de son mandat, aux peuples arabes. Cette
lettre, transmise au journaliste-écrivain américain Thomas freedman, a été
publiée dans les journaux américain, londonien: Herald Tribune, Echark El
Awssatt. En Tunisie la lettre a été reproduite par le journal Echourouk.

Cette lettre est de nos jours d’une grande actualité et d’une grande pertinence.
Elle permet de jeter la lumière sur l’obscurantisme des dirigeants arabes et
d’expliquer, un tant soit peu, les révolutions que connaissent, actuellement, la
plupart des capitales arabes. Pour toutes ses raisons, Webmangercenter a jugé
utile d’en rappeler le contenu.

Expliquant son initiative, le président Clinton relève qu’après avoir essayé,
vainement, de convaincre les dirigeants arabes du bien fondé des valeurs et
exigences précitées, il avait décidé par cette missive de s’adresser directement
aux peuples arabes.

Il y déclare, notamment, avoir été désagréablement surpris par
l’hostilité-opposition-allergie structurelle des dirigeants arabes à tout ce qui
touche à la modernité, la démocratie, la mondialisation et la révolution
numérique.

Et Bill Clinton de rappeler à ces gouvernants: « Tout ce que vous voulez faire
avec Israel, c’est votre affaire mais ce que vous faites avec vos sociétés, pour
peu que ça continue, ne manquera pas de déstabiliser la région du Moyen Orient
toute entière ».

Concrètement, au plan politique, le Président Clinton reproche aux dirigeants
arabes leur tendance fâcheuse à museler de manière systématique la presse et à
asseoir leur légitimité non pas sur l’éducation, la prise de conscience et la
libre décision de leurs peuples mais sur l’incitation et l’entretien des
conflits inter-religieux et inter-ethniques.

Au plan économique, il estime que les gouvernants arabes n’ont rien fait, des
décennies durant, pour développer les échanges commerciaux entre leurs pays
(échanges qu’il qualifie de « dérisoires actuellement »). Ils sont également
enclins et à protéger excessivement leur industrie alors que les autres pays
s’emploient à développer des expertises industrielles exportables, à forte
valeur ajoutée et de haut niveau.

Toujours selon le Président américain, les dirigeants arabes sont enclins à ne
rien faire pour attirer l’investissement direct étranger et à entretenir, à cet
effet, le conflit israelo-arabe et une bureaucratie moyenâgeuse.

Conséquence selon lui : en cette période où les peuples s’ingénient à fabriquer
les puces électroniques les plus sophistiquées, les pays arabes continuent à se
contenter de couper et de cuisiner des frites.

Dans sa lettre, Il raconte que lorsqu’il demande aux dirigeants de pays arabes
comme l’Egypte et la Syrie pourquoi des pays comme la Corée du Sud et la Chine
sont parvenus à se hisser à des paliers de développement à des paliers de loin
supérieurs à ceux de leurs pays alors qu’ils étaient sur un pied d’égalité, au
début des années cinquante, ces gouvernants invoquent les guerres avec Israel et
l’impact d’une démographie galopante, omettant que ces deux pays du sud-est
asiatique étaient confrontés aux mêmes problèmes : une guerre intestine avec la
Corée du nord pour le premier et une démographie poussive pour le second.

Le Président Clinton s’en prend également aux intellectuels arabes qui, soucieux
de préserver leurs privilèges, n’ont jamais joué le rôle qui leur est dévolu
dans la critique des pouvoirs en place et la conscientisation de leurs opinions
publiques.

Ils voit dans ces intellectuels une sérieuse entrave à l’émancipation des
peuples arabes et l’émergence de générations créatives et ambitieuses, car ils
ont tendance à revendiquer, uniquement et en priorité, un leg passé (la gloire
de l’islam et des arabes) et à occulter les attributs de la modernité et du
nouveau monde.

L’ancien chef de l’exécutif américain pense que la défense de la souveraineté
arabe sur La mosquée d’El Aksa relève, certes, de la dignité de tout palestinien
arabe et musulman, mais l’option pour un enseignement de grande facture, pour
une économie ouverte génératrice d’emplois et de sources de revenue, et pour un
Etat de droit et des institutions, constitue également un attribut majeur de
cette même dignité.

En plus clair, il soutient qu’une société qui ne soucie que de ses racines et de
l’appropriation de ses racines n’a pas de perspectives d’avenir.