Tunisie : «Nombre d’entreprises étrangères nous sollicitent pour s’implanter à l’aéroport Enfidha», assure Ersel Goral, DG de TAV Tunisie

ersel-goral-tav-1.jpgPour gagner l’offre de concessionnaire de l’aéroport Enfidha, le groupe turc TAV avait présenté la meilleure offre financière de l’ordre de 500 millions d’euros dont 25% en fonds propres et 75% financés par des institutions financières internationales. Au bout d’une année, le groupe cédait 15% de ses parts à l’IFC, filiale de la Banque mondiale et 18% de ses parts au Fonds Panafricain de développement des infrastructures (PAIDF).

Quant à l’emploi des locaux, des 1.100 prévus initialement pour la première année d’exploitation, ils en sont aujourd’hui à 900 y compris les 31 expatriés turcs.

Comment les dirigeants de la compagnie TAV Tunisie évaluent la première année de mise en exploitation des aéroports Monastir et Enfidha dont ils comptent assurer la gestion jusqu’en 2047?

Réponses d’Ersel Goral, directeur général de TAV Tunisie.

Webmanagercenter: Avant d’aborder des thèmes plus récents, je voudrais vous poser une question à propos de l’emploi d’expertises turques dont les profils existent en Tunisie alors que la règlementation en vigueur l’interdit. Est-ce vrai ?


Ersel Goral:
Je vous répondrais en citant des chiffres. Le groupe TAV emploie 17.000 personnes de 14 nationalités de par le monde. Notre compagnie sœur TAV Construction emploie des cadres étrangers. Notre groupe emploie 31.000 personnes dans 9 pays différents.

Concernant TAV Tunisie, nous employons aujourd’hui 900 personnes à Enfidha et Monastir et ce dans toutes les sociétés du groupe, que ce soit dans l’exploitation de l’aéroport, le catering, la maintenance, l’informatique, ou encore la société chargée de la gestion commerciale de l’aéroport «TAV Operation». Seulement 31 expatriés turcs travaillent au sein de TAV Tunisie. Ce nombre d’expatriés sera réduit au fur et à mesure que les cadres tunisiens se formeront aux standards TAV et seront en mesure de prendre la relève.

Je voudrais profiter de votre question pour revenir à la période où l’aéroport était en construction et au mois de juillet 2009, précisément alors que les travaux de construction étaient à leur apogée. A l’époque, le nombre de nos employés était de 3.600 entre architectes, ingénieurs, et autres spécialités. 75% de ces employés étaient tunisiens.

Vous avez vendu un stock d’actions à une filiale du groupe Banque mondiale et un autre à une banque sud-africaine. Qu’est-ce qui a dicté ces décisions? Est-ce la volonté de récupérer une part de vos investissements ou plutôt de les sécuriser?

Non ce n’est pas la raison la plus importante. Au début, tout le capital investi dans les deux aéroports, Monastir et Enfidha, appartenaient au groupe TAV. Ensuite, nous avons été contactés par l’IFC, filière Banque mondiale pour acquérir une part de nos actions. C’est une grande preuve de confiance en notre groupe et dans le projet lui-même. Car ils croient en son avenir et en son importance pour le pays et la région. 15% ont été donc cédés à l’IFC, ensuite le Fonds panafricain de développement et d’investissement -qui appartient à l’Afrique du Sud- a postulé pour 18% de nos actions à TAV Tunisie, ce que nous lui avons accordé. Nous sommes, aujourd’hui, majoritaire à 67% et nous estimons que le fait d’être partenaires de deux groupes aussi importants représente pour nous un motif de fierté et prouve la solidité de l’image et de la position du groupe TAV à l’international.

Les deux offres émanant des deux instances étaient commercialement avantageuses et profitables pour nous, notre choix était donc dicté par un souci d’intérêt tout à fait commercial et d’image assez valorisante.

Pour revenir à l’aéroport Enfidha, vous êtes entrés en exploitation depuis une année, mais à ce jour, uniquement 500.000 passagers ont transité par cet aéroport. Ses capacités sont sous-exploitées. Estimez-vous qu’il faille s’y attendre dans une année de démarrage?

500.000 passagers pour cette première année alors que la capacité d’exploitation de cet aéroport est de 7 millions par an. Nous sommes largement en dessous de ses possibilités car il en est à 15% seulement. Ces performances seront bien entendu améliorées au fur et à mesure que les activités évolueront et que les secteurs du tourisme et du transport progresseront et à mesure que la Tunisie attirera plus de visiteurs touristiques, d’affaires ou autres.

L’Open Sky représenterait-il une opportunité supplémentaire pour vous?

Evidemment, nous attendons impatiemment la seconde moitié de 2011 pour voir comment les choses évolueront sur ce plan. Nous estimons que l’open sky sera un autre catalyseur pour le secteur du transport aérien en Tunisie.

Pour que les activités au sein de l’aéroport se développent, il faudrait que celui-ci soit plus accessible et qu’un certain nombre d’activités s’y greffent. Des commodités d’hébergement, de restauration ou de transport doivent y être aménagées. En un mot, il faut qu’il y ait une vie dans ses alentours. Avez-vous des plans sur ce plan?

Pour le moment, nous n’avons pas de problèmes de transport vers l’aéroport, peut-être quelques-uns en matière d’hébergement, j’en conviens. Le transport public dessert l’aéroport y compris les moyens de transports régionaux ou communaux. Très bientôt les taxis et les louages commenceront à y opérer. Evidemment nous serons heureux de discuter n’importe quelle proposition pour construire un hôtel aux alentours ou un site d’hébergement. Nous avons une grande étendue de terrain que nous pourrons aménager au besoin. En ce qui nous concerne, nous ne pouvons pas encore nous prononcer par rapport à cela car nous n’avons pas reçu de demandes.

Ceci étant, j’estime que le port d’eaux profondes Enfidha ainsi que sa zone industrielles laissent entrevoir des potentialités de développement importantes aussi bien pour la région que pour l’aéroport. La dynamique qui sera engendrée par ces nouveaux projets associés aux commodités offertes par l’aéroport suscite d’ores et déjà l’intérêt d’entreprises moyen-orientales et allemandes, entre autres.

On a entendu dire qu’il existerait quelques désaccords entre vous et Tunisair relatifs à la cherté des prestations de l’aéroport Enfidha. Que répondez-vous?

Ceci n’est pas vrai, les services au sol pour les avions et en assistance en escale ne sont pas plus coûteux que ceux d’autres aéroports internationaux; nous avons déjà signé un contrat avec Tunisair, il y a quelques mois, pour lui offrir des services handling aussi bien à Monastir qu’à Enfidha. Tunisair, nous a déjà informés que qu’elle s’implantera bientôt ici pour assister ses propres avions et nous n’avons aucun problème par rapport à cela.

Quelles sont vos prévisions pour 2011 en ce qui concerne Enfidha Aeroport ?

A ce jour, nous avons signé nombre de contrats avec des tours opérateurs et des compagnies aériennes. Nous avons des garanties pour qu’au moins 2 millions de passagers transitent par Enfidha dans un premier temps. Ce qui veut dire que nous ferons 4 fois les réalisations de 2010. Mais bien sûr, pour que l’aéroport fonctionne à plein régime, il faut que toutes les activités se développement et que sa commercialisation à l’international trouve écho, ce que nous nous attelons à faire.