Tunisie : Enfidha, un aéroport encore endormi!

aeroport-enfidha-1.jpg«Il faudrait prendre un autre avion pour pouvoir joindre la capitale à partir de l’aéroport d’Enfidha», a déclaré un collègue journaliste à l’occasion de la visite guidée à l’aéroport Enfidha qui éteignait mardi 30 novembre sa première bougie, faisant allusion aux 100 km qui séparent la capitale du site de l’aérodrome.

Un premier anniversaire, pour un méga investissement, lors duquel nous n’avons pas remarqué la présence de représentants du ministère du Transport, autorité de tutelle, laquelle, si elle y était, ne faisait rien pour se mettre en avant.

Et quoique Ersel Goral, directeur général de TAV Tunisie, beau joueur, n’a pas voulu relever la chose et a préféré évincer de manière subtile les questions insistantes des journalistes quant à l’inauguration officielle de l’aéroport ou l’absence de hauts responsables du ministère, déclarant qu’il y en avait quelques uns… On a du mal à admettre une omission aussi remarquable et remarquée.

Ceci étant, il faudrait admettre que traiter un événement aussi important avec autant de désinvolture reste incompréhensible pour nous sauf si des explications convaincantes nous parvenaient de qui de droit. Car il ne faut pas oublier que c’est la première de l’histoire de la Tunisie que notre gouvernement concède la réalisation et la gestion d’un aéroport  national à une entreprise privée étrangère.

L’aéroport d’Enfidha, annoncé à l’époque comme un investissement majeur pour le pays, a été pendant un bon bout de temps sur toutes les langues et toutes les lèvres. Sous les projecteurs aussi bien des médias que des partenaires tunisiens, l’aéroport était l’objet de tous les éloges. Il devrait desservir 7 millions de passagers par an dès qu’il deviendra pleinement opérationnel. En attendant, il termine cette année avec près de 500.000 passagers.

Pour le groupe turc qui  bénéficie d’une concession  jusqu’en 2047, pour avoir investi près de 500 millions d’euros dans une infrastructure aéroportuaire de haute facture et dotée des équipements et technologies les plus sophistiqués, le meilleur reste à venir. Car eux, ils croient en son avenir et pensent que c’est une question de temps avant qu’il ne démarre à pleins gaz. Reconnu par le ministère du Transport comme répondant aux normes techniques spécifiques aux aérodromes civils, le 23 septembre 2010, ses activités sont aujourd’hui axées sur les vols charters opérés par la compagnie aérienne nationale et d’autres telles Nouvelair, Brussels Airlines, Finnair, Jetairfly, Fly Niki ou Novair.

Grâce à son architecture futuriste offrant l’avantage d’être fonctionnelle avec quelque grains de fantaisie, telles des fresques de mosaïque dessinées sur le sol ou encore un plan d’eau visant à introduire une note écologique chaleureuse dans un décor glacial, l’on peut espérer que cet aéroport, open sky aidant, deviendra un pôle important en matière de liaisons aériennes.

Pour l’instant, il est relié à 45 aéroports internationaux,  dans 19 pays sur lesquels opèrent 30 compagnies aériennes. Toutefois, l’aéroport d’Enfidha qui répond comme précisé plus haut au must en matière de hautes technologies, d’espace et de fonctionnalité doit pouvoir être plus accessible pour être convoité.  La zone dans laquelle il est situé est déserte, aucune commodité en dehors de l’aéroport lui-même, pas de cafés, pas même une petite unité d’hébergement. Pas de transport rapide, en dehors des quelques bus qui le desservent de manière sporadique.

Comment créer un mouvement dans un aéroport autour duquel il n’y a pas de mouvement? Ersel Goral y croit.