Turbulences de la zone euro : l’Estonie sereine avant son adhésion

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ésident de la BCE Jean-Claude Trichet et le gouverneur de la Banque centrale estonienne Andres Lipstok (D) à Tallinn, le 20 septembre 2010 (Photo : RAIGO PAJULA)

[30/11/2010 08:51:19] TALLINN (AFP) Les turbulences de la zone euro, malmenée par la crise grecque puis irlandaise et les incertitudes qui pèsent sur le Portugal et l’Espagne, n’empêchent pas l’Estonie d’envisager avec sérénité l’adoption dans un mois de la monnaie européenne.

“Aucun pays n’est entièrement protégé des crises. Mais les crises qui ont frappé la Grèce et l’Irlande ne menacent pas l’Estonie, à condition qu’elle poursuive sa politique d’équilibre budgétaire et d’endettement faible”, a déclaré à l’AFP le ministre estonien de l’Economie, Juhan Parts.

Ancienne république soviétique, l’Estonie deviendra le 1er janvier le 17e membre de la zone euro. Ce sera le troisième pays ex-communiste à avoir adopté la monnaie commune après la Slovénie en 2007 et la Slovaquie en 2009.

Ce pays de 1,3 million d’habitants avait mérité le surnom de “tigre” balte grâce à une croissance économique sans précédent après son retour à l’indépendance de l’Union soviétique en 1991, avant de pâtir de la crise économique mondiale en 2008 et 2009.

Membre de l’Union européenne et de l’Otan depuis 2004, l’Estonie a obtenu en juillet le feu vert définitif pour adhérer à la zone euro et s’est vu fixer un taux de conversion de 15,6466 couronnes estoniennes pour un euro.

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évrier 2005 à Bruxelles (Photo : GERARD CERLES)

Pour passer à la monnaie européenne, un pays doit, selon les critères de Maastricht, maintenir son déficit des finances publiques sous le seuil de 3% du Produit intérieur brut (PIB).

Entre 2002 et 2007, l’Estonie avait enregistré des excédents budgétaires. Après que son PIB eut chuté de 14,1% en 2009, l’Estonie a fortement coupé ses dépenses publiques pour rester sous le seuil de Maastricht. Le déficit des finances publiques a alors atteint 1,7% du PIB. Cette année, le déficit devrait baisser à 1,3%, alors que le PIB devrait croître de 2,5%.

Le gouvernement de centre-droit estonien espère que le passage à l’euro renforcera l’économie de ce pays qui se remet d’une crise profonde.

“En plus d’être une marque de qualité et de confiance, ainsi qu’un attrait pour les investisseurs, l’euro lèvera à tout jamais le risque d’une dévaluation de la couronne qui était suspendu au-dessus de l’économie estonienne”, a déclaré le ministre Juhan Parts.

Cependant, selon un leader du mouvement Sauvons la couronne, Anti Poolamets, l’euro “est un grand problème” pour l’Estonie.

“La situation est étrange. Un petit pays nordique, que l’on a tant loué pour son budget équilibré et son refus de vivre au-delà de ses moyens, rejoint une union dont de nombreux membres se comportent de façon exactement contraire”, a-t-il déclaré.

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ération de police à Tallinn, le 2 novembre 2010, pour protéger les convois amenant l’euro de Finlande vers la banque centrale estonienne (Photo : Raigo Pajula)

“L’Estonie commencera à payer pour des pays tels que l’Irlande qui ne doivent en vouloir qu’à eux-mêmes pour leurs malheurs financiers”, a-t-il ajouté.

Les Estoniens se déclarent majoritairement favorables à l’euro. Selon un sondage réalisée pour le gouvernement par l’institut Faktum and Ariko, 54% veulent passer à la monnaie commune le 1e janvier, alors que 36% y sont opposés et 10% n’ont pas d’opinion. Cette enquête a été effectuée du 8 au 15 novembre auprès de 502 personnes, avec une marge d’erreur de 4%.

Un sondage du même institut révélait en octobre 49% d’avis positifs et 40% d’avis négatifs.

Malgré ce soutien, 72% des Estoniens craignent que le passage à l’euro s’accompagne des hausses de prix.

Pour aider les Estoniens à passer le cap du 1er janvier, le gouvernement a déjà envoyé dans leurs foyers près de 570.000 calculettes de conversion.