Des risques juridiques liés aux OGM sapent les résultats du groupe Bayer

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à Berlin (Photo : John Macdougall)

[28/10/2010 10:14:12] FRANCFORT (AFP) Le groupe de chimie et pharmacie allemand Bayer a mis de côté 436 millions d’euros de provisions pour des risques juridiques liés à un riz génétiquement modifié et à ses pilules contraceptives, écornant des résultats plutôt flatteurs.

Au troisième trimestre, le bénéfice net de Bayer a atteint 280 millions d’euros (+12,4%) pour un chiffre d’affaires meilleur qu’escompté puisqu’en nette hausse de 16,1% à 8,58 milliards d’euros. La contre-performance sur le bénéfice net est “principalement liée” à la provision de 436 millions d’euros pour des risques juridiques aux Etats-Unis, a relevé Karl-Heinz Scheunemann, analyste chez LBBW.

Près de 90% de cette somme doit permettre de trouver des accords avec 9.000 cultivateurs et négociants en riz américains, qui s’estiment indirectement lésés par Bayer. Ils jugent avoir fait les frais de restrictions à l’importation mises en place en 2006 par l’Union européenne après la découverte d’OGM provenant d’une expérience menée jusqu’en 2001 par la branche phytosanitaire du français Aventis, ensuite rachetée par Bayer, dans du riz américain.

Ces plants de riz LL601 avaient contaminé des cultures traditionnelles.

Le groupe a déjà été condamné dans cette affaire en première instance à payer 48 millions de dollars.

Le reste de la provision doit couvrir des frais d’avocats pour se défendre face à 4.800 plaintes concernant la pilule contraceptive Yaz/Jasmine, l’un de ses médicaments phares, que des milliers d’Américaines accusent d’augmenter les risques de thrombose.

Le nombre de plaintes “continue d’augmenter”, ce qui a conduit Bayer à mettre davantage d’argent de côté, a précisé le directeur financier Werner Baumann lors d’une conférence téléphonique.

Les ventes de Yaz souffrent par ailleurs de la concurrence des génériques.

Hors provisions, le groupe, l’un des derniers géants présents à la fois dans la chimie et la pharmacie, a présenté des résultats flatteurs, aidés par des effets de change positifs.

Bayer, inventeur de l’aspirine, ne prévoit pas pour autant d’augmenter dans l’immédiat ses salariés, dont nombre ont été placés en chômage partiel pendant la crise, ce qui a permis à l’entreprise de limiter la casse.

“La situation dans notre secteur est fondamentalement différente de celles d’autres industries”, a déclaré M. Baumann, alors que l’équipementier Bosch a annoncé mercredi une augmentation pour “remercier” ses employés de leurs sacrifices et que les revendications salariales montent en Allemagne.

Dans le détail, la branche chimie a continué de profiter de la reprise mondiale et a pu “nettement augmenter” ses prix de vente, mais la pharmacie a fait moins bien avec un recul du bénéfice d’exploitation avant exceptionnels de 3,2% à 762 millions d’euros.

Bayer a conservé ses objectifs annuels d’une croissance du chiffre d’affaires avant exceptionnels de plus de 5%, par rapport à une année 2009 lourdement marquée par la crise, et d’une hausse de l’Ebitda avant exceptionnels à plus de 7 milliards d’euros.

L’action Bayer a plutôt bien réagi et prenait 0,75% à 55,29 euros vers 08H55 GMT, le Dax progressant de 0,47%.