Tunisie-Antiquité : Lorsque la Tunisie était le grenier à blé de Rome

batteuse-320.jpgLe premier article consacré au Tome I de l’Histoire Générale de la Tunisie portant sur l’Antiquité s’est attaché à présenter la préhistoire et la civilisation punique (carthaginoise). Dans ce deuxième article, le propos concerne les périodes romaine, vandale et byzantine… jusqu’à l’arrivée des premiers cavaliers arabes en 647.

La période romaine s’étend sur 585 ans : de la destruction de l’empire carthaginois par Scipion Emilien (146 avant J.-C.) jusqu’à ce que Genséric, chef des Vandales, s’empare de Carthage (439). Une période considérée par les historiens comme une période économiquement faste. Les légions romaines ayant pacifié le pays en mettant en déroute notamment les révoltes berbères, le pays comme on le dit s’est mis au travail.

Le Premier Tome de l’Histoire Générale de la Tunisie sur l’Antiquité nous convainc de la vigueur de l’économie à la période romaine. Agriculture, industrie, artisanat, habitat et bâtiment,… : la Tunisie a été à la période romaine championne partout.

L’ouvrage nous fait visiter certains vestiges de ce passé. Comme les officines de salaison de poisson et de fabrication de garum de Neapolis (Nabeul) ; le garum est une liqueur largement appréciée à la période humaine. Ou encore l’aqueduc de Zaghouan qui a drainé l’eau du Jebel Zaghouan jusqu’à Carthage. Un aqueduc long de 132 Km construit du règne de l’empereur Hadrien (117-138 de notre ère) et qui déversait 32.000 m3 par jour.

La carte économique de la Tunisie à la période romaine, présentée dans l’ouvrage, apporte un éclairage certain sur la diversité de l’économie de cette époque. Culture de l’olivier à l’Est (régions du Cap Bon, du Sahel et du Golfe de Gabès), mais aussi à l’Ouest (régions de Béja, du Kef, de Sidi Bouzid et Sbeïtla) ; culture de la céramique dans la région d’El Jem, Tébourba, de Sidi Bou Zid ou encore à Sidi Aïch.

Le Premier Tome de l’Histoire Générale de la Tunisie nous présente, dans cet ordre d’idées, les installations d’huilerie de Sbeïtla. Des installations qui ont inauguré des techniques encore adoptées aujourd’hui. On y retrouve, entre autres, le même «arbre de presse» et le même «axe central fixant la meule broyant les olives».

Une influence qui rayonne encore sur tout l’Occident

Une activité économique qui a largement bénéficié d’un réseau routier des plus denses. Qui n’a rien à envier, au niveau de tracé, à celui qui a cours aujourd’hui. Un réseau constitué de plusieurs axes qui allaient à partir de Carthage jusqu’à Tripoli et à Annaba. Bien plus, les Romains avaient conservé intactes les voies du commerce avec l’Afrique sub-saharienne, introduites par les Puniques.

Certaines mosaïques comme celle du Seigneur Julius, trouvée à Carthage en 1921 et exposée au Musée national du Bardo, donne toute la démonstration de l’importance occupée par l’agriculture à la période romaine. On y découvre les variétés offertes par les quatre saisons dont le blé. Un blé qui avait distingué la Tunisie que l’on présentait souvent comme le grenier à blé de Rome.

Le livre évoque largement la vie religieuse de la Tunisie romaine qui a été à une époque un centre, sinon le centre nerveux de la religion chrétienne. Le rôle joué par des prêtres de premier plan n’est plus à démontrer. Leur influence rayonne encore sur tout l’Occident, selon nombre de spécialistes. Ils ont pour nom Tertullien, qui a traduit la Bible du grec à la langue latine, Saint-Augustin, auteur de nombreux ouvrages de référence et qui a combattu toutes les hérésies, ou encore Saint-Cyprien mort en martyr.

Genséric installe les Vandales en Tunisie en 439. Le royaume vandale est vite attaqué par les Byzantins (533) qui rêvait de reconstituer l’empire romain. Mais c’était sans compter la volonté des Arabes de faire gagner à l’islam un pays (la Tunisie) qui se trouvait dans le prolongement de l’Egypte et de la Libye. Menée depuis 647, la conquête arabe prend fin en 698 lorsque Hassan Ibn Noaman met fin à la révolte des Berbères.

«La Tunisie était maintenant conquise par un peuple (les Arabes) et une religion (l’islam), qui devaient marquer, d’une façon décisive, le cours ultérieur de son histoire», soulignent à la fin de l’ouvrage les quatre auteurs du Premier Tome de l’Histoire Générale de la Tunisie consacré à l’Antiquité, Hédi Slim, Ammar mahjoubi, Khaled belkhoja et Abdelmajid Ennabli.

Un cours que l’on s’attachera à vous présenter bientôt à travers les trois autres tomes de l’Histoire Générale de la Tunisie.