Tunisie : En Méditerranée, les énergies propres ont un enjeu technologique

Par : Autres

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Desertec, PSM, Transgreen… ce sont les appellations de quelques programmes européens de production d’énergie renouvelable que les responsables de l’Union européenne et des principaux pays qui la composent viennent, à tour de rôle, promouvoir dans les pays du Maghreb. Notre pays, qui n’est pas en reste pour concevoir des plans d’apparence similaires, voient dans notre Sahara un gisement inépuisable d’énergie propre et dans l’Union européenne le marché d’avenir pour ces ressources écologiques.

Qu’en est-il vraiment ?

Selon la revue tunisienne «L’ENERGIE» qui cite des experts européens, «une surface de 300 km² au Sahara, équipée de miroirs paraboliques, suffirait théoriquement à couvrir les besoins en énergie de la planète entière».

Forte de cette constatation, une initiative industrielle allemande s’est développée en s’appuyant sur le projet DESERTEC conçu par le Club de Rome qui est une organisation non gouvernementale agissante dans le développement durable.

D’un coût estimé à 400 milliards d’euros, le projet consiste à convertir le soleil de notre Sahara en électricité par la construction de centrales solaires géantes et couvrir 15% des besoins énergétiques européens d’ici 2025, les premières livraisons devraient s’effectuer en 2020.

Quant au Plan solaire méditerranéen «PSM», il tend à impliquer un nombre plus important de pays et vise à promouvoir toutes les formes d’énergie alternative tels que le photovoltaïque et l’éolien, comme il incite à l’efficacité énergétique puisqu’il prévoit 20% d’économie d’énergie en 2020 par rapport à 2005. Ce plan devra permettre la production de 20 gigawatts en 2020.

Les estimations des investissements prévus par le PSM sont de l’ordre de 42 milliards d’euros dont 8 milliards pour le transport.

Les deux plans sont en quelque sorte complémentaires et devront utiliser les installations prévues dans le projet du transport de l’électricité TRANSGREEN qui devra relier, par liaisons sous-marines, les deux rives de la Méditerranée.

L’ensemble de ces plans devra être financé par le secteur privé, ce qui a amené un ministre français à déclarer :«le PSM est un financement privé pour une utilité publique».

Pour récapituler, on peut dire que l’Europe s’est dotée du Plan solaire méditerranéen pour asseoir une stratégie de production de l’énergie propre et invite l’ensemble des pays de la rive sud à y adhérer. En Tunisie, les pouvoirs politiques, dont l’ambition est d’assurer les besoins énergétiques du pays pour les décades à venir, ont confectionné le Plan solaire tunisien «PST» qui, selon les sources officielles, «intègre l’ensemble des domaines de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables selon la démarche adoptée par le Plan solaire méditerranéen».

Le Plan tunisien prévoit la réalisation de 40 projets :

– 6 projets par le secteur public dont 3 par la STEG,

– 29 projets par le secteur privé,

– 5 projets sont relatifs aux études et la mise en œuvre du plan qui seront financés par la coopération internationale.

Le PST couvre la période 2010-2016 et prévoit des investissements de l’ordre de 2000 millions d’euros dont 1.390 par le secteur privé. Il semble que tous les pays du nord et du sud de la Méditerranée se serrent les coudes et affichent une solidarité sans faille…. Pour la production de l’électricité propre de demain : pour la production seulement et non pour les recherches qui devront aboutir à la mise au point du process de production.

Or, les plans dont on vient d’évoquer les contenus ne sont que l’aboutissement de recherches scientifiques et technologiques soutenues par des structures mises en place par les autorités européennes et qui doivent assurer sans doute la suprématie technologique du Vieux Continent sur le reste des pays de la Méditerranée.

L’Europe s’appuie par exemple sur l’Alliance européenne sur la recherche en énergie «EERA» pour donner plus d’efficience à la recherche scientifique. On retrouve une structure analogue dans chaque pays européen. Ainsi en France, par exemple, il existe l’Alliance nationale de coordination de recherche pour l’énergie.

Signalons enfin que l’Europe a initié depuis 2007 un plan énergétique européen sur les technologies énergétiques, le «plan SET».

Tout le monde –surtout de la rive sud de la Méditerranée- aura remarqué que les responsables européens ne manifestent pas une grande vigueur quand il s’agit de parler de transfert de technologie ; les propositions n’abondent pas pour faire intégrer nos universités et nos structures de recherches dans les réseaux scientifiques européens.

A l’heure où on parle de «nouvelles technologie de l’énergie», il serait sage, de la part des autorités européennes, d’éviter de créer une fracture technologique entre les deux rives de la Méditerranée. En effet, les innovations technologiques sont les moteurs de la croissance et du développement de demain, et si l’Europe ambitionne d’assurer un approvisionnement stable et durable en énergie solaire, il faudrait sans doute qu’elle crée les conditions de partage du savoir-faire.

En Tunisie, les autorités, conscientes que les enjeux technologiques sont aussi importants que les enjeux économiques, ont maillé le territoire de pôles technologiques et de compétitivité qui concentrent sur un espace bien défini des structures de production et de recherche dans différents domaines.

Pour ce qui concerne l’énergie, c’est le pôle de Borj Cedria qui devra piloter la recherche scientifique et les initiatives industrielles. Enfin, signalons que c’est le gouvernement japonais qui a alloué un don de 95 millions de dollars pour aider à la construction et à l’équipement des laboratoires et a mis des bourses d’étude à la disposition des chercheurs tunisiens à Borj Cedria

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