Procès de Jean-Marie Messier : le tribunal examine la question du parachute doré

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à la sortie du tribunal le 2 juin 2010 à Paris (Photo : Bertrand Langlois)

[03/06/2010 06:05:47] PARIS (AFP) Le parachute doré de 20,5 millions d’euros négocié par Jean-Marie Messier au moment de son éviction de la direction de Vivendi Universal constitue-t-il un abus de biens sociaux ? C’est la question qu’examinera aujourd’hui le tribunal correctionnel de Paris au deuxième jour du procès de “J2M”.

Mercredi, au premier jour de son procès pour des malversations présumées dans la gestion de la société, l’ancien PDG de Vivendi Universal (VU) a choisi la réserve, mâtinée d’autocritique pour ses “erreurs” dans la conduite du groupe de communication.

“J2M”, 53 ans, autrefois raillé pour son goût immodéré des médias, a soigneusement évité la presse à son arrivée, comme à son départ du tribunal correctionnel de Paris au terme de l’audience, en milieu de journée. L’ancienne star du CAC 40 doit répondre, aux côtés de six autres prévenus, de trois chefs de poursuite : diffusion d’informations fausses ou trompeuses, manipulations de cours, abus de biens sociaux.

Il encourt en théorie jusqu’à cinq années de prison et de fortes amendes, mais la procureure Chantal de Leyris a déjà annoncé qu’elle soutiendrait les réquisitions générales de non-lieu qu’avait prises le parquet à l’issue de l’instruction.

Jean-Marie Messier a d’ailleurs spontanément fait allusion à ses “excès” en matière de communication lorsqu’il était au faîte de sa gloire à la tête de VU, au début des années 2000. Des excès qui ont confiné à la “provocation”, a-t-il reconnu devant la tribunal.

Ce n’est d’ailleurs pas le seul sujet sur lequel l’ancien patron a fait son mea-culpa à l’ouverture du procès devant la 11e chambre du tribunal correctionnel. L’ancien patron a également reconnu avoir commis des erreurs stratégiques dans la conduite du groupe mais cherché des circonstances atténuantes dans un contexte interne et externe difficile. “En jetant un regard en arrière, certaines décisions que j’ai pu prendre, que nous avons pu prendre, n’étaient pas les meilleures. J’ai certainement commis des erreurs”, a-t-il admis.

Mais, “j’ai toujours, au moment où j’ai pris les décisions, avec les éléments que j’avais, essayé de les prendre en fonction de l’intérêt de la société”, a-t-il plaidé.

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ès des anciens responsables de Vivendi (Photo : Bertrand Langlois)

Jean-Marie Messier est notamment sur la sellette pour avoir mené au début des années 2000 une stratégie de cessions et d’acquisitions qualifiée par ses détracteurs de “folie des grandeurs” ayant mené le groupe au bord du gouffre.

Il a expliqué au tribunal qu’à ses yeux la constitution d’un groupe mondial basé sur l’idée d’une future convergence entre les instruments de communication et les contenus était pertinente mais trop précoce pour les moyens technologiques de l’époque.

Il s’est également attaché à décrire comment, “dans une sorte d’orage parfait”, un ensemble d’événements internes et externes au groupe avaient freiné ses ambitions.

Jean-Marie Messier a notamment mis en cause les attentats du 11 septembre, le scandale Enron, l’éclatement de la bulle internet, le comportement des agences de notation, ainsi que, au sein de Vivendi, des dissensions entre les clans d’actionnaires français et américains.

En juillet 2002, les marchés avaient découvert que VU ployait sous une dette de 35 milliards d’euros et son PDG avait été contraint à la démission. Le cours de l’action s’était effondrée.

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ésident de l’Appac (Association des petits porteurs actifs), le 2 juin 2010 à Paris (Photo : Bertrand Langlois)

Floués, des centaines de petits actionnaires s’étaient regroupés pour déposer plainte, en France comme aux Etat-Unis. Mercredi, avant le début de l’audience, l’un de leurs représentants a expliqué n’être “pas là pour mettre la tête de M. Messier sur une pique” mais “pour obtenir une juste réparation de notre préjudice”.

Pour Didier Cornardeau, président de l’Appac (Association des petits porteurs actifs), l’enjeu du dossier va bien au-delà du cas Vivendi : “Ce qui est en jeu, c’est la sécurité des marchés boursiers et celle des actionnaires sur ce marché. Les actionnaires sont prêts à prendre des risques mais pas à être trompés”.